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du 16 au 19 février 2014 (semaine 08)
 

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19 février 2014 - Centrafrique
LE CYCLE INFERNAL DE LA HAINE ET DE LA VENGEANCE


La situation est celle d'un cycle infernal de représailles et de contre-représailles, dans lesquelles les civils - chrétiens et musulmans - deviennent les victimes des anti-balaka et des Séléka, entraînant des déplacements massifs de populations.

La nouvelle présidente de transition Catherine Samba Panza a promis de leur "faire la guerre", en dénonçant le dévoiement de leur combat originel, la protection de leurs villages et de leurs familles.

La violence, la haine et l’instabilité sont une conséquence directe de la crise des droits humains qui a débuté en décembre 2012, lorsque la Séléka, très majoritairement musulmane, a lancé une offensive armée qui s’est terminée par la prise du pouvoir en mars 2013, indique Amnesty International.

A la tête du pays pendant près de 10 mois, les forces de la Séléka ont commis des massacres, des viols, des actes de torture, des exécutions extrajudiciaires et des pillages. Elles ont incendié et détruit de nombreux villages chrétiens.

Le pouvoir déclinant des forces de la Séléka n’a en rien diminué leur brutalité lorsqu’elles se sont retirées. Même avec une capacité de mouvement et des moyens opérationnels fortement entravés, les membres de la Séléka ont poursuivi les attaques violentes contre les civils chrétiens et leurs biens. Des membres armés de communautés musulmanes, agissant indépendamment ou aux côtés de la Séléka, se sont également livrés à des attaques de grande ampleur contre des civils chrétiens.

Lorsque la Séléka s’est retirée, les forces internationales ont laissé les milices anti-balaka prendre le contrôle du pays, ville après ville. Les violences et l’expulsion forcée des communautés musulmanes étaient prévisibles.

Les milices anti-balaka, (contre la Séléka) s'étaient formées à l'origine pour se défendre contre les exactions des combattants majoritairement musulmans de la Séléka. C'étaient des paysans chrétiens de l'ouest de la Centrafrique qui sont devenus en quelques mois une nébuleuse qui se caractérise, à son tour, par des crimes visant même les civils muslulmans.

A Bangui comme en province, leur «combat» change de nature. Plus question d'auto-défense, il s'agit de s'en prendre aux civils musulmans - Centrafricains et étrangers - bien souvent pour les dépouiller.

Des escouades de pillards se mêlent aux anti-balaka. Qui est leur chef ? Quel est leur message politique ? Quelle est leur chaîne de commandement?", déclare le général Soriano: "Personne ne sait rien. C'est une nébuleuse, on est incapable de mettre un vrai visage".

Désormais, des chefs anti-balaka demandent à être cantonnés, première étape à l'intégration à un futur programme de Démobilisation, Désarmement, Réinsertion (DDR), avec à la clé une prise en charge financière, très recherchée dans un pays dévasté et parmi les plus pauvres du continent.

L'armée française a fermé la porte à cette éventualité. "Les cantonner, ce serait leur donner une légitimité qu'ils n'ont pas, ce serait leur donner la possibilité de devenir une force qu'ils ne sont pas", selon le général Soriano.

Rappelons ce qu'a dit l'archevêque de Bangui : "« Ceux qui se proclament chrétiens et appartiennent aux milices antibalaka ne doivent pas croire être cohérents avec leur foi. Il n’est pas possible de se dire chrétien et de tuer son frère, de le brûler, de le détruire.».

C’est en ces termes que Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, condamne avec force, dans un entretien accordé à Radio Vatican, les actions des milices antibalaka, souvent décrites comme « chrétiennes », responsables de violences à l’encontre des musulmans, violences qui ont contraint des milliers de personnes à s’enfuir. (source : AP)


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