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3 janvier 2015 - Malaisie
LES LIVRETS DE CHANTS ONT ÉTÉ RESTITUÉS

Après deux semaines de conflits et de pressions, dans le cadre de la controverse sur l’utilisation du mot 'Allah' par les non-musulmans , les 31 livrets de cantiques confisqués au P. Cyril Mannayagam ont été rendus au prêtre catholique.

Tout avait commencé le 5 décembre dernier, lorsque le P. Cyril Mannayagam a fait porter le recueil de chants à un service de reprographie de Tangkak dans l’Etat de Johor, pour le faire photocopier à une trentaine d’exemplaires en vue de la célébration de Noël. Quatre heures plus tard, alors qu’il revenait chercher les copies, il se trouvait face à deux policiers en civil qui l’attendaient.

Les deux hommes l’emmenèrent au poste, ainsi que le paroissien qui l’accompagnait, les arrêtant « pour avoir fomenté des troubles et incité à la haine religieuse » au titre de l'article 298A du Code pénal. « Quand je leur ai demandé pourquoi ils m’arrêtaient, ils m’ont répondu que le mot 'Allah' ne pouvait être utilisé que par les musulmans ».

Lors de l’interrogatoire qui suivit, il est ensuite reproché au prêtre d’avoir voulu commercialiser les « livres » en question, en fait de simples photocopies à usage privé ne pouvant tomber sous le coup de l’article 298 A. Le prêtre tente d’expliquer, en vain, que ces livrets de cantiques intitulés « Kepujian kepada Tuhan Allah » (« Louange à Dieu ») ne sont pas destinés à la vente mais à l’usage de ses paroissiens aborigènes, les Orang Asli qui en ont besoin pour la célébration de Noël.

Il rappelle en outre aux policiers que la communauté aborigène de Johor utilise ce type de carnets de chants sans problèmes depuis de nombreuses années pour ses différentes célébrations, et que le mot 'Allah' pour dire 'Dieu' est attesté dans la région depuis des siècles.

Après de longues négociations menées par son avocat, Me Andrew Khoo, le prêtre est finalement relâché mais ne peut récupérer ses livrets qui sont confisqués. Son avocat fait valoir de son côté que l’arrestation du P. Mannayagam et la confiscation des livrets sont invalides, cet article de loi ayant été en 1988 déclaré inconstitutionnel dans des cas comme celui concernant aujourd’hui son client.

« Il s’agit d’une claire violation de la liberté de religion garantie par la Constitution fédérale, ainsi que de la Résolution en 10 points (2) approuvée par le gouvernement en 2011 », précise-t-il. L’utilisation de l’Alkitab ('Le Livre', la Bible en malais), ainsi que l’emploi de « mots interdits » comme 'Allah' dans le cadre des célébrations chrétiennes et de leurs publications (avec la mention « destiné aux chrétiens ») - sont autorisés s’ils ne peuvent être assimilés à des actes de prosélytisme, explique-t-il encore.

Dernier avatar de la polémique sur l’utilisation du mot 'Allah'par les chrétiens, cet incident survient alors que vient à peine de retomber l’effervescence médiatique créée par l’affaire des bibles des chrétiens de Sarawak. Ces bibles avaient été saisies en janvier dernier par le ministère des Affaires religieuses islamiques du Selangor (JAIS), au titre de l’interdiction de l’utilisation du mot 'Allah' par les non-chrétiens. Le 14 novembre, après de nombreuses et houleuses péripéties, elles avaient été enfin restituées à l’ACS, lors d’une cérémonie publique, présidée par le sultan de Selangor lui-même.

Dans l’affaire des livrets de chants des Orang Asli, la pression médiatique semble avoir joué un rôle certain, commente aujourd’hui 19 décembre le "Malaysian Insider" qui avait dès le lendemain des faits, qualifié l’arrestation du P. Mannayagam et la confiscation des 31 recueils par la police de « bourde monumentale ».

La restitution des « ouvrages appelant à la haine religieuse » s’est faite, semble-t-il, dans la plus grande discrétion hier soir, au poste de police de Tangkak.

Selon les sources officielles, la Malaisie compte 60 % de musulmans, 19 % de bouddhistes, 9 % de chrétiens (dont 3,5 % de catholiques environ) (source
: Mepasie)

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