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du 23 au 26 novembre 2014 (semaine 48)
 

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26 novembre 2014 - Chine
L'ACCORD N'EST PAS POUR DEMAIN

« Ne vous laissez pas abuser par les soi-disant propositions de Pékin : un accord n’est pas pour demain », écrit Dan Long qui décrypte la proposition chinoise et invite à la plus grande prudence quant à une possible conclusion prochaine.

Derrière le pseudonyme de Dan Long se cache un journaliste basé à Pékin qui suit l’actualité de la région depuis plus d’une décennie, signale "EDA" -"Églises d'Asie".

Les agences de presse internationales se sont fait l’écho ces jours derniers d’articles de presse parus en Chine évoquant une proposition que Pékin aurait faite au Vatican à propos du mode de désignation des évêques de l’Eglise catholique en Chine continentale.

Dans son édition du vendredi 21 novembre, le Huanqiu Shibao (Global Times), voix très officielle de la presse chinoise, et média connu pour sa ligne résolument nationaliste, a cité une source anonyme proche du dossier selon laquelle les candidats à l’épiscopat seraient choisis après accord entre la Conférence des évêques catholiques de Chine et l’Administration d’Etat pour les affaires religieuses, puis présentés au Vatican pour qu’ils soient ordonnés.

L’Association patriotique des catholiques chinois a affirmé qu’elle espérait recevoir une réponse du Vatican d’ici le début de l’année 2015. Le Saint-Siège n’a pas fait connaître sa réaction.

A première vue, les nouvelles rapportées dans la presse chinoise à la fin de la semaine dernière quant à une possible avancée dans les relations sino-vaticanes semblent très positives. Alors qu’avait filtré le fait qu’au cours des derniers dix-huit mois, le pape François et le président Xi Jinping avaient échangé des courriers, et que l’avion papal avait, – c’était une première – , été autorisée en août dernier à traverser l’espace aérien chinois, le Wenweipo, un quotidien pro-Pékin de Hongkong, a rapporté la semaine dernière qu’un accord était sur le point d’être conclu au sujet de la nomination des évêques en Chine continentale, ce sujet étant la principale pierre d’achoppement empêchant la normalisation des relations diplomatiques entre Rome et Pékin.

Mais d’après ce que nous pouvons savoir des négociations secrètes qui existent entre les deux parties, cette nouvelle n’en est pas vraiment une et s’apparente plutôt à un classique coup à double détente du régime communiste : même s’il semble bien que des discussions soient en train d’avoir lieu et des compromis d’être négociés, la conclusion d’un accord semble tout sauf certaine.

Ce que cet article du Wenweipo signifie vraiment, c’est que nous sommes en présence d’une annonce délivrée volontairement par le Parti communiste afin de faire pression sur le Vatican et de l’amener à accepter sa proposition, tout en générant un courant de sympathie pour sa position, de manière à ce qu’au cas où les pourparlers échoueraient – ce qu’ils ne manqueront pas de faire –, Pékin puisse en rejeter la faute sur le Vatican.

Qu’un responsable anonyme du Parti communiste fasse « fuiter » des détails sur ces négociations secrètes et qu’il le fasse auprès d’un quotidien pro-Pékin pour qu’ensuite l’ensemble de l’affaire soit repris par le Global Times, journal du continent considéré comme défendant une ligne nationaliste dure, tout ceci ne ressemble que trop à une tactique chinoise familière.

Avec un bilan désastreux en matière de liberté religieuse et le fait que la Chine est l’un des six pays au monde qui ne soient pas parvenus à établir des relations diplomatiques avec le Saint-Siège – les cinq autres étant la Corée du Nord, la Birmanie, le Laos, Brunei et le Vietnam –, c’est bien à Pékin qu’il incombe de faire des compromis.

Une réponse du Vatican n’est pas nécessaire, étant donné que le Pape en personne a déjà indiqué la position de l’Eglise sur cette question, et c’est bien cela qui rend improbable la conclusion à court terme d’un accord entre les deux parties.

En août dernier, dans l’avion papal de retour de Corée, et alors qu’il était au-dessus du sol chinois, le pape François a été on ne peut plus clair : « Nous respectons le peuple chinois. L’Eglise demande seulement la liberté d’accomplir son œuvre, son travail. Il n’y a aucune autre condition, a-t-il déclaré. Ensuite, nous ne devons pas oublier la lettre fondamentale pour les questions chinoises qui a été adressée aux Chinois par le pape Benoît XVI. Cette lettre est toujours d’actualité et pertinente. Il est bon de la relire. » (source
: Mepasie)

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