Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 15 au 18 mai 2014 (semaine 20)
 

-
18 mai 2014 - Cambodge
PETITES, MAIS DÉBORDANT DE VIE

Pour
sa Campagne internationale annuelle du 12 au 28 mai, Caritas-France a invité trois grands témoins, dont Mgr Enrique ('Kike') Figaredo, président de Caritas Cambodge, répond ici aux questions d’Eglises d’Asie.

Jésuite espagnol, Mgr Figaredo est préfet apostolique de Battambang depuis 2000. "La première des difficultés que je soulignerais est la pauvreté, voire l’extrême pauvreté dans laquelle vit une très, une trop grande part de la population cambodgienne. Cette pauvreté a des implications très concrètes sur l’espérance de vie des gens, sur leur santé, sur leur accès à l’éducation. Trop de personnes en sont réduites à tenter de survivre et ne jouissent d’aucune stabilité dans leurs conditions de vie.

" La conséquence de cet état de fait est un mouvement migratoire aussi important que continu. Les gens, les jeunes en particulier, quittent notre région de Battambang, qui est une région principalement rurale, pour aller chercher à vivre dans les grandes villes.

" Nos communautés perdent ainsi leurs éléments les plus dynamiques et se vident de l’intérieur. Les amitiés que nous nouons demeurent certes, mais l’éloignement fait que nombreux sont ceux que nous perdons de vue. Et je ne dis rien des difficultés que ces personnes rencontrent dans leur nouveau lieu de vie, en ville, dans les bidonvilles plutôt !

" Depuis l’an 2000, en quatorze ans, j’ai vu bien sûr des améliorations. La croissance économique du pays est réelle, mais les richesses ne sont pas réparties équitablement. La richesse produite se concentre entre quelques mains et l’homme de la rue n’en voit pas vraiment les fruits. La pauvreté reste endémique.

" Dans les communautés dont nous avons la charge, dans les établissements que nous animons, je vois bien que les jeunes progressent ; ils acquièrent une éducation, une formation, un métier ; la plupart arrivent à trouver un travail, mais ces progrès ne se diffusent que très lentement dans la société. Vous devez vous rappeler que nous formons qu’une communauté très petite et que nos moyens sont limités.

"Pour les jeunes, il existe des possibilités de s’en sortir. Ils trouvent à s’employer dans les grandes villes, dans les hôtels, les sociétés privées, les banques ou les ONG, mais ils ne sont pas la majorité. Tous ceux qui sortent du système scolaire public sans diplôme font face à de très grandes difficultés. Ils partent en grand nombre à l’étranger.

" Quant aux manifestations elles-mêmes, les catholiques, les jeunes catholiques ont été nombreux à y participer, mais comme nous sommes très peu nombreux, cela ne se voit pas forcément.

" Pour notre part, nous le clergé, nous avons essayé de les former pour qu’ils soient des acteurs de la non-violence. Ce dont ce pays a besoin, ce n’est pas d’un surcroît de violence mais que les choses changent réellement et de manière pacifique. Nous avons multiplié ces derniers mois les séminaires de formation autour de ces thèmes. Cela a été aussi l’occasion de contacts approfondis avec les bouddhistes, les moines notamment.

" Un des principaux axes de notre travail pastoral est de construire, d’édifier des communautés qui sont comme des familles. Le lien social a beaucoup souffert au Cambodge du fait de l’Histoire de ces dernières décennies et le développement économique actuel n’aide pas vraiment à le reconstruire.

" Quand je suis arrivé en 2000, les registres indiquaient 3 000 catholiques environ. Les catéchumènes sont nombreux au Cambodge et aujourd’hui près de 6.000 personnes sont inscrites sur les registres paroissiaux. Mais si toutes ces personnes ont reçu le baptême, cela ne veut pas dire qu’elles sont impliquées ou actives dans l’Eglise.

" Le nombre des communautés croît cependant. En 2000, nous comptions quinze paroisses ; elles sont au nombre de vingt-sept désormais. Les gens viennent très nombreux à la messe. Le plus souvent, ils ne sont pas baptisés mais ils sont attirés par la beauté de la liturgie, par l’atmosphère spirituelle, par l’ambiance festive aussi, les chants et les danses notamment. Nos visiteurs sont toujours frappés de la quantité de jeunes, d’enfants même, qui viennent aux offices.

" Nos communautés se caractérisent, je crois, par la vie. Elles débordent de vie et, pour ce qui est de la liturgie, les jeunes y trouvent une certaine forme de beauté. C’est la rencontre avec les autres, l’expérience d’un certain bonheur et de la joie, qui les amènent à connaître Jésus. Encore une fois, tous ne font pas cette expérience mais c’est le cas pour certains." (source : Mepasie)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil