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du 1 juin au 3 juin 2015 (semaine 23)
 


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3 juin 2015 - France
CRÉATION D'UN CONSEIL THÉOLOGIQUE MUSULMAN

Des imams et savants de l'islam en France, gravitant dans la mouvance des Frères musulmans notamment, ont créé un conseil théologique qui n'entend pas se substituer aux instances représentatives, mais pourrait même édicter des fatwas.

Ce Conseil théologique musulman de France (CTMF) a vu le jour lors d'une réunion le lundi 25 mai à Paris d'une cinquantaine de théologiens, imams et prédicateurs. Il est dirigé par un bureau exécutif de neuf membres, dont Ahmed Jaballah, ancien président de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), le principal relais dans l'Hexagone des Frères musulmans.

Le CTMF assure qu'il "n'a pas vocation à représenter les musulmans de France", mais ses membres "demandent à l'ensemble des imams, des prêcheurs et des savants (musulmans) de collaborer avec le CTMF" et de "participer à ses projets et à ses travaux".

Diplômés de « théologie musulmane » pour la plupart, parfois aussi de « philosophie musulmane », les membres du CMTF se présentent généralement comme « imam-khatib », c’est-à-dire capable à la fois de conduire la prière et d’assurer le prêche du vendredi.

Les universités qu’ont fréquentées ces imams et ces savants témoignent leur diversité  : université de la Zeytouna à Tunis, Al-Qarawyin à Fès au Maroc, Al Azhar en Egypte, ou encore Médine en Arabie saoudite.

Toute la question sera celle de la légitimité de cette instance sui generis : celle-ci ne dépendra que de l’autorité que les fidèles reconnaîtront à ses membres.

Dans son communiqué, le CTMF prend bien soin de rappeler qu’il se veut « indépendant de toutes les organisations et institutions musulmanes existantes », qu’il « n’a pas vocation à représenter les musulmans de France » - rôle dévolu au Conseil français du culte musulman, très mal en point - et qu’il « ne compte le disputer à personne ».

Des voix se sont élevées ces derniers mois, notamment depuis les attentats djihadistes de janvier, pour appeler à la création d'une structure théologique dans un paysage institutionnel fragile, occupé surtout par des gestionnaires de mosquées et de fédérations.

Mais rien ne dit que le CTMF trouvera un accueil favorable dans une communauté échaudée par les défaillances du Conseil français du culte musulman (CFCM) et perplexe dans l'attente d'une nouvelle "instance de dialogue" avec l'État.

La première réunion de cette instance doit avoir lieu avant le ramadan, qui commencera autour du 18 juin. Dans ses orientations, le CTMF "exhorte les jeunes musulmans à suivre la voie du juste milieu, à affirmer avec fierté leur appartenance à l'islam et à servir la société", et invite la femme musulmane à y "jouer pleinement son rôle, au même titre que l'homme".

"On s'inscrit dans une vision de modération", a affirmé à l'AFP Ahmed Jaballah. Si le CTMF est amené à émettre des avis juridiques, par exemple sur "le ramadan, la citoyenneté, l'enseignement", "ce ne sera pas des avis qu'on impose, mais des avis qu'on propose", a-t-il ajouté

Voici quelques-unes des « propositions de remède » réunies par Anouar Kbibech, le président du Rassemblement des musulmans de France, à l’issue des conférences sur la « radicalisation religieuse » organisées par sa fédération ces derniers mois.

- Doter imams et aumôniers « de l’argumentaire théologique nécessaire pour faire face à (celui) des djihadistes qui dévoient les textes sacrés et les valeurs de l’islam » et, au passage, les faire entrer « dans l’ère numérique ».

- Mettre en place, dans les mosquées et les associations, des « cellules d’écoute » des jeunes et des « chefs de famille » pour « comprendre, orienter ceux qui sont confrontés à ces tentations ou à ces problématiques ».

- Bâtir des « programmes éducatifs » pour convertis ou reconvertis à l’islam, afin de « ne pas les laisser livrés à eux-mêmes » ; « valoriser les ”success storys” des jeunes de la diversité » ou encore « former des jeunes » pour qu’ils s’adressent à d’autres jeunes « dans le langage et les termes qu’ils apprécient »

À Lyon, Marseille, Nantes, Lille mais aussi Forbach, Troyes ou Angers, une quinzaine au moins de colloques ou tables rondes se sont tenus depuis un an, sous l’égide d’une grande mosquée, d’une fédération ou de plusieurs, réunies par un conseil régional du culte musulman.

De fait, interventions et témoignages ont montré la complexité du sujet au-delà de sa dimension religieuse, et comment ces processus de radicalisation – « protéiformes », « multifactoriels » – se greffent aussi sur « un imaginaire de complotisme et de victimisation ».

Mais, pour Ahmed Miktar, imam à Villeneuve d’Ascq et fondateur de l’association" Imams de France", ces réunions ont eu le mérite de « créer un cadre, une impulsion » à des actions jusqu’ici éparses. Il souhaiterait qu’elles prennent un tour « plus pratique » et abordent directement les questions de l’accompagnement des convertis en prison, de l’auscultation des patientes musulmanes à l’hôpital, ou encore de la possibilité pour un aumônier musulman d’intervenir dans une école. « Le travail ne fait que commencer mais cela nous donne de l’énergie pour continuer », résume-t-il. (source : AFP)

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