Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 16 au 19 mars 2014 (semaine 11)
 

-
19 mars 2014 -
LE DÉCÈS DE L'ÉVÊQUE "CLANDESTIN" DE SHANGHAÏ

Le 16 mars, Mgr Joseph Fan Zhongliang, évêque de Shanghai, est mort à l'âge de 96 ans. Affaibli par la maladie d'Alzheimer depuis dix ans, il est décédé à son domicile où il était retenu en résidence surveillée depuis vingt ans.

Les autorités chinoises lui refusaient en effet son titre d’évêque de Shanghai et lui interdisaient de diriger la communauté catholique « clandestine » locale.

Dès après la mort de Mgr Fan, un prêtre de la communauté « clandestine » de Shanghai a célébré une messe pour le repos de son âme au sein même de l’appartement où résidait le vieil évêque. Mais ce domicile étant placée sous la vidéosurveillance constante de la police, des officiels de la municipalité de Shanghai ont pénétré peu après dans l’appartement.

Ces mêmes autorités ont dans un premier temps annoncé que les fidèles catholiques n’auraient que deux jours pour venir se recueillir devant la dépouille de Mgr Fan, avant la célébration des obsèques et l’incinération de son cercueil. Il semble toutefois que ce délai a été rallongé. « Ils ont reconsidéré leur décision initiale après que l’administrateur « clandestin » du diocèse a émis une protestation et menacé de refuser de célébrer la messe de funérailles, en leur disant qu’ils auraient seuls à assumer la colère des fidèles ».

Les obsèques seront célébrées ce samedi 22 mars, mais la demande de voir les funérailles se dérouler à l’église Saint-Ignace, cathédrale du diocèse, a été rejetée par les autorités ; celles-ci n’ont autorisé que la tenue d’un service religieux dans la cour de la maison funéraire où a été transportée la dépouille de Mgr Fan.

La tension qui entoure l’organisation des funérailles de feu Mgr Fan témoigne de la complexité de l’Eglise catholique en Chine et illustre le paradoxe particulier du diocèse de Shanghai : en juillet 2012, après l’ordination de Mgr Ma Daqin, Shanghai comptait quatre évêques catholiques ; aujourd’hui, après la mort de Mgr Fan, le diocèse n’en compte plus aucun à même de le diriger.

Mgr Xing Wenzhi, qui, en juin 2005, avait été ordonné évêque auxiliaire de Shanghai, en communion avec Rome et avec l’assentiment des autorités chinoises, a été poussé à la démission au début de l’année 2012, sans que les circonstances et les raisons de cette démission n’aient été pleinement éclaircies.

Et enfin, Mgr Ma Daqin, ordonné en tant qu’évêque auxiliaire de Shanghai le 7 juillet 2012, avec là encore l’accord du pape et l’agrément de Pékin, est depuis cette date empêché d’exercer son épiscopat. Parce qu’il a annoncé lors de son ordination qu’il se tenait désormais à l’écart de l’Association patriotique des catholiques chinois pour se consacrer entièrement à son diocèse – geste de défiance sans précédent de la part d’un évêque « officiel » –, il a été immédiatement placé en résidence surveillée et frappé d’une interdiction d’exercer son épiscopat pour une durée de deux ans, sanction qui arrive théoriquement à échéance en juillet prochain.

Quand les communistes affermissent leur emprise sur la Chine, à Shanghai, la métropole orientale symbole pour les nouveaux maîtres du pays de la compromission avec les « impérialistes », la pression est particulièrement forte sur la communauté catholique, estimée à 120.000 membres et soupçonnée de vouloir saper la révolution. Le couperet s’abat dans la nuit du 8 au 9 septembre 1955 : plus de trois cents prêtres, religieuses et laïcs sont arrêtés. Mgr Ignatius Kung Pin-mei (Gong Pin-mei), l’évêque jésuite de Shanghai, est bien entendu du nombre, tout comme les PP. Jin Luxian et Fan Zhongliang.

Pour le P. Fan Zhongliang, la sentence est de vingt ans de prison pour « crimes contre-révolutionnaires », peine qui sera purgée dans un établissement pénitentiaire du Qinghai où la tâche qui est confiée au prêtre est de transporter les cadavres des prisonniers décédés jusqu’au cimetière où ils sont inhumés.

A sa libération, à l’issue de vingt ans de réclusion, le P. Fan ne recouvre pas une pleine liberté ; il est assigné dans un lycée de la province du Qinghai où il enseigne plusieurs années avant de recevoir l’autorisation de retourner à Shanghai. En janvier 1985, le P. Jin Luxian est ordonné sans mandat pontifical comme évêque auxiliaire « officiel » – et successeur potentiel – de Mgr Zhang. Pour ne pas laisser le champ libre à la partie « officielle » de l’Eglise, c’est au tour du P. Fan Zhongliang d’être ordonné évêque de Shanghai ; dans la clandestinité, l’ordination épiscopale lui est conférée le 27 février 1985 par un évêque du Qinghai.

En mars 2000, Mgr Fan devient l’évêque en titre de Shanghai, nomination jamais acceptée par Pékin mais confirmée par le pape Jean-Paul II – ce qui entraîne son placement en résidence surveillée, mesure qui ne sera plus jamais levée. En dépit du fait que Pékin et les autorités locales n’ont jamais reconnu son statut épiscopal, l’ensemble des catholiques de Shanghai lui a toujours témoigné un grand respect. Sitôt ordonnés, les jeunes prêtres, y compris du côté « officiel », ne manquaient pas de venir se faire bénir par lui. (source : Mepasie)


Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil