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du 7 au 10 septembre 2014 (semaine 37)
 

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10 septembre 2014 - France
A L'ASSEMBLÉE DU DÉSERT : LA LIBERTÉ EN QUESTION

Chaque premier dimanche de septembre depuis 1911, des milliers de protestants se rassemblent dans les Cévennes, commémorant ainsi les réunions clandestines tenues par les protestants au temps de la persécution du XVIIIe siècle.

En effet entre l’abolition de l’Édit de Nantes en 1685 et l’Édit de tolérance de 1787), afin de célébrer leur culte, les protestants pour se regrouper, entendre et prier autour d'un prédicant itinérant, devait le faire au risque, toujours présent dans les esprits, d'être arrêté et emprisonné par les autorités.

Cette année, le témoignage de Françoise et Daniel Larribe, anciens otages au Sahel, et le thème de la liberté choisi pour 2014, faisait écho à cette période de clandestinité.

« Enfin libres ! » C’est le cri de joie qu’ont poussé Françoise et Daniel Larribe en octobre 2013, lors de la libération des otages du Sahel, tous employés sur le site minier d’Arlit dans le nord du Niger, retenus durant trois ans par l’Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique).

« Enfin libres » ! », ce fut aussi, et presque naturellement, le thème de l’Assemblée du Désert, qui a rassemblé, le 7 septembre, une quinzaine de milliers de personnes dans le Gard, à Mialet, au cœur des Cévennes.

Car c’est ici, sur cette terre protestante historique, que, lors de l’assemblée 2011 et pour la première fois, Françoise Larribe avait parlé de son emprisonnement et de celui de son mari dans les colonnes de l’hebdomadaire Réforme . Le pasteur Laurent Schlumberger avait alors évoqué la condition des otages et leur « désert de solitude » .

Un message qui avait trouvé un écho chez Françoise Larribe. Enlevée avec son mari le 16 septembre 2010, elle fut libérée, malade, le 24 février 2011 avec deux autres compagnons d’infortune tandis que Daniel ne retrouvera la liberté avec ses compagnons que le 29 octobre 2013.

La présence des époux Larribe donnait un caractère particulier à cette Assemblée 2014. « La boucle est bouclée », confiait Françoise Larribe au quotidien "La Croix", quelques minutes avant de monter en chaire aux côtés de Daniel.

« Pendant notre captivité, certes, nous devions obéir aux lois des ravisseurs. Mais nous savions qu’ils ne pourraient jamais interférer sur nos convictions profondes. Notre liberté de penser resterait intacte. Ni rien ni personne ne pourrait changer cela. Nous nous remémorions la chanson de François Béranger : “Vous n’aurez pas ma fleur, ma fleur de cœur, celle qui me pousse à l’intérieur” », a affirmé Françoise Larribe.

« Les protestants de France sont inquiets par solidarité, explique le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF). La situation des chrétiens au Proche-Orient réactualise la théorie de la liberté de conscience. Nous nous rendons compte que la démocratie est fragile. Les protestants ont confiance dans la parole politique lorsque les hommes politiques sont responsables et capables. Cette confiance a besoin d’être réarmée, réassurée. »

Pour faire entendre son message, François Clavairoly multiplie les actions. Après avoir eu un entretien vendredi avec le premier ministre, Manuel Valls, lors duquel il a insisté sur la nécessité de développer l’accueil des réfugiés en France – « Véhiculer un message de liberté passe par l’accueil de l’étranger. Les œuvres et mouvements protestants sont prêts à cela » a-t-il rappelé –, François Clavairoly a invité à l’assemblée Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur chargé des cultes.

Le ministre s’est dit « touché au cœur » à l’écoute du prêche du président de la FPF et a souligné l’importance de la liberté « dans un contexte où la violence gagne du terrain ». Il a précisé : « Le ministre chargé des cultes est d’abord un ministre de la laïcité. Il est celui qui doit permettre aux croyants de pouvoir garder leur libre arbitre. Par ma présence ici, je leur témoigne mon respect pour la très grande résistance qui est la leur face aux persécutions. »

Précédant le traditionnel hymne La Cévenole qui clôt chaque année l’assemblée, Sophie Zentz-Amédro, présidente du conseil régional de l’Église protestante unie de France en Cévennes-LanguedocRoussillon, a conclu par une allocution poignante : « La liberté de l’homme n’est pas d’avoir mais d’être. » (source : AFP)


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