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du 21 au 24 septembre 2014 (semaine 39)
 

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24 septembre 2014 - Albanie
L'HOSPITALITÉ ET L'HONNEUR, LE KANUN ET LES COUTUMES

Le nord de l’Albanie est une région où musulmans et catholiques cohabitent en paix depuis des siècles. L’islam est surtout présent dans les villes, qui furent le centre du pouvoir ottoman, tandis que les montagnes sont plutôt catholiques.

C’est ici qu’un franciscain, le père Shtjefën Gjeçov, a mis par écrit, à la fin du XIXe siècle, les règles du kanun, qui étaient jusqu’alors transmises par la tradition orale et que l’on attribue au prince Lekë Dukagjini, qui régna sur la région au XVe siècle.

Ce code coutumier repose sur deux notions fondamentales : l’hospitalité et l’honneur des familles. Durant les siècles de domination ottomane, l’État et la justice ne pénétraient pas dans les montagnes reculées de l’Albanie, et les conflits, qui surgissent immanquablement dans toute société humaine, étaient réglés par des assemblées de sages sur la base du kanun.

Celui-ci a pour but de réglementer au maximum le passage à la violence, mais si un meurtre est commis, il prévoit les conditions de « rachat » qui permettent de sauver l’honneur de la famille. En réalité, les pratiques actuelles sont parfois éloignées des règles du kanun : celui-ci interdit rigoureusement de tuer des femmes ou des enfants, mais cette prescription n’est plus respectée.

Le kanun albanais n’a rien d’exceptionnel : des règles très similaires ont fonctionné dans quasiment toutes les sociétés patriarcales des montagnes méditerranéennes, en Herzégovine, dans le Monténégro voisin, en Grèce, en Corse, en Sardaigne, dans les montagnes du Liban ou de l’Atlas. La « particularité » albanaise est que ce code soit toujours d’actualité. En réalité, le kanun avait été sévèrement réprimé par le régime communiste, mais il a repris tous ses droits à l’effondrement de celui-ci, en 1992.

Quand un accord est trouvé entre deux familles catholiques rivales, la réconciliation est scellée à l’église, après une messe, « au nom de la Croix du Christ ». Quand le conflit oppose une famille catholique et une famille musulmane, le prêtre et l’imam sont souvent mis à contribution, mais la cérémonie de pacification est laïque – et elle a normalement lieu en plein air, sur une place de la ville, pour que tout le monde puisse être témoin de la réconciliation. Celui qui prendra le risque de rallumer le conflit violera la « besa », la parole donnée, dont la valeur est sacro-sainte. (source : balkans.courriers)


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