Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 3 au 6 décembre (semaine 49)
 

-
6 décembre 2014 - Chine
L
ES AUTORITÉS S'EN PRENNENT AUX FAMILLES DES DISSIDENTS

Dans la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, la répression s’accroît et vise de plus en plus les familles des dissidents condamnés, en leur infligeant des sanctions financières qui les privent de tout moyen d'existence.

Le 4 juillet dernier, le Rév. Zhang, dirigeant d’une Eglise protestante pourtant reconnue par l’Etat, était condamné à 12 ans de prison pour « troubles à l’ordre public », la sentence la plus sévère émise à l’encontre d’un chrétien en Chine depuis des décennies – ainsi qu’à verser une amende de 700 000 yuans (92 000 euros).

Afin de régler l’amende, le tribunal a ordonné de saisir les biens du pasteur et de vendre la maison et la voiture de la famille. Le 14 novembre, les fonctionnaires de Nanle se sont présentés au domicile du Rév. Zhang afin de faire exécuter l’ordre d’expulsion de la famille du pasteur, mais ils ont dû y renoncer face à la détermination de la mère de celui-ci, Mei Xian, qui a menacé de s’immoler par le feu, « un briquet dans une main, un bidon d’essence dans l’autre ».

Des cas comme celui de la famille du pasteur Zhang se multiplient actuellement en Chine, tout particulièrement dans la région troublée du Xinjiang. Ainsi celui de l’universitaire ouïghour Ilham Tohti, 45 ans, qui a été condamné en septembre dernier par un tribunal d’Urumqi, à la prison à vie pour « activités séparatistes ».

Là aussi, à cette sentence d’une sévérité exceptionnelle, et dénoncée par la communauté internationale comme «incompréhensible, inique et ignominieuse », le gouvernement a décidé d’ajouter la saisie de tous ses biens. Dès son arrestation en janvier 2015, les autorités gelaient ses comptes bancaires, avant de saisir 850 000 yuans (111 000 euros), peu avant sa présentation devant la Cour d’appel la semaine dernière, laquelle, sans surprise, a confirmé le verdict de la prison à perpétuité.

Dans le cas du pasteur Zhang, le tribunal de Nanle a condamné le leader chrétien, non seulement pour « troubles à l’ordre public » mais également pour « fraude », se fondant sur la dénonciation d’un unique témoin, Li Cairen, qui n’a jamais comparu devant le tribunal. Le pasteur a été accusé d’avoir aidé Li Cairen à obtenir des compensations financières après la mort de son fils dans un accident industriel, avant de chercher à lui extorquer de l’argent, des faits que le Rév. Zhang a toujours niés, ainsi que sa famille et ses avocats.

Selon China Aid, qui suit l'affaire des chrétiens de Nanle depuis l'arrestation de leur pasteur et de 23 fidèles en novembre dernier, ces accusations ont été « montées de toutes pièces » par les autorités qui gardent « au secret » le témoin mystérieux. Le fait est fréquent « lorsque les autorités désirent réduire des dissidents au silence sans pour autant avoir à justifier de faits établis », rapporte l’ONG .

Cependant, s’il « est habituel que le gouvernement utilise de fausses accusations pour faire tomber des personnes considérées comme des menaces pour l’Etat », analyse Maya Wang de l’ONG Human Rights Watch, « les peines de prison sont bien moins sévères que celles prononcées à l’encontre du Rév. Zhan et d’Ilham Tohti, et elles sont rarement accompagnées de pareilles sanctions financières ».

La répression qui sévit actuellement dans le Xinjiang touche tous les aspects de la culture ouïghoure, dont la langue qui se retrouve évincée par le mandarin, rendu obligatoire par Pékin dans toutes les écoles de la région. La condamnation d'Abduweli Ayup est, selon les organisations de défense des droits des Ouïghours, un « avertissement » du gouvernement chinois destiné à tous ceux qui s'opposent à la sinisation du Xinjiang. (source
: Mepasie)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil