Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 1 au 4 octobre 2014 (semaine 40)
 

-
4 octobre 2014 - Indonésie
AU SUJET DE L'APPLICATION DE LA CHARIA


Dans la province d’Aceh, où 98 % des quelque cinq millions d’habitants sont musulmans, la perspective de voir étendue l’application de la charia à toute la population inquiète les minorités religieuses.

Jouissant d’un statut d’autonomie particulière depuis le vote de deux lois, en 1999 et en 2001, Aceh n’a cessé, tout au long de ces treize dernières années, de voir le Parlement local renforcer le Code pénal islamique, ou Qanun Hukum Jinayat. Le 27 septembre dernier, les parlementaires ont de nouveau amendé ce code pénal, en réponse à un précédent amendement voté en 2009, et abrogé entretemps, qui prévoyait, entre autres, la lapidation en cas d’adultère.

Cette fois-ci, l’amendement voté ne comprend plus cette sentence de lapidation, mais réitère les peines de flagellation pour différentes infractions telles l’adultère, la consommation d’alcool, la « promiscuité » entre hommes et femmes en-dehors du mariage, ou bien encore les relations homosexuelles.

Les minorités religieuses présentes dans la province ont vivement réagi à cette nouvelle. On compte quelque 50 000 protestants et 3 000 catholiques à Aceh, ainsi que quelques centaines d’hindous et de bouddhistes. Pour le P. Hermanus Sahar, curé de l’unique paroisse catholique de Banda Aceh, capitale de la province, « les catholiques ne peuvent accepter d’être jugés selon la charia ».

Pour le pasteur Domidoyo Ratupenu, président du chapitre acehnais de la Communion des Eglises (protestantes) d’Indonésie, « il est clair que d’ici vingt ans, Aceh ne sera plus du tout ouvert à la moindre diversité (religieuse) »

« Même s’ils affichent des slogans pour affirmer que les autres religions ont leur place à Aceh, il est difficile de le constater dans la réalité ».

Selon les analystes, la ratification de cette loi par l’actuel gouverneur ne devrait pas être un obstacle, Zaini Abdullah, gouverneur depuis 2012 et se préparant pour la campagne électorale de 2017, s’affichant nettement comme un partisan de l’extension du champ d’application de la charia. Les minorités religieuses ne peuvent donc que compter sur la décision que prendra le ministère de l’Intérieur.

Pour l’heure, l’expectative est de mise. Elu le 22 juillet dernier sur la promesse d’un renouveau politique, Joko Widodo doit prendre ses nouvelles fonctions à la tête de la République d’Indonésie le 20 octobre prochain.

Dans un appel à rejeter les lois votées par le Parlement à Aceh, publié ce jeudi 2 octobre, "Human Rights Watch" demande au nouveau président d’ordonner à son ministre de l’Intérieur de passer en revue, pour les amender ou les abolir, toutes les dispositions législatives en Indonésie qui présentent un caractère discriminatoire.

« Parce que d’autres gouvernements locaux en Indonésie tiennent les lois acehnaises pour des modèles à imiter, il est important que la nouvelle administration agisse sans délai pour contrer les lois présentant un caractère discriminatoire ou contraires [à la loi nationale] », a développé "Human Rights Watch." (source
: Mepasie)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil