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du 30 octobre au 2 novembre 2014 (semaine 44)
 

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2 novembre 2014 -
LA PATIENTE RÉVOLUTION DU PAPE FRANÇOIS
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Le Pape n’est pas resté silencieux pendant les deux semaines de synode. En fait, chaque jour, dans ses homélies matinales à la Maison Sainte-Marthe, il a développé les grands thèmes de sa pensée et des changements qu'il veut introduire.

Par exemple, en ce qui concerne l’homosexualité et le divorce, si le synode n’est pas parvenu à un accord, lui a donné le sens de ce qu'il poursuit dans les réalités pastorales. En fin de compte, c’est lui qui décidera. Et les changements qu’il veut introduire, il les a déjà en tête ou plutôt il les met déjà en pratique. C'est ce que relève Sandro Magister dans "Chiesa" et le commentaire de Paul Anthony McGavin.

A Sainte Marthe, il a fustigé les fanatiques de la tradition, ceux qui placent sur les épaules des êtres humains des fardeaux insupportables, ceux qui n’ont que des certitudes et jamais de doutes. Ceux-là même auxquels il s’est attaqué dans le discours de conclusion qu’il a prononcé devant les Pères synodaux.

Il veut que le synode oriente la hiérarchie catholique vers une nouvelle perception du divorce et de l’homosexualité et il y a réussi, bien que le nombre de voix favorables au changement ait été faible lors des votes qui ont eu lieu au bout de deux semaines de discussions enflammées.

En tout cas, ce sera lui qui, en fin de compte, prendra les décisions, comme il l’a rappelé à ceux des cardinaux et des évêques qui auraient encore eu quelques doutes à ce sujet. Pour leur rafraîchir la mémoire à propos de sa puissance "suprême, pleine, immédiate et universelle", il a fait appel non pas à des extraits de la Constitution "Lumen gentium" mais aux canons du code de droit canonique.

Lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, il autorisait les "curas villeros", ces prêtres qu’il envoyait dans les périphéries, à donner la communion à tout le monde, même si les quatre cinquièmes des couples n’étaient pas mariés. Et, depuis qu’il est pape, il ne craint pas d’encourager, par téléphone ou par lettre, des fidèles [divorcés] qui ont convolé en secondes noces à recevoir tranquillement la communion, tout de suite, sans même le préalable de ces "démarches de pénitence sous la responsabilité de l’évêque diocésain" dont il a été question au cours du synode, et il ne donne aucun démenti lorsque ces gestes viennent à être connus.

Ses pouvoirs absolus de chef de l’Église, Jorge Mario Bergoglio les exerce aussi de cette manière. Et lorsqu’il insiste pour que l'ensemble de la hiérarchie catholique le suive dans cette voie, il sait très bien qu'il ouvre la voie à un changement bien plus radical et concernant beaucoup plus de gens, en faveur de la "possibilité d’un second mariage", ce qui implique la dissolution ou la non-existence sacramentelle du premier. Cette possibilité est admise dans les Églises orthodoxes d'Orient et François avait déclaré, peu de temps après avoir été élu pape, "il faut l’étudier" aussi pour l’Église catholique, "dans le cadre de la pastorale du mariage".

Il n'a pas attendu le synode pour dire quelle était sa pensée. C’est au mois de juillet 2013 qu'l a rendu publique cette volonté. Mais, lors de cette même interview dans l’avion qui le ramenait du Brésil, il a également ouvert un chantier en ce qui concerne l'homosexualité, avec son mémorable "qui suis-je pour juger ?". Formule qui a été universellement interprétée comme absolvant des actes qui étaient depuis toujours condamnés par l’Église mais qui maintenant ne le sont plus, s’ils sont commis par quelqu’un qui "cherche le Seigneur avec bonne volonté".

La révolution de Bergoglio progresse ainsi, "à longue échéance, sans l'obsession de résultats immédiats". Parce que "l'important, c’est de lancer les processus plutôt que d’occuper les espaces". Comme le dit "Evangelii gaudium", qui a pour auteur Benoît XVI et qui constitue le programme de son pontificat. (source
: Chiesa)

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