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du 2 au 5 mars 2014 (semaine 10)
 

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5 mars 2014 - Pakistan
UN SANGLANT ATTENTAT-SUICIDE

Islamabad
est sous le choc : quelques heures seulement après les célébrations commémorant l?assassinat de Shahbaz Bhatti il y a trois ans par les islamistes, un attentat-suicide contre un tribunal fait 11 morts et plus de 25 blessés

Le lundi 3 mars, peu avant 9 h 00, heure locale, des hommes armés ont pénétré dans un tribunal d’Islamabad et ont ouvert le feu, avant que deux d’entre eux n’actionnent leur ceinture d’explosifs. Onze personnes ont été tuées et au moins vingt-cinq autres, transportées au Pakistan Institute of Medical Sciences (PIMS) sont actuellement entre la vie et la mort.

Parmi les onze victimes se trouvent le juge Rafaqat Awan, plusieurs avocats et au moins un policier. Les assaillants – qui n’auraient été que quatre en tout lors de l’attaque - sont toujours cachés dans la ville.

Cette attaque, qui n’a pas encore été revendiquée, intervient deux jours après l’annonce d’un cessez-le-feu d’un mois par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), regroupement de factions islamistes armées, afin de permettre de mener à leur terme les négociations de paix avec le gouvernement pakistanais. Le ministre de l’Intérieur, Chaudhry Nisar Ali Khan, avait salué cette décision le 2 mars dernier, déclarant qu’« après l’annonce positive de la veille des talibans, le gouvernement avait décidé de suspendre les frappes aériennes des derniers jours ».

Le dialogue de paix, très controversé, qui s’était amorcé ces derniers temps, avait été en effet suspendu il y a deux semaines par Islamabad, après l’exécution de 23 paramilitaires par une faction talibane. En représailles, l’aviation pakistanaise avait pilonné les positions des rebelles islamistes dans leurs fiefs des zones tribales du nord-ouest, à la lisière de l’Afghanistan.

Le Premier ministre Nawaz Sharif et le ministre de l’Intérieur Chaudhry Nisar Ali Khan ont tous deux fermement condamné l’attentat, dont l’affaire devrait être portée devant le juge dès demain matin 4 mars.

Le dernier attentat-suicide dans la capitale remonte à juin 2011, il y a trois ans, peu après le raid d’un commando américain visant Oussama Ben Laden à Abbottabad.

Il y a trois ans, Islamabad était également endeuillée par un autre attentat, qui avait coûté la vie le 2 mars 2011 à Shahbaz Bhatti, ministre des Minorités, catholique convaincu et ardent détracteur de la loi anti-blasphème. Un engagement qui avait conduit à son assassinat par les talibans, ont rappelé des milliers de personnes venues commémorer sa mort au cours de manifestations pacifiques et de veillées de prières dans tout le pays.

Les représentants de la communauté chrétienne se sont adressés au gouvernement, demandant que la justice ne soit plus « entre les mains de criminels qui se croient autorisés à commettre des actes haineux au nom de la religion ». Redemandant, comme chaque année que les meurtriers de Shahbaz Bhatti soient poursuivis, les chrétiens se sont unis aux militants des droits de l’homme pour réclamer l’abolition de la loi anti-blasphème afin que « le sacrifice de Shahbaz n’ait pas été vain ».

Dimanche 2 mars, la commémoration de l’anniversaire de l’assassinat du seul ministre catholique du Pakistan a débuté par une messe à Khushpur, son village natal, où se sont pressés des milliers de catholiques, mais aussi de nombreux militants et politiciens de toutes confessions.

Un message du frère du politicien assassiné, Paul Bhatti, a été lu lors de la célébration, appelant le gouvernement à « prendre des engagements forts en faveur de la paix » alors que le Pakistan se trouvait « dans une période cruciale de son histoire ». Paul Bhatti est actuellement en Italie, où il s’est réfugié pour échapper aux menaces de mort des islamistes. Une veillée de prière a ensuite rassemblé une foule nombreuse autour du mémorial devant lequel ont été déposé des centaines de cierges. (source : Mepasie)


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