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du 16 au 19 mars 2014 (semaine 11)
 

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19 mars 2014 - Mongolie
MISSIONNAIRES AU PAYS DU CIEL BLEU

Quand trois Pères de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (CICM) débarquèrent en été 1992 à Oulan-Bator, la capitale d'une Mongolie émergeait de sept décennies de régime communiste.

" Il n'y avait plus aucune structure catholique ni même aucun souvenir d'une présence catholique quelconque", témoigne Mgr Wenceslao Padilla, missionnaire philippin et préfet apostolique d’Oulan-Bator.

Venant de sa mission de Taipei (Taiwan), le Père Padilla débarquait alors en pleine "terra incognita" en Mongolie, cet immense pays de 1.564.116 km² et de trois millions d'habitants appelé poétiquement le "Pays du ciel bleu". Il était accompagné de deux autres confrères, religieux "scheutistes".

Leur mission: faire naître de zéro une communauté catholique au pays de Gengis Khan, le mythique fondateur de l'Empire mongol. Aujourd'hui, 22 ans après, quelque 920 catholiques mongols ont été baptisés, mais une partie d'entre eux ne fréquentent plus l'Eglise: soit ils ont émigré, soit ils ne sont plus intéressés et ne cherchent plus le contact. Beaucoup s'approchaient de l'Eglise afin d'obtenir une aide pour étudier à l'étranger ou se faire soigner en Chine ou en Corée, disent les missionnaires.

Maintenant, ils passent le plus souvent par les ONG. De plus, l'Eglise catholique ne fait pas de prosélytisme et insiste sur l'importance de la préparation au baptême et de la formation catéchétique. Chaque année, une cinquantaine de personnes sont baptisées, essentiellement à Pâques et à Noël. Les Eglises évangéliques et les sectes, par contre, se développent beaucoup plus vite. Les chrétiens évangéliques sont déjà de 50 à 60.000 dans tout le pays.

L'Eglise catholique se développe très lentement dans ce pays dont les racines puisent dans la tradition bouddhiste tibétaine et le chamanisme. L'Eglise de Mongolie est encore très jeune, et doit avant tout compter sur une soixante-dix missionnaires étrangers, dont 20 prêtres. Les missionnaires, appartenant à 11 congrégations religieuses, viennent de 21 pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Sud et d'Europe (Pologne, Italie, France, Belgique, Autriche). Nous comptons également 4 missionnaires laïcs venant du Japon, de Pologne et de Corée.

Nombre des fidèles qui fréquentent la messe sont des étrangers: ils travaillent pour les ONG, les ambassades ou les entreprises étrangères qui sont nombreuses dans les activités minières qui sont aux mains d'importantes compagnies étrangères, le groupe industriel français AREVA, leader mondial du nucléaire, la canadienne Ivanhoe Mines Ltd et le géant minier anglo-australien Rio Tinto.

On ne reconnaît plus Oulan-Bator, avec ses grands immeubles et son trafic étouffant. Presque toutes les familles ont une voiture, car elles ont un membre qui travaille à l'étranger et qui leur envoie de l'argent. Désormais, en ville, on trouve des restaurants de tous les pays, en raison de la présence de nombreux étrangers, experts, directeurs de compagnies, ingénieurs.

Les prix y sont presque aussi élevés qu'en Suisse, donc inabordables pour une très grande partie de la population locale. Nous sommes désormais dans une économie de marché globalisée. Beaucoup de biens sont importés de Chine et de Russie et l'on assiste par ailleurs à une importante migration des campagnes vers les centres urbains. La population est de plus en plus urbanisée, près de la moitié vivant dans la capitale et les centres provinciaux.

Les nomades, qui vivent dans leur yourte se rapprochent des villes pour trouver du travail ou vont travailler dans les mines. Même s'il y a encore beaucoup de pauvres, il y a davantage d'emplois disponibles et le chômage a baissé. On rencontre moins d'enfants dans les rues qu'il y a dix ans. Ils sont désormais recueillis dans des centres gérés par des privés ou par le gouvernement. L'Eglise en possède deux, ainsi que deux établissements pour personnes âgées tenus par les Missionnaires de la Charité de Mère Teresa.

Les catholiques changent, constate Mgr Padillails deviennent matérialistes et n'ont plus le temps de venir à la messe. Comme tout le monde, ils pensent à leur carrière et veulent gagner de plus en plus d'argent. Cela touche même les collaborateurs de l'Eglise. Nous constatons que la motivation a baissé chez les premiers baptisés.

Les jeunes veulent partir, et rêvent d'Amérique ou d'Europe. C'est devenu plus difficile pour l'Eglise: maintenant, seuls les pauvres viennent à nous. Mais je suis très heureux, car comme le Pape, je pense que l'Eglise doit être pauvre et pour les pauvres!

Mgr Wenceslao Padilla, dans le but d’améliorer le niveau d’éducation dans le pays, envisage de mettre en place un parcours partant de l'école élémentaire, passant par le secondaire et le collège, jusqu’à l’Université catholique. Actuellement, les écoles catholiques accueillent près de 500 enfants, dont beaucoup ne sont pas catholiques.

Le Supérieur général des jésuites à Rome "s'est montré ouvert, mais m'a demandé de commencer par l'école primaire!" souligne l'évêque d'Oulan Bator. (source : AED)

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