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du 4 au 6 septembre 2014 (semaine 36)
 

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6 septembre 2014 -France
LES DIFFICULTÉS DE L'INSTITUT SAINT SERGE

Installé depuis 1924 à Paris, le
fleuron de la pensée russe orthodoxe en France et en Occident entame une rentrée universitaire difficile, avec ses comptes plongés dans le rouge.

Son trésorier, un paroissien bénévole jusque-là sans histoires, est soupçonné d’avoir ponctionné plus de 400 000 € sur les comptes des deux associations rattachées à l’institut : l’Association pour le maintien et l’entretien de l’institut de théologie orthodoxe (Ameito) et le Fonds de dotation Saint-Serge. Interpellé par la police le 20 août, il a été remis en liberté en attendant la suite de la procédure.

« Nous n’avons jamais été riches, ne vivant que des droits d’inscriptions de nos étudiants et de dons, explique le P. Nicolas Cernokrak, nouveau doyen de l’Institut depuis juin. Il nous sera difficile de payer à temps tous les professeurs et employés. »

Si la quarantaine d’étudiants inscrits en licence, master et doctorat sont attendus comme prévu le 24 septembre, l’atmosphère est à la remise à plat du fonctionnement et du projet de l’institution. En juin, au terme de l’office liturgique marquant la fin de l’année universitaire, Mgr Job Getcha, archevêque de Telmessos, exarque des paroisses russes en Europe occidentale relevant du Patriarcat de Constantinople, avait évoqué, à la grande surprise de son auditoire, la « situation inquiétante » de l’Institut Saint-Serge.

Dans un réquisitoire sans appel, ce théologien formé sur les bancs de la maison, dont il fut par la suite doyen entre 2005 et 2008, a dénoncé pêle-mêle la « tendance laïcisante » de l’Institut, tenté de réduire le rôle de l’archevêque – qui en est aussi le recteur – à un « rôle honorifique » , une « mauvaise gestion » et un « mauvais niveau académique » , appelant de ses vœux une « réforme en profondeur » .

Alors qu’un audit général de l’institut a été entrepris, les chantiers à court terme ne manquent pas. À commencer par la reconnaissance officielle des diplômes, à laquelle se heurtent tous les établissements privés où la théologie est enseignée. « Sur ce point, des discussions sont en cours avec le ministère » , indique le P. Nicolas Cernokrak, qui s’emploie par ailleurs à rétablir le dialogue avec l’archevêque.

Mais au-delà de l’équation juridique et financière, la survie même de l’institut est en jeu. Le retour en force, à Paris, de l’Église orthodoxe russe du Patriarcat de Moscou, avec la construction d’un imposant centre culturel à deux pas de la tour Eiffel, met cruellement en lumière l’absence de moyens de l’Institut Saint-Serge pour rivaliser, malgré son brillant héritage théologique et spirituel.

« Né de la révolution russe, Saint-Serge fut le seul institut orthodoxe indépendant du XXème siècle, à une époque où il n’existait plus de pensée orthodoxe libre, résume le philosophe et théologien orthodoxe Jean-François Colosimo, enseignant à Saint-Serge. Il nous faut aujourd’hui un nouveau projet pour le XXIème siècle, centré sur l’œcuménisme, les Églises orientales, la francophonie et l’Afrique. » (source : FPIC)


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