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du 18 au 20 décembre 2014 (semaine 51)
 

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20 décembre 2014 -
L'ATHÉISME CHEZ LES JEUNES MUSULMANS

Dans le monde arabe, on pouvait certes critiquer les personnes chargées de la religion, mais jamais critiquer la religion musulmane elle-même. Cela pouvait coûter la vie à celui qui s’y risquait, ou du moins le jeter en prison.

Le mot d’ordre “l’islam est la solution” a été scandé durant toute l’ère moderne comme une réponse toute faite à toutes les questions en suspens et à tous les problèmes complexes du monde musulman.

Mais la création de l’Etat islamique par Daech et la nomination d’un “calife ayant autorité sur tous les musulmans” soulèvent de nombreuses questions. Le “califat islamique” a délié les langues. Les critiques ne visent plus seulement les mauvaises interprétations de la religion, mais la religion elle-même. Elles mettent en doute jusqu'au texte du Coran lui-même qui est le fondement de la religion . Et le doute atteint et pas seulement son interprétation, pour aller jusqu"à l’idée même d’une solution religieuse aux problèmes du monde musulman.

La proclamation du califat ne peut être considérée que comme la concrétisation des revendications de tous les partis et groupes islamistes, à commencer par l’Egyptien fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, au début du XXe siècle. Au cours de ces trois dernières années, il y a eu autant de violences confessionnelles en Syrie, en Irak et en Egypte qu’au cours des cent années précédentes dans tout le Moyen-Orient.

Les conversions de quelques jeunes occidentaux ne doivent pas obturer le fait que les violences entre les différents courants islamiques provoquent un désenchantement chez les jeunes Arabes, non seulement vis-à-vis des mouvements islamistes, mais aussi vis-à-vis de tout l’héritage religieux.

Ainsi, en réaction au radicalisme religieux, une vague d’athéisme se propage désormais dans la région. L’affirmation selon laquelle “l’islam est la solution” commence à apparaître de plus en plus clairement comme une illusion. Cela ouvre le débat et permet de tirer les leçons des erreurs commises ces dernières années.

Peu à peu, les intellectuels du monde musulman s’affranchissent des phrases implicites, cessent de tourner autour du pot et de masquer leurs propos par la rhétorique propre à la langue arabe qu’avaient employée les critiques musulmans du XXe siècle, notamment en Egypte.

C’est sur l' héritage de toute une tradition des écrivains des VIIIème-IXème que s’appuie la désacralisation actuelle des concepts religieux et des figures historiques, relayée par les réseaux sociaux, lieu de liberté pour s’exprimer et débattre.

Le bouillonnement actuel du monde arabe est à comparer à celui de la Révolution française. Celle-ci avait commencé par le rejet du statu quo. Au départ, elle était dirigée contre Marie-Antoinette et, à la fin, elle aboutit à la chute des instances religieuses et à la proclamation de la république. Ce à quoi, disent les spécialistes religieux de l'Islam, auquel nous assistons dans le monde musulman.

Il n'y a pas que quelques pôles qui se révèlent, il y a tout un mouvement de fond pour changer de cadre intellectuel, un mouvement qui traverse et mine des zones entières de l'Islam aussi bien en Indonésie qu'au Pakistan. Les violences font ainsi apparaîtr un raidissement des conservateurs intégristes devant une mondialisation qui fait rencontrer à l'Islam d'autres visions religieuses, qu'elle soit hindouiste ou chrétiennes

La présence évangélique et caritative du christianisme rend possible aux jeunes islamistes une autre vision de la rencontre de Dieu avec chaque homme. Les réactions violentes ne doivent pas nous cacher que l'athéisme n'est qu'un passage vers une autre réalité de l'être et de la vie. Et pour cela des années seront nécessaires.

Ce à quoi nous assistons dans le monde musulman est un mouvement de fond pour changer de cadre intellectuel, et pas simplement de président. Et pour cela des années de lutte seront nécessaires, écrit Omar Youssef Suleiman
, sociologue égypytien, cité dans le "Courrier international". (source : FR-expert)

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