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du 21 au 23 mai 2015 (semaine 21)
 


- 23 mai
2015 - Colombie
QU'IL Y AIT AU MOINS LE SOUCI DE LA VÉRITÉ

" S'il n'y a pas de justice, qu'il y ait au moins la vérité!, lance Angela Ospina, durant la campagne de sensibilisation menée du 21 mai au 2 juin dans plusieurs régions de Suisse pour soutenir la compréhesion entre "le Nord et le Sud".

" Qu'il y ait au moins la vérité... Les victimes du conflit en Colombie ont besoin de cette reconnaissance, c'est le minimum, et surtout de l'engagement que de telles atrocités ne seront plus jamais commises", confie la sociologue colombienne Angela Ospina, Directrice du Centre d’accompagnement psychosocial (CAPS) à Bogota, et principale invitée de la campagne de sensibilisation menée dans plusieurs régions de la Suisse par COMUNDO/E-Changer, l’ONG basée à Fribourg, spécialisée dans la coopération suisse pour l’échange de personnes entre le "Nord et le Sud."

La militante des droits de l'homme rappelle que si des négociations de paix sont en cours et si certains parlent déjà d'une phase de "post-conflit", sur le terrain la guerre n'a jamais cessé. Le scandale des exécutions extrajudiciaires et des disparitions forcées, se poursuit, souligne-t-elle.

Eduardo Montealegre, du Ministère public autonome colombien, a enquêté sur des exécutions extrajudiciaires et a révélé le mois dernier, en avril, que 22 généraux sont sous enquête pour des cas d'assassinats de civils par des militaires.

Ces cas connus en Colombie comme "falsos positivos" ("faux positifs"), sont plus de 3.500, selon l'ONG "Human Rights Watch" . Ils ont trouvé la mort durant le gouvernement d'Alvaro Uribe (2002-2010), "mais il y a encore de nombreux cas de ce genre, au moins 220 ces dernières années!".

Si on parle peu en Occident de cette "guerre sale" qui continue d'ensanglanter le pays – une "démocratie" qui bénéficie de l'appui des Etats-Unis et d'autres puissances occidentales -, la situation est loin d'être pacifiée, malgré les négociations de paix en cours.

Sur la Côte pacifique de la Colombie, Buenaventura, le port maritime le plus important du pays, peuplé majoritairement d'Afro-colombiens, connaît depuis quelques années un taux de violence inégalé, relève Angela Ospina. Les bandes armées des Urabeños, de l’Empresa et des Autodefensas Gaitanistas de Colombia (AGC), les trois principales bandes issues de groupes paramilitaires officiellement dissous y sèment la terreur.

On a découvert dans la ville des "casas de pique", où des personnes enlevées sont démembrées. "Des jeunes ont été entraînés à ces actes cruels, dans le but de terroriser les gens. Il y a eu des centaines de morts ces cinq dernières années. C'est une lutte pour le contrôle du territoire, des populations sont déplacées pour agrandir le port".

Ailleurs, "Il s'agit dans ces régions stratégiques de s'emparer des ressources énergétiques et minières: charbon, pétrole, or, coltan... Si on prend une carte des personnes déplacées en Colombie, on peut aisément la superposer avec une carte des richesses naturelles. Ces personnes ont été chassées non seulement par les affrontements militaires, mais également par des violences destinées à s'emparer de leurs terres".

Le CAPS d'Angela Ospna est un centre spécialisé dans l'aide psycho-sociale aux victimes du conflit socio-politique qui frappe la Colombie. Comme tous ceux qui dénoncent les violations des droits humains dans le pays, il est vulnérable, admet sa directrice, qui est elle-même mère de trois enfants.

Mais elle affirme n'avoir pas été personnellement menacée, grâce notamment à la protection qu'offre son appartenance à un réseau international d'ONG et au soutien obtenu de l'Union européenne, d'ONG suisses, espagnoles et italiennes. (source : Apic )


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