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du 19 au 22 octobre 2014 (semaine 43)
 

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22 octobre 2014 - France
UNE EXPOSITION SUR L'ÉVANGÉLISATION DE LA CORÉE

Une exposition impressionnante aux Missions étrangères de Paris retrace l’épopée des missionnaires français envoyés en Corée entre 1831 et 1866 et presque tous morts en martyrs. Une extraordinaire page de l'histoire de l'Église.

Une tasse de fine porcelaine d’un côté, un grand crucifix de l’autre. Au milieu, un petit homme au regard perçant habillé en mandarin effleure de la main gauche sa croix pectorale ; nonchalamment posée sur l’accoudoir du fauteuil, sa main droite met en évidence l’anneau pastoral… Ce portrait de Mgr Jean Ferréol (1808-1853), vicaire apostolique de Corée, est l’une des pièces maîtresses de l’exposition qui nous dit l'inculturation de ces missionnaires.

Ce tableau d’un évêque occidental en costume chinois est typique du charisme des MEP, expliqué dès 1658 par le pape Alexandre VII : « Quoi de plus absurde que de transporter chez les Chinois la France, l’Espagne, l’Italie ou quelque autre pays d’Europe, écrivait-il aux premiers missionnaires. N’introduisez pas chez eux nos pays, mais la foi, cette foi qui ne repousse ni ne blesse ni les rites ni les usages d’aucun peuple. Empressez-vous de vous habituer à ces usages. »

Ce tableau à la fois naïf et maladroit est probablement la dernière image laissée par le jeune évêque de 37 ans avant de s’embarquer pour la Corée. Une sorte de testament ou d’adieu avant d’affronter les tempêtes de la mer de Chine, la vie clandestine des missionnaires puis la maladie qui l’emportera en 1853.

C’est à la fin du XVIIIe siècle que le catholicisme est arrivé en Corée, quand des lettrés coréens en ambassade à Pékin entrent en contact avec les jésuites de la cour impériale. Mais ils n'ont aucun prêtre.

Ils rapportent des livres de mathématiques, de géographie, d’astronomie… et de religion, avec lesquels ils se forment. « Un certain Hong Yu-han, par exemple, qui n’a jamais reçu le baptême, a lu plusieurs livres chrétiens et, d’emblée, a été conquis, raconte Mgr René Dupont, ancien missionnaire MEP en Corée et évêque émérite d’Andong.

Au point de prendre, tout seul, des habitudes de prière ; il célèbre même, à sa façon, une fois par semaine un “Jour du Seigneur ” et met en pratique la charité en partageant généreusement ses biens. »

Fin 1784, un de ses amis qui accompagne l’ambassade coréenne vient frapper à la porte des jésuites de Pékin et demande le baptême. De retour en Corée, il baptise à son tour. « Ces nouveaux chrétiens ont l’esprit missionnaire, poursuit Mgr Dupont. Sur des ritournelles traditionnelles, ils font passer le message, inventent des histoires allégoriques… Et, merveille ! les communautés poussent de-ci de-là comme des champignons, sans la présence d’aucun missionnaire ! »

« Quand les autorités coréennes apprennent que trois missionnaires sont entrés dans le pays, elles déclenchent une persécution générale des chrétiens et, pour arrêter le massacre, les trois missionnaires se livrent à la police et sont décapités en 1839 », raconte Mgr Dupont. Heureusement, deux séminaristes coréens se forment en Chine. Nommé successeur de Mgr Imbert, Mgr Ferréol – l’évêque du tableau – ordonne l’un d’eux et l’envoie en Corée.

Le futur saint André Kim revient quelque temps plus tard et emmène en Corée Mgr Ferréol. L’évêque a laissé le récit épique de sa traversée dans la tempête, les courants et les récifs et, tout comme la vie des premiers chrétiens de Corée, le caricaturiste Cho Hee Sung a peint spécialement pour l’exposition d’un trait vif et coloré.

Si André Kim est arrêté et exécuté dès l’année suivante, les chrétiens de Corée vont toutefois connaître quelques années sinon de répit, du moins d’accalmie. « De temps en temps, quelques missionnaires MEP entrent clandestinement, rapporte Mgr Dupont. Les chrétiens et les prêtres se cachent ; mais la police fait semblant de les ignorer. » En 1866, cependant, une nouvelle persécution est déclenchée : des milliers de chrétiens sont exécutés – on parle de 10 000 victimes.

Cette exposition ne se résume pas en quelques lignes. Elle se visite, 128 rue du Bac. 75007 Paris - « Corée : 1831-1866 – chrétiens coréens et missionnaires français, l’établissement d’une Église » est présentée jusqu’au 24 janvier 2015 (du mardi au samedi de 10 heures à 12 heures et de 13 heures à 18 heures) aux Missions étrangères de Paris. (128 rue du Bac, 75007 Paris). (source
: Mepasie)

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