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du 2 au 5 avril 2014 (semaine 14)
 

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5 avril 2014 - France
UN GROUPE FRANÇAIS REÇU À MOSCOU

Le 2 avril, accompagnés par l’higoumène Philippe (Riabykh), de la paroisse russe de Strasbourg dans la juridiction du Patriarcat de Moscou, des acteurs de la société civile française ont été reçus par les services internationaux du Patriarcat.

Lors de leur séjour, effectués sans mandat officiel de la CEF , ils ont été reçus par le métropolite Hilarion, président des relations extérieures du Patriarcat, le DREE. L'higoumène Philippe (Riabykh) est le représentant de l’Église orthodoxe russe auprès des organisations européennes internationales à Strasbourg.

Le groupe de personnalités françaises et Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne et d’Oloron, étaient également accompagnés par l’archiprêtre Serguiy Zvonariov, secrétaire du DREE aux affaires internationales et Olga Mazour, du même secrétariat.

Selon le communiqué des services du Patriarcat, la délégation française se composait de son initiateur : Gregor Puppink, directeur du Centre européen pour la loi et la justice, Thierry de la Villejégu, directeur exécutif de la Fondation Jérôme Lejeune, Aymeric Pourbaix, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire catholique Famille Chrétienne, Guillaume d’Alançon, chargé des affaires familiales au diocèse de Bayonne et Caroline Roux, secrétaire général de l’association « Alliance Vita ».

Le métropolite Hilarion a accueilli ses hôtes, auxquels il a parlé de la mission actuelle de son Département, ainsi que de ses fonctions. Pendant l’entretien, Mgr Hilarion a exprimé sa préoccupation devant l’érosion des valeurs familiales traditionnelles en Europe en général et en France en particulier, où une loi légalisant les unions homosexuelles a été adoptée récemment.

Le président du DREE s’est aussi dit inquiet des persécutions touchant les chrétiens au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Selon lui, le récent et tragique évènement survenu dans la ville syrienne de Kessab, où des habitants pacifiques chrétiens ont été sauvagement assassinés, a particulièrement frappé les fidèles orthodoxes et la société internationale. Le métropolite Hilarion a fait part de son indignation devant le silence des médias sur ces méfaits.

Suivant Mgr Hilarion, la tâche commune des chrétiens engagés est de contribuer à empêcher que des faits aussi épouvantables soient tus, afin que la communauté internationale puisse donner son appréciation.

Au nom de la délégation française, Mgr Marc Aillet, a remercié le métropolite Hilarion de Volokolamsk de son bon accueil. Il a décrit les initiatives prises par les membres de cette délégation non officielle pour soutenir les fondements chrétiens du mariage.

Enfin le métropolite Hilarion a répondu aux questions. A la fin de la rencontre, le président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou a remis aux membres de la délégation française des cadeaux en souvenir, leur souhaitant l’aide de Dieu et le succès dans des entreprises qui exigent aujourd’hui beaucoup de force et de courage.

Défenseurs d’une « conception traditionnelle de la famille », ils séjournèrent à Moscou du 31 mars au 4 avril pour dialoguer avec des représentants de l’Église orthodoxe. La venue de cette délégation vise à mettre en place « une coopération pour la protection de la morale chrétienne ».

Ils ont également contacté des responsables politiques russes. « Ses membres estiment que la Russie est aujourd’hui l’un des rares pays du monde chrétien qui, au niveau de l’État et des collectivités, s’est engagé sur la protection des lois naturelles du développement de la personne humaine », explique l’higoumène Philippe Ryabykh.

« Nous avons pu constater notre convergence en ce qui concerne la protection de la vie, explique Guillaume d’Alençon, secrétaire de l'évêque de Bayonne. Nous avons en outre parlé de la nécessité de défendre les chrétiens d’Orient qui connaissent un véritable génocide. »

Ce voyage vise à mettre en place « une coopération pour la protection de la morale chrétienne », explique le Patriarcat de Moscou. Mgr Aillet parle d’une « rencontre œcuménique non officielle ». Ce voyage « n’a aucun caractère officiel, nous ne représentons pas la Conférence des évêques de France, la CEF, il intervient simplement dans un cadre d’une réflexion ecclésiale autour de la pastorale de la famille et du Synode sur la famille ».

Ce voyage a été critiqué par la CEF. « Nous avons pris connaissance avec stupéfaction de l’existence de cette délégation, réagit Denis Viénot, secrétaire général de "Justice et Paix-France". S’ils considèrent que la Russie protège la personne humaine, ils devraient aller faire un tour en Crimée. »

De son côté, le théologien orthodoxe Jean-François Colosimo y voit une réduction de l’œcuménisme à un front moral. « Cela suffit-il à fonder une relation profonde Rome-Moscou ? », s’interroge-t-il.

« Certains voient dans le modèle russe le retour d’une Église qui s’engage dans le débat public, mais cette situation ne correspond en rien à un réveil spirituel, mais à un vieux modèle d’alliance entre Église et État qui limite les relations en nombre et en profondeur » explique-t-il, rappelant que la pratique est plus faible en Russie qu’en France (3 % contre 8 %).

« Le regain de moralisme équivaut à un regain de nationalisme. On peut y voir une sorte de renouveau mais c’est une illusion optique, regrette-t-il. À moyen terme je ne suis pas sûr que cela donne une évangélisation profonde. Cela suppose une pastorale rigoriste qui n’a pas grand-chose à voir avec l’ethos orthodoxe. » (source : FPIC et Mospat)


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