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du 27 au 31 décembre 2014
et du 1 au 3 janvier 2015 (semaine 01)
 

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3 janvier 2015 - Sri Lanka
QUATRE DOSSIERS POUR APPROFONDIR NOTRE CONNAISSANCE


1 - Catholiques cingalais et tamouls :
des chemins différents vers la réconciliation

Le conflit ethnique du Sri Lanka est caractérisé par la distance grandissante qui sépare les bouddhistes cinghalais des hindous tamouls. voire même à un moindre degré, les catholique tamouls et les catholiques cinghalais.

La communauté catholique, qui rassemble quelque 7 % des 20 millions de Sri Lankais, présente la particularité de compter à la fois des Tamouls et des Cinghalais, là où les bouddhistes se trouvent uniquement parmi la majorité cinghalaise de la population et les hindous parmi sa composante tamoule.

Pourtant, en dépit de l’appartenance à une même foi chrétienne, l’observateur extérieur ne peut manquer d’être frappé par le manque de communication, voire les signes de division, qui existent entre catholiques tamouls et catholiques cinghalais.

Le christianisme a d’abord été introduit par des commerçants syriens au VIème siècle, comme en témoigne une église découverte dans la région d’Anouradhapoura. Avec l’arrivée des Portugais, un grand nombre de Tamouls se sont convertis au catholicisme tout en gardant leurs traditions.

Les catholiques présents actuellement sur l’île sont issus en majorité de castes de pêcheurs d’origine sud-indienne. Les deux tiers s’identifient aux Cingalais et l’autre tiers aux Tamouls. L’Eglise catholique vit mal ces divisions, ainsi que la condamnation par Rome de prêtres proches des positions de la Théologie de la libération.

Les bouddhistes, d'obédience theravada, représentaient 69,1 % de la population en 20011. Cependant, la Constitution de 1972 n'a pas donné au bouddhisme le statut de religion d'État. Elle lui reconnaît une place privilégiée, mais garantit l'égalité de traitement aux autres croyances.

On lira dans ce dossier, l'analyse faite par Bernardo E. Brown, universitaire sri-lankais.

2 - La situation des minorités tamoule et musulmane
depuis la fin de la guerre en mai 2009.


A cette date a été mis fin à plusieurs décennies de guerre opposant l’Etat central sri-lankais aux séparatistes du Liberation Tigers of Tamil Eelam (LTTE). Si officiellement, la population civile tamoule a été libérée des séparatistes et l’unité nationale restaurée, il n’en reste pas moins que le traitement réservé aux civils tamouls a soulevé des questions

Malgré les déclarations du gouvernement, qui prétend que la présence de l’armée (surtout cinghalaise) dans le Nord et l’Est de l’île a été réduite, cette dernière est omniprésente dans ces provinces à majorité tamoule.

Le gouvernement du président actuel qui recevra le Pape, Mahinda Rajapaksa tente systématiquement de réduire au silence les voix dissidentes, les personnes et les institutions qui appellent à suivre une autre voie pour favoriser la réconciliation et la coexistence.

Des détracteurs du gouvernement ont fait l’objet d’intimidations verbales et physiques ; certains ont été attaqués, et même tués. Les journalistes, et les magistrats sont visés par la répression. Enfin, le gouvernement multiplie les arrestations des défenseurs des droits de l’homme pour les faire taire.

Ceci est extrait du dossier de Delon Madavan géographe qui a soutenu une thèse à l’Université Paris-IV - Sorbonne intitulée Les minorités tamoules à Colombo, Kuala Lumpur et Singapour" . Rejoindre "Mepasie"

3 - Religions et politique à l’ère post-coloniale

Afin de décrypter comment religions et politique interagissent au Sri Lanka, Eglises d’Asie reproduit ici une étude d’Eric Meyer parue dans l’ouvrage "Politique et religions en Asie du Sud : Le sécularisme dans tous ses états". Historien, professeur émérite à l’INALCO, Eric Meyer est un spécialiste reconnu du Sri Lanka.

L’émergence parallèle des nationalismes tamoul et singhalais à la période post-coloniale, qui a conduit à la guerre menée par les séparatistes tamouls du nord et de l’est pour la création d’un État indépendant (Tamil Eelam), s’est faite sur des bases dissymétriques : les nationalistes tamouls se sont battus au nom de la défense d’une langue, d’une culture et d’un territoire, non d’une religion.

Si les musulmans, locuteurs de tamoul, ne les ont pas rejoints, les chrétiens étaient aussi nombreux que les hindous dans leurs rangs. En revanche, les nationalistes cinghalais ont lutté au nom de la défense d’une langue, d’une culture et d’un territoire identifiés à une religion, le bouddhisme. Le refus de la « bouddhisation » a nourri le nationalisme tamoul. Il a conduit à des attentats visant les symboles du bouddhisme.

Il serait néanmoins erroné d’interpréter le conflit sri-lankais comme une guerre de religions. La mobilisation politique sur une base religieuse ne s’est produite que lorsqu’elle était sur-déterminée par d’autres facteurs identitaires. Lire l'ensemble du dossier.

4 - « La période qui s’ouvre est une période de tous les dangers »

Pour les catholiques sri-lankais, la visite que le pape François doit effectuer dans leur pays du 13 au 15 janvier prochain est attendue avec autant de joie que d’appréhension.

Joie car la précédente visite d’un pape remonte à celle de Jean-Paul II en 1995. Avec joie. Le Pape François vient conforter une communauté minoritaire (7 % des 20 millions d’habitants de l’île) qui a souffert, à l’image du pays tout entier, des années de guerre qui ont opposé l’armée gouvernementale aux Tigres tamouls, jusqu’à la défaite de ceux-ci au printemps 2009.

Et avec appréhension car le président sortant a convoqué une élection présidentielle pour le 8 janvier, à cinq jours seulement de l’arrivée du Pape à Colombo et beaucoup craignent que les violences qui entachent habituellement les périodes électorales dans ce pays ne viennent perturber une visite qui sera placée sous le signe de la paix et de la réconciliation

Pour tenter de décrypter les enjeux de cette actualité complexe, Eglises d’Asie a interviewé Eric Meyer et Delon Madavan.

Eric Meyer est historien ; professeur émérite à l’INALCO, il est un spécialiste reconnu du Sri Lanka. Delon Madavan, géographe, a soutenu une thèse à l’Université Paris-IV - Sorbonne intitulée « Les minorités tamoules à Colombo, Kuala Lumpur et Singapour : Minorités, intégrations socio-spatiales et transnationalités » .

Source : Mepasie
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