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du 25 au 29 octobre 2014 (semaine 44)
 

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29 octobre 2014 - Indonésie
NOUS SOUHAITONS DISPOSER D'UNE ÉGLISE

Elu président de la République le 9 juillet, Joko Widodo doit, parmi les dossiers auxquels il devra apporter une réponse, figure celui de l'harmonie interreligieuse entre la très forte majorité musulmane et les minorités non musulmanes.

85 % des 240 millions d'Indonésiens sont musulmans et la plus importante des minorités est chrétienne avec environ 10 % de la population du pays.

Au cours du premier mandat de son prédécesseur, Susilo Bambang Yudhoyono (au pouvoir de 2004 à 2014), a été amendé un décret relatif à la construction des lieux de culte qui est venu durcir un texte de loi datant de 1969 concernant la construction des lieux de culte pour les six religions reconnues par les autorités indonésiennes (islam, protestantisme, catholicisme, hindouisme, bouddhisme et confucianisme).

La complexité des règles en vigueur et le droit de veto accordé de facto au voisinage font qu’il est extrêmement difficile pour un groupe religieux minoritaire d’obtenir un permis de construire pour un lieu de culte. A cela s’ajoute le fait que, même dans les cas où ce permis est accordé, des groupes islamistes se permettent de « faire le coup de poing », les autorités locales et la police préférant regarder ailleurs.

Ce décret de 2006 en est venu à symboliser les difficultés auxquelles se heurtent les religions minoritaires dans l’archipel indonésien.

Depuis 2006, une nouvelle législation relative à la construction des lieux de culte, tous les responsables d’Eglises qui doivent se débattre dans des procédures administratives et réglementaires sans fin.

Promulgué par le ministère des Affaires religieuses et celui de l’Intérieur, ce décret détaille des mesures extrêmement précises : pour toute construction d’un lieu de culte, les responsables de communauté doivent fournir les noms et signatures de 90 de leurs fidèles et obtenir le soutien, sous forme de signatures, d’au moins 60 résidents locaux, sans oublier le fait que le projet de construction doit être approuvé par le chef du village.

« Le plus souvent, les résidents locaux disent qu’ils ne veulent pas signer, explique la Rév. Nenoharan. Il y a trois ans, nous avons à nouveau tenté d’obtenir leurs signatures et nous les avons obtenues, mais notre projet a été retoqué par le chef du district, au prétexte qu’il ne voulait pas délivrer de permis de construire pour un lieu de culte. »

Les autorités gouvernementales ou locales, ne voulant pas être perçues comme « anti-islamiques », en arrivent souvent à sinon encourager du moins laisser agir des groupes musulmans extrémistes parce qu’ils estiment que la clé de leur réélection se trouve auprès du vote musulman.

« [Nos dirigeants] ne sont pas assez fermes. Même les agents de police se montrent incapables de faire appliquer la loi », poursuit le P. Susetyo, qui est aussi l’ancien secrétaire exécutif de la Commission des Affaires œcuméniques et interreligieuses de la Conférence des évêques d’Indonésie.

Il explique que, dans le cadre du système politique actuel, « s’agissant de la question de la liberté religieuse, les gouvernements locaux sont plus puissants que le gouvernement central ». Et Bonar Tigor Naipospos d’ajouter que « le gouvernement central ne réalise pas que les collectivités locales sont une partie du problème ».

Le ministre des Affaires religieuses, Lukman Hakim Saifuddin, a déclaré à l’agence Ucanews. « Nous allons étudier et évaluer les affaires au cas par cas. Toutes les parties vont s’asseoir autour d’une table. [Nous] ne devons pas perpétuer des situations où des erreurs ont été commises », ajoute-t-il. (source
: Mepasie)

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