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du 8 au 11 avril 2015 (semaine 15)
 


- 11 avril
2015 -Chine
DIVERGENCES ROMAINES DEVANT UNE SITUATION COMPLEXE

Les cardinaux s’affrontent à propos de la Chine. "Il vaut mieux pas d’accord du tout qu’un mauvais accord", affirme le cardinal Zen, archévêque de Hong-Kong, qui critique le cardinal Parolin, le Secrétaire d’État. Le Pape garde le silence.

" Si j’ai envie de me rendre en Chine ? Mais bien sûr : demain ! Simplement, l’Église demande d’être libre dans l’accomplissement de sa mission, il n’y a aucune autre condition". Voilà ce que disait le Pape le 18 août de l’année dernière, pendant qu’il traversait l’espace aérien chinois, une première pour un Pape.

Depuis cette date, sept mois se sont écoulés et les déclarations de disponibilité pour un "dialogue fructueux" se sont multipliées, mais le Pape garde le silence à ce sujet. Mais des déclarations ont été formulées par le cardinal Secrétaire d’État et par le P. Federico Lombardi. Du côté chinois, par celles des porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying et Hong Lei.

Au début du mois de mars, le Père Lombardi a accordé une longue interview à Phoenix TV, une chaîne de télévision de Hong-Kong qui est proche du gouvernement central. À cette occasion il a notamment émis le souhait que soit trouvé, pour les ordinations épiscopales en Chine, un accord du même genre que celui - mis au point par Parolin lui-même quand il était sous-secrétaire de la section pour les relations avec les États de la secrétairerie d'État - qui existe actuellement avec le Vietnam.

Dans ce pays, en effet, le Saint-Siège présente un candidat de son choix au gouvernement. Si ce dernier ne l’approuve pas, le Saint-Siège en présente un autre et ainsi de suite jusqu’au moment où l’on parvient à un choix satisfaisant pour les deux parties.

Au nom du ministère des Affaires étrangères chinois, le porte-parole Hong Lei s’est fait l’écho de cette interview du Père Lombardi dans des déclarations manifestant une volonté de détente qu’il a faites au quotidien de langue anglaise "Global Times", qui exprime les points de vue du parti communiste. Toutefois celles-ci étaient accompagnées de ce coup de frein :

"Jeudi [12 mars], à la suite de la proposition faite par le Vatican de procéder conjointement à une révision de la question des ordinations épiscopales, Pékin a invité celui-ci à tenir compte de la tradition historique et de la réalité des catholiques en Chine".

Les ordinations d’évêques sont effectivement une question cruciale pour l’Église catholique en Chine.

À l’époque de Mao Zedong, dans les années Cinquante, les autorités communistes ont décidé de s’attribuer les nominations d’évêques. C’était une façon de créer les structures d’une Église asservie au régime, indépendante de Rome et potentiellement schismatique, mais également en conflit avec les évêques et les prêtres chinois fidèles au Pape mais non reconnus par le gouvernement et donc en situation d’illégalité permanente et de très grande vulnérabilité.

Après la fin du maoïsme, le Saint-Siège est parvenu à se réconcilier avec une partie des évêques illégitimes. Cependant les autorités de Pékin n’ont jamais abandonné la "tradition" qui avait été inaugurée par Mao. Celle-ci continue à fonctionner à travers un organe de direction et de contrôle, “l’association patriotique des catholiques chinois”, et un organe d’expression formelle : une conférence des évêques fantoche qui n’a jamais été reconnue par Rome.

Les efforts du Vatican pour rétablir l'unité et la fidélité de l’Église chinoise ont atteint leur point culminant avec la publication, en 2007, d’une lettre adressée par le pape Benoît XVI aux catholiques de Chine, un document que le Pape François a qualifié de "fondamental" et d’"actuel" et dont, par conséquent, il approuve les lignes directrices.

Rappelons les faits réels. Des milliers de catholiques chinois avaient célébré le 22 mars 2014 les obsèques de l'ancien évêque « clandestin » de Shanghai, décédé à l’âge de 96 ans alors qu’il se trouvait assigné à résidence.

Le gouvernement chinois ayant interdit le transfert de la dépouille de Mgr Joseph Fan Zhongliang dans la cathédrale du diocèse, les funérailles se sont déroulées dans un funérarium de la ville où les autorités communistes n'ont pu faire autrement que de laisser les fidèles affluer.

Un nouvel évêque a été nommé par Rome. Or Shanghai continue à être privé de son nouvel évêque, Mgr Thaddeus Ma Daqin, ordonné en juillet 2012 avec l’accord du Pape et l’agrément de Pékin, qui a été placé par les autorités chinoises en résidence surveillée au grand séminaire de Sheshan et ne peut pas exercer ouvertement son ministère.

Il avait en effet quitté, après son ordination, l’Association patriotique des catholiques chinois (APCC), l'instance de contrôle du régime, pour se consacrer entièrement à son diocèse. Cela a été perçu comme un geste de défiance sans précédent de la part d’un évêque «officiel». (source
: Chiesa)

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