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25 mai 2014 - Japon
UN MUSÉE DÉDIÉ AUX MARTYRS CHRÉTIENS


Le Vatican a annoncé fin janvier la découverte dans ses archives d'une masse de documents inédits sur les persécutions des chrétiens au Japon durant l'époque d'Edo (1603-1867), soit 10.000 documents sur papier de riiz.

Baptisés « rouleaux de Marega », du nom du père Mario Marega qui les a amassés dans le sud du Japon au XXe siècle, ils constituent une mine d'informations. En vertu d'un accord entre la Bibliothèque vaticane et le gouvernement japonais, ils vont être étudiés pendant six ans, notamment par des chercheurs de l'Institut national de littérature du Japon, puis seront conservés dans un Musée créé à cet effet.

A partir de 1603 et pendant plus de deux siècles, le Japon, par peur d'être colonisé, se ferma totalement au monde extérieur : les Japonais ne pouvaient quitter le pays sous peine de mort, les étrangers n'étaient autorisés à poser le pied sur l'archipel qu'en très peu d'endroits.

Pour les shoguns, les dirigeants du Japon des samouraïs, la foi chrétienne constituait un grave danger pour l'archipel, l'avant-garde de puissances étrangères, et elle fut donc interdite. Les missionnaires étrangers furent expulsés, certains cachés par les fidèles, quant aux Japonais convertis, on les força à abjurer leur foi. Ceux qui refusèrent furent torturés et exécutés. Avant cette décision, le christianisme était en plein essor, notamment au sud.

« Certains de ces documents détaillés pourraient donner un nouvel éclairage sur la façon dont les chrétiens ont alors gardé leur foi », estime Rumiko Kataoka, expert de l'histoire chrétienne à l'Université catholique Junshin de Nagasaki.

Les « rouleaux de Marega » sont d'autant plus importants qu'à la fin du superbe isolement du Japon, à la moitié du XIXe siècle, la plupart des documents sur ces persécutions avaient été perdus ou détruits. Le père Marega avait rassemblé ces témoignages uniques lorsqu'il vivait sur l'île méridionale de Kyushu, avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Il les emporta ensuite à Tokyo, puis en Italie où il mourut en 1978.

Les « rouleaux » racontent l'étroite et méthodique surveillance des chrétiens : vérification de l'appartenance religieuse, comptabilité des conversions, surveillance des parents et enfants d'ex-chrétiens... On découvre également que les habitants de la région soupçonnés de chrétienté étaient forcés de piétiner des images du Christ ou de la Vierge Marie. Selon le professeur Kazuo Otomo, directeur de l'Institut national de littérature du Japon, seulement trois de la vingtaine de paquets de documents ont été ouverts. « C'est une étude sur les chrétiens, mais cela va plus loin. Cela peut nous mener à une étude sur les échanges culturels et sur la façon de traiter la liberté de croyance », explique-t-il.

L'art chrétien servira à mettre en lumière l'histoire de ces martyrs et ainsi promouvoir la liberté religieuse au Japon. Durant toutes les années de persécution de la communauté chrétienne, afin de ne pas s'arrêter, l'art chrétien s'est truffé de symboles dissimulés.

Ainsi, plusieurs images du Christ et de la Vierge furent cachés sous des motifs bouddhistes et des prières ont été déguisés en chants traditionnels. Plusieurs objets parmi ceux qui vont rejoindre la future collection se trouvent actuellement au musée national de Tokyo. Construit au coeur du quartier Heiwamachi de Nagasaki, le lieu d'exposition sera situé non loin du musée du Bombardement et de la cathédrale Urakami. L'archidiocèse de Nagasaki sera en charge de la gestion des collections et du musée. Ce musée privé consacré aux chrétiens japonais persécutés ouvrira ses portes en janvier 2015. Date hautement symbolique car elle correspond à l'année de célébration du 150e anniversaire de la réhabilitation de la communauté chrétienne clandestine et du retour de la liberté religieuse pour les catholiques. (source : News.va)


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