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du 10 au 13 mai 2015 (semaine 20)
 


- 13 mai
2015 - France
L'ÉGLISE DEVANT LA SEXUALITÉ DES ADOLESCENTS

La vie sexuelle des 10-18 ans est au cœur des préoccupations des parents et des éducateurs et les familles catholiques n’échappent pas à la règle, et ces préoccupations ont fait l’objet d’une enquête menée dans le diocèse de Versailles.

Pour leur donner des repères, Mgr Éric Aumônier a déclenché la tenue d’assises sur cette question. Le sujet a été abordé sans détour, sans angélisme ni catastrophisme.

Les vendredi 8 et samedi 9 mai ont eu lieu ces assises pour la formation affective et sexuelle des jeunes (10-18 ans)

L'idée de ces assises vient en droite ligne du synode diocésain : « Des Assises diocésaines pour la formation affective et sexuelle des jeunes » dont la finalité est de « manifester l’enjeu crucial des questions liées à la formation affective et sexuelle des jeunes, tant pour les jeunes eux-mêmes que pour l’ensemble de la société », ainsi que de « réaffirmer l’intérêt et l’engagement de l’Eglise diocésaine dans cette formation ».

Elles ont donné des éclairages et des réponses aux parents et aux éducateurs.

Les conférenciers se sont exprimés sans détours. Jean Matos, consultant en bioéthique et formateur à l’archevêché de Rennes, prévient son public composé de parents, enseignants, prêtres, éducateurs ou catéchistes : comprendre la vie affective et sexuelle des 10-18 ans implique de suspendre son jugement et de partir de la réalité telle qu’elle est. « Sans catastrophisme, ni angélisme. »

Quelques chiffres tout d’abord, pour se convaincre qu’il ne s’agit pas seulement des enfants des autres. Un tiers des consommateurs de sites pornographiques sont des adolescents, dont les trois quarts ont moins de douze ans.

En classe de CM2, la moitié des élèves ont déjà visionné des films ou des images pornographiques. Enfin, 30 à 40 % des premiers rapports sexuels ont lieu sous l’emprise d’alcool.

Quant aux préoccupations des jeunes, elles ont fait l’objet de cette enquête menée en milieu scolaire dans le diocèse de Versailles, toutes tranches d’âges et milieux sociaux confondus.

Des publicités, des clips au succès mondial où la frontière entre masculin et féminin, les relations hétérosexuelles et homosexuelles s’estompent, « ont été visionnées des centaines de millions de fois sur Youtube, prévient le conférencier. Elles sont dans l’air du temps, mais n’allez pas en conclure que toutes les jeunes filles sont en train de devenir lesbiennes»

Le sexe, poursuit Jean Matos, pages de manuels scolaires à l’appui, tend à être réduit à sa seule dimension biologique. Il appartient désormais au domaine du jeu. Un jeu de construction à la fois libéré – « Je fais ce que je veux », sans « prise de tête » – et obéissant dans le même temps à des canons stricts : l’apparence physique, les pratiques sexuelles, les seuils de « performance » dictés par le porno ou la publicité… Un jeu risqué aussi, où l’étalage de l’« extimité » sur les réseaux sociaux peut pousser les plus fragiles à la dépression, voire au suicide.

Au terme d’une heure et demie d’exposé, miroir du quotidien pour les uns, douloureux réveil pour d’autres, la conclusion de Jean Matos n’a pourtant rien d’apocalyptique. « Au lieu de nous cacher devant une menace, nous avons à saisir une chance éducative extraordinaire. »

Car plus de neuf jeunes interrogés sur dix estiment que le plus important, dans une vie, est d’aimer et d’être aimé en retour. « Il faut absolument leur laisser la possibilité de s’exprimer et de mettre des mots sur ce qu’ils vivent, même si c’est dur à encaisser, insiste le bioéthicien. Si l’on déroule d’emblée un propos moralisateur, c’est fini. »

Au terme des deux journées, quelques pistes ont été suggérées aux 300 participants. Jean Caron, diacre et professeur de philosophie en classes préparatoires, propose une réflexion sur la signification du corps. « Il faut apprendre aux jeunes à se situer sur le terrain du sens, de la signification de nos gestes pour les aider à s’orienter face à leurs désirs. »

« C’est à nous d’être créatifs et de leur proposer d’autres expériences où un retour sur soi est possible », explique Sœur Nathalie Becquart, directrice du service national pour l’évangélisation des jeunes (Snej). Et de ne pas laisser de côté, leur attente, souvent mal définie, d'une foi qui les encourage et qui les enthousiaste.

Quant aux parents et aux éducateurs eux-mêmes, ils ne doivent pas avoir peur de l’écart entre leur discours et leurs propres fragilités. « Les jeunes n’attendent pas que nous jouions devant eux un personnage, ils recherchent un adulte qui s’assume dans toute sa vulnérabilité », explique Jean Matos.

Pour le P. Olivier Bonnewijn, prêtre du diocèse de Bruxelles et spécialiste de la théologie du corps de Jean-Paul II, « il faut avant tout aimer ceux à qui l’on s’adresse. À partir de là, tout est possible ». (source : catholique78)

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