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du 26 au 29 mars 2014 (semaine 13)
 

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29 mars 2014 - Chine
DEUX GRANDES FIGURES DANS LA RELANCE DU DIALOGUE


La relance des relations entre Rome et Pékin passerait-elle par la canonisation de deux figures majeures de l’Eglise en Chine : En d’autres termes : pourquoi ne pas béatifier Matteo Ricci et Xu Guangqi en même temps ?

Une tribune du P. Benoît Vermander, nouvelle figure de la tradition sinologique des jésuites français, apporte des arguments en ce sens, dont on peut lire une traduction en français publiée le 26 mars dans EGLISES D'ASIE

L’avenir dira si cette canonisation, « geste majeur » préparé par le Saint-Siège et Pékin concerne l’un ou l’autre de ces personnages historiques – ou les deux.

En effet le déroulement des obsèques de Mgr Fan Zhongliang à Shanghai vient de le montrer : si les catholiques en Chine continuent de voir leur liberté religieuse sérieusement limitée, ils peuvent trouver un espace pour exprimer leur foi en public.

Ce qui s’est passé à Shanghai samedi dernier, 22 mars, peut être lu de deux manières. D’un côté, en interdisant que les funérailles de feu l’évêque « clandestin » de Shanghai se déroulent à la cathédrale du diocèse et en exigeant que ne soit pas fait mention, dans le livret de la messe des obsèques, du statut épiscopal de Mgr Fan, les autorités chinoises ont persisté dans leur volonté de maintenir une pression considérable sur l’Eglise.

D’un autre côté, en permettant que les funérailles soient organisées dans le funérarium où avait été transportée la dépouille de l’évêque et les obsèques se déroulent en présence de dizaines de prêtres, « clandestins » et « officiels », et d’une foule de plusieurs milliers de fidèles, ces mêmes autorités ont fait preuve de retenue.

En se gardant d’intervenir de manière musclée, elles ont permis aux catholiques de Shanghai de témoigner de leur foi et de leur unité ; certes, Mgr Ma Daqin n’a pas reçu la permission de venir présider ou même assister aux funérailles, mais les prêtres qui ont célébré l’office funéraire ont prié pour lui comme étant celui qui est leur pasteur légitime.

Quelle conclusion tirer d’une telle double lecture du déroulement des obsèques pour ce qui concerne les relations entre l’Eglise catholique et le pouvoir chinois ? Il n’a pas échappé à l’attention de Rome le fait que l’affirmation de la puissance chinoise sur la scène internationale s’accompagnait d’un souci de Pékin d’apparaître non comme une puissance menaçante et conquérante mais comme une puissance morale et culturelle, porteuse d’un « rêve » chinois incarné par un réseau toujours plus étendu "d’Instituts Confucius" prônant l’harmonie et la paix.

Pour le Saint-Siège, la concomitance, il y a un an, de l’élection du pape François sur le siège de Pierre et de l’accès de Xi Jinping aux plus hautes fonctions à la tête de la République populaire de Chine a été l’occasion de renouer avec Pékin un dialogue mis à mal ces dernières années par une série d’ordinations épiscopales menées sans l’accord du Pape.

Le Pape François a révélé il y a quelques jours qu’il avait écrit au président Xi Jinping à l’occasion de son élection et que le dirigeant chinois avait répondu à sa lettre. Rien n’a été divulgué du contenu de cet échange épistolaire – le pape a seulement révélé qu’il existait « des relations » entre le Vatican et Pékin –, mais le simple fait que son existence a été rendue publique indique qu’il est considéré comme encourageant par Rome.

Par ailleurs, à l’occasion de la récente visite en Europe, en France notamment, de Xi Jinping, un article du journal La Croix consacré au président chinois a livré une information inédite. Daté du 26 mars, signé de Dorian Malovic, journaliste spécialiste de l’Asie au sein du quotidien catholique, l’article cite « un expert protestant de Hongkong » et évoque « des discussions en coulisse déjà bien avancées qui pourraient déboucher sur un geste diplomatique et culturel majeur de la part de Pékin et du Saint-Siège ».

Une date est même avancée : ce geste serait dévoilé « deux mois après la visite du pape en Corée du Sud en août prochain. » Rien de plus n’est précisé.

Même si Pékin n’a à ce jour donné aucune indication quant à sa volonté d’éventuellement réformer sa politique religieuse, Rome semblerait donc déterminé à engager le dialogue avec Pékin. Si un geste devait intervenir au plan diplomatique, il aurait forcément des conséquences sur les relations diplomatiques que le Saint-Siège entretient avec Taiwan, mais, même si le Vatican a fait savoir il y a longtemps déjà qu’il était prêt à transférer sa nonciature de Taipei à Pékin, rien n’indique que ce jour soit proche.

Sur le plan culturel, les possibilités sont plus ouvertes et nombreuses. On se souvient qu’en mai 2008, durant le pontificat de Benoît XVI, l’Orchestre philarmonique de Chine était venu se produire devant le pape Benoît XVI au Vatican.

Les canonisations en préparation pourraient offrir des occasions spectaculaires de renforcer le dialogue « culturel » entre la Chine et l’Eglise catholique. Depuis plusieurs années, Rome met en avant la personnalité du jésuite Matteo Ricci comme « modèle de dialogue ». A ce jour, rien n’indique que le « geste » que préparerait le Saint-Siège concerne la cause en béatification de Matteo Ricci mais une telle éventualité, couplée avec la cause du lettré converti au christianisme Xu Guangqi, aurait du sens, notent les observateurs. (source : Mepasie)


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