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22 février 2014 -
LE NOUVEAU COLLÈGE DES CARDINAUX

Par la promotion de 19 nouveaux cardinaux qui ont été créés samedi matin, l'Église catholique n'aura plus tout à fait le même visage. Pour la première fois de son histoire, les cardinaux européens n'auront plus la majorité en cas de conclave.

Ils seront à stricte égalité avec ceux du reste du monde. Pour élire un pape, ils seraient ainsi 122 âgés de moins de 80 ans en droit de le faire, dont 61 cardinaux du Sud et d'Amérique du Nord pour 61 cardinaux européens. Bien sûr, en cas de vote, les alliances cardinalices n'obéissent aucunement à une discipline continentale, mais plutôt à des courants. En attendant, ce tournant est très significatif.

L'heure est donc historique pour l'Église catholique, car le pouvoir de décision est toujours resté européen pour ne pas dire italien. C'est cette domination européenne que le vent de l'histoire qui a porté l'élection de ce pape argentin vient aujourd'hui balayer.

Ce n'est qu'un début, mais la tendance est irrémédiable. C'est aussi la première fois dans l'histoire que dans une promotion de nouveaux cardinaux, ceux qui sont issus du Sud, sont plus nombreux que ceux du Nord (Amérique du Nord et Europe).

Il faudra encore du temps pour que les deux tiers des catholiques du monde qui vivent dans les pays du Sud soient mieux représentés dans le sénat de l'Église, où ils ne pèsent en fait qu'un tiers des cardinaux.

L'écrasante majorité de décision est toujours détenue par l'Europe et l'Amérique du Nord. C'est l'un des défis du pape François. Il s'y emploie activement comme le démontrent les choix qu'il a opérés pour sélectionner «ses» premiers cardinaux.

Neuf des seize nouveaux prélats électeurs viennent ainsi de pays non occidentaux: il y a cinq Latino-Américains (Argentine, Chili, Brésil, Haïti, Nicaragua), deux Africains (Côte d'Ivoire, Burkina Faso) et deux Asiatiques (Corée du Sud et Philippines).

Le Pape n'a toutefois pas pu faire moins que de nommer quatre Italiens, un Allemand, un Britannique, un Canadien, mais il n'a retenu personne des États-Unis.

La prime a été donnée, en fait, à l'Amérique latine, car quatre des six Européens sont des nominations «automatiques» en raison de fonctions de niveau ministériel occupées au Saint-Siège. Mais en fait, ils ont chacun une expérience et une culture fortement marquée par l'Amérique latine. Trois sont italiens sans doute, mais ils ont longuement vécu chacun pour le service diplomatique du Saint-Siège dans plusieurs pays d'Amérique latine.

Le nouveau secrétaire d'État, Mgr Pietro Parolin a vécu au Mexique et au Venezuela, Mgr Beniamino Stella, préfet de la Congrégation pour le clergé est passé par la République dominicaine, Cuba et la Colombie, Mgr Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du Synode des évêques a été en poste au Guatemala, au Paraguay et au Brésil.

C'est le vent du Sud qui souffle sur l'Église catholique. Le benjamin des cardinaux, le souriant Luis Antonio Tagle, 56 ans, s'en réjouit. Son pays, les Philippines va doubler le nombre de ses cardinaux! Ils seront désormais… deux! «J'étais le seul cardinal, constate-t-il, alors que les Philippines comptent autant de catholiques que les États-Unis et l'Italie.» Deux pays qui totalisent effectivement 70 cardinaux…(source : FPIC)

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