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du 26 février au 1 mars 2014 (semaine 09)
 

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1 mars 2014 -
UN CONSENSUS ET UNE DÉMARCHE DE DEUX ANS

La famille a été l’unique sujet à l’ordre de ces deux jours de discussion à huis clos, au regret de certains cardinaux, parmi les 150 qui étaient convoqués pour ce consistoire extraordinaire, les 20 et 21 février..

« La famille aujourd’hui est dépréciée, elle est maltraitée, et ce qui nous est demandé, c’est de reconnaître combien il est beau, vrai et bon de former une famille, d’être une famille aujourd’hui ; combien c’est indispensable pour la vie du monde, pour l’avenir de l’humanité », a justifié le Pape dans son adresse ouvrant le consistoire, demandant aux cardinaux de chercher « la pastorale que nous devons mettre en œuvre dans les conditions actuelles ».

Entre vérité et charité, entre le droit canon et la souplesse pastorale de son respect, entre fidélité à la parole du Christ et à la miséricorde de Dieu, la question des divorcés remariés, même si elle reste très occidentale, cristallise les tiraillements de l’Église, devenant un casse-tête juridique et un crève-cœur pastoral.

Les cardinaux quittaient la salle de réunion du Vatican vendredi soir sans cacher leur impression d’être encore devant une « nébuleuse », selon l’expression de l’un d’eux parlant aussi de « crise ». « Nous sommes au seuil d’un chemin de patience », résume le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich. De fait, comme l’a rappelé le pape François en conclusion, ce consistoire sur la famille s’inscrit dans une démarche de deux ans sur ce thème, jalonnée de deux synodes, au terme desquels il devra prendre une décision.

Il ne s'agit pas d’une négociation technique entre parties devant déboucher sur un compromis, mais d’avancer selon le discernement cher au Pape qui veut épargner un déchirement au sein de l’Église catholique sur cette question. Son souci d’associer les sensibilités de divers continents se retrouve dans son choix des trois cardinaux pour présider le Synode d’octobre prochain sur la pastorale familiale : André Vingt-Trois, archevêque de Paris, Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille (Philippines) et Raymundo Damasceno Assis, archevêque d’Aparecida (Brésil).

Il faut que les cardinaux « trouvent un consensus, non un compromis sur la question », a aussi appuyé le cardinal Walter Kasper dans un entretien au quotidien Il Messaggero, vendredi. C’est lui qui a ouvert le consistoire, à la demande du pape. Le cardinal Marx lui avait conseillé de faire appel à ce théologien allemand respecté de 80 ans, coauteur d’un texte ouvert à l’accueil des divorcés remariés publié en 1993 outre-Rhin. Cette fois, au cours d’un exposé de deux heures devant les cardinaux, Walter Kasper a évoqué leur réadmission au terme d’un chemin de pénitence.

Le chaleureux hommage public du pape, le lendemain, à l’intervention du cardinal allemand laisse entendre que celle-ci est loin d’avoir convaincu ses pairs. Faciliter les actes de nullité du mariage, objet de fréquents recours aux États-Unis, semble encore moins faire consensus, plusieurs jugeant cette solution hypocrite.

Sachant qu’il faudra du temps, le cardinal Roger Etchegaray est sorti de ce consistoire en sentant malgré tout « pointer un début de solution ». « La miséricorde est le premier nom de Dieu », rappelle le cardinal français de 91 ans, insistant : « Depuis le péché, s’est montré l’amour,un amour enveloppé du manteau de la miséricorde. »


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