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du 09 au 12 février 2014 (semaine 07)
 

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12 février 2014 -
IL Y A UN AN, LA DÉCISION DE BENOÎT XVI

Les études et les articles de presse ne manquent pas pour commenter
le geste de Benoît XVI annonçant cette renonciation qui a bouleversé l’Église 11 février 2013, à 11 h 35, en un geste inédit dans la papauté moderne.

Par cette décision, Benoît XVI a ancré Vatican II dans la véritable Tradition de l’Église. Le successeur de Pierre n'est pas le chef d'une ONG, comme dit le Pape François, il est, parmi les apôtres, celui dont la mission est de "confirmer, d'affermir, la foi de ses frères."

Cette renonciation ne se comprend qu’à la lumière de l’ensemble du pontificat du pape Ratzinger. Impossible, en quelques lignes de résumer comment Benoît XVI a marqué l’Église, par sa pensée, sa théologie, sa spiritualité. Un an après, apparaissent les causes de cette décision humble et lucide par cette réponse qui n'est pas liée à un épuisement physique, mais à un sentiment de l'attente du Seigneur face à la masse des problèmes à gérer par le successeur de Pierre.

La Papauté n'est pas une charge au somment d'une structure hiérarchique, mais un service qui ne peut entraver la marche évangélique de l'Église, selon la concption même développée par Vatican II.

Le sucesseur de Pierre doit être "apte à exercer adéquatement le ministère pétrinien", déclare avec humilité Benoît XVI.

Ce lundi 11 février 2013 est jour férié au Vatican. Benoît XVI a prévu de réunir un consistoire ordinaire pour la création de nouveaux saints. Une quarantaine de cardinaux, en habit de chœur, doivent participer à cet acte liturgique.

Aucun éclair, aucune rumeur n’a annoncé le coup de tonnerre qui va se produire. Devant ses cardinaux éberlués, s’exprimant en latin de sa voix douce, Benoît XVI annonce officiellement sa renonciation, fixée par lui au 28 février à 20 heures.

Le motif : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. »

Un cri jaillit dans la Salle de presse du Saint-Siège, quasi déserte, qui doit fermer ce jour-là à 13 heures. Giovanna Chiri, journaliste italienne et latinophone de l’agence Ansa, a cru mal entendre. Le temps d’écouter l’enregistrement et de décrypter le latin lu, à mi-voix et avec l’accent allemand, par le pape Ratzinger, l’incrédulité cède la place à la fébrilité.

Et dès le lendemain, 6 000 journalistes du monde entier déboulent au Vatican, plus impressionnés par une telle décision que par toute ce qu'elle révèle du ministère pétrinien dont Benoît XVI venait de dire la véritable nature.

Le pape n’avait pas paru plus fatigué que d’habitude, le 8 février au matin, recevant Michel Barnier, ou l’après-midi, face à « ses » 190 séminaristes du Latran, ou encore le 9 février, à Saint-Pierre, devant 9 000 chevaliers de l’ordre de Malte, et enfin à l’Angélus du 10 février.

Même si, loin des caméras, il s’aidait d’une canne, il n’avait jamais donné, selon ses proches, aucun signe de dépression.

Il s’est donc agi d’une renonciation préméditée, en toute liberté et en pleine connaissance de cause. En plus d'une décision évangélique, il a pesé en théologien précis, chaque mot de sa déclaration pour qu’elle soit valide, selon l’article 332 (§2) du Code de droit canonique. Il y faut la liberté et le caractère public de l’annonce. D’où le choix du lieu, dans la salle du Consistoire, devant « ses » cardinaux assemblés.

Dans son livre "Lumière du monde" (Bayard Éditions, 2011), répondant au journaliste allemand Peter Seewald, le pape avait clairement envisagé sa renonciation. Lors de son voyage en Allemagne, fin septembre 2011, les propos en ce sens de son frère, Mgr Georg Ratzinger, avaient allumé les passions des confrères italiens. Et, fin 2012, beaucoup à Rome avaient eu le sentiment que « Benoît XVI avait mis ses affaires en ordre ».

À travers l’Année de la foi, le Synode pour la nouvelle évangélisation, le 50e anniversaire du concile Vatican II, la porte fermée aux lefebvristes et, surtout, la convocation, le 24 novembre, d’un mini-consistoire non européen pour un futur conclave à « taux plein » (120 électeurs), Benoît XVI avait voulu léguer à son successeur une Église autant que possible en ordre de marche.

Lorsqu’il s’était rendu dans les Abruzzes, le 3 mai 2009, après le séisme de L’Aquila, le pape s’était incliné devant la dépouille de Célestin V, le seul pontife dans l’histoire de l’Église à avoir démissionné librement. C’était en 1294. Benoît XVI avait déposé sur la châsse de verre son propre pallium, signe de son ministère pétrinien.

Nullement dépressif, Benoît XVI était physiquement épuisé. Observation confirmée par l’ancien théologien de Jean-Paul II, le cardinal dominicain suisse Georges Cottier, âgé de 92 ans : « Il a pris conscience de l’énormité des problèmes qui se posaient. Son charisme de théologien ne portait pas sur les décisions pratiques. Mesurant sa fragilité physique, il a pris sa décision, digne et sage, mûrie dans la prière. Elle n’est ni un coup de tête ni un coup de découragement. » , une décision d'une humilité profonde et lucide au service de Celui qui lui a remis les clefs de l'Église. (source : FPIC)


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