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3 janvier 2015 - Sri Lanka
LA VISITE APOSTOLIQUE : DILEMNES ET PIÈGES

Pour en saisir toute l'importance et toutes les conditions de son déroulement, nous vous recommandons de vous reporter aux 4 dossiers, très documentés, édités par les "Missions Étrangères de Paris", dans leur site "
Mepasie".

Les dossiers sur les Philippines seront dans la prochaine Newsletter.

La visite du Pape au Sri Lanka se déroulera malgré les nuages qui se sont rassemblés dans les derniers mois. Le Pape est en fait, qu'on le veuille ou non, l'un des facteurs de la campagne électorale, qui se déroule entre deux candidats pour des résultats qui promettent d'être très équilibrés. Et, espérons-le, «libre de toute violence", ce que les deux ont appelé dans une déclaration commune.

Le premier élément est l'exploitation inévitable: bien que les évêques aient invité les candidats de ne pas essayer de bénéficier de '' l'effet François ". Le président reçoit, officiellement le Pape, mais il y a aussi les bons offices du cardinal Malcolm Ranjith.

Le deuxième enjeu, en fait, est la crédibilité internationale du président Rajapaksa. Au cours des cinq dernières années, le gouvernement du Sri Lanka a vu son image se dégrader étant donné les accusations, jusque devant l'ONU, des violations des droits humains qui ont eu lieu au cours de la dernière phase de la guerre civile en 2009.

'L'image du gouvernement est altérée et ternie par l'injustice et l'impunité pour les violations de l'armée et les disparitions de militants (y compris certains prêtres catholiques), mais surtout le lexique méprisant qu'utilise aujourd'hui le gouvernement utilise pour prévenir la réconciliation entre les deux populations du Sri Lanka. Avec la visite du Pape, Rajapaksa aura la possibilité de "nettoyer" son image.

Les catholiques représentent 6,5 % de la population qui est à 70% bouddhiste. Mais les catholiques sont loin de se réunir et le Pape est face à ce dilemme. Tout catholique vit la présence de François comme un privilège extraordinaire accordée au pays. Pourra-t-elle générée un entente au sein des communautés ecclésiales...

L'île qui était autrefois appelée "la perle de l'océan Indien," est devenue ces derniers temps, "la déchirure de l'océan Indien." Il est important que le Pape arrive à une époque marquée par la discrimination et les abus.

Cependant, tout en mettant ce voyage dans une perspective de paix et de réconciliation, qui est celle du Pape, la possibilité d'une manipulation reste possible.

Associations et organisations de la société civile au Sri Lanka, en fait, font pression pour un changement de gouvernement, critiquant la corruption, le népotisme, l'oppression politique. Et dans le vote présidentiel, c'est un concours entre les deux candidats du parti à la fois cinghalais et bouddhistes d'autant que l'actuel président se veut en "contiguité" avec le cardinal Ranjith, essayant ainsi d'être apprécié comme un «ami des catholiques.

La visite prévue au sanctuaire symbolique de Madhu, dans le pays tamoul, ne sera pas suffisante pour fermer les plaies qui sont encore ouvertes, cinq ans après la fin de la guerre civile.

Même parmi les évêques souffle le vent du mécontentement. L'évêque d'Anuradhapura, Mgr Norbert Andradi, avait exprimé des doutes sur le voyage, mais plus tard s'est réaligné sur la position officielle de l'épiscopat.

Mgr Joseph Rayappu, qui est tamoul, a dénoncé dans une interview à "Eglises d'Asie", «le plan machiavélique" que le gouvernement, avec 70% des forces militaires nationales stationnées dans les régions tamoules, continue de maintenir par une violation systématique des droits, par la confiscation des terres et la construction de temples bouddhistes dans le but de "modifier la composition démographique 'et de réduire les Tamouls à une «réserve indienne».

Avec le voyage du Pape François et un président prêt à tirer profit de ses avantages, une partie de l'Église sri-lankaise se sent piégée. Le correspondant romain qui a écrit ce commentaire, Paul Affatato, conclut : "Ce sera au Pape de rassembler l'Église dans ce jeu délicat."

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