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du 8 au 11 mai 2016 (semaine 19)
 


- 11 mai 2016
- France
NIKITA STRUVE ETL'ARCHIPEL DU GOULAG

Celui qui a édité en 1973 « L’Archipel du goulag » d'Alexanre Soljenitsyne en 1973 et qui a ainsi fait connaître au monde les réalités des goulags soviétiques, est nous a quittés le samedi 7 mai, samedi de Pâques selon le calendrier orthodoxe.

C'est une grande figure de l’orthodoxie russe en France qui vient de disparaître, à l’âge de 85 ans.

Issu d’une famille allemande d’astronomes passée au service de la Russie, Nikita Struve était né à Paris, dans l’émigration, après la Révolution d’Octobre : son grand-père, Peter Struve avait été marxiste avant de devenir libéral puis de représenter le général Dénikine à Paris.

Comme son oncle Gleb Struve, professeur à Berkeley, Nikita Struve se tournera vers la littérature russe qu’il enseignera à l’université Paris X-Nanterre.

Parallèlement, ce chrétien engagé est conseiller littéraire des éditions russes YMCA-Press de Paris qui publie nombre d’œuvres philosophiques et religieuses de l’émigration russe. Également rédacteur du "Messager", la revue de l’Action chrétienne des étudiants russes, connue et appréciée en URSS, où il a des contacts avec la jeunesse orthodoxe dissidente.

C’est grâce à ces contacts, à la revue, mais aussi à ses interventions sur Radio Liberty qu’Alexandre Soljénitsyne entend parler de lui et, en 1971. Nikita reçoit du dissident une lettre lui demandant de publier, à Paris," Août 14", le premier « nœud » de La Roue rouge.

Deux ans plus tard, Soljénitsyne lui confie, dans le plus grand secret, la publication de "L’Archipel du Goulag". Le livre paraît la veille de Noël 1973 et le dissident est expulsé d’URSS quelques semaines plus tard.

Nikita se souvenait de cette extraordinaire rencontre. « À son arrivée à Zurich, il m’a téléphoné. C’était la première fois que j’entendais sa voix »

Il assiste à son arrivée triomphale à la gare de Zurich sans oser l’aborder. Retenu par une foule massive, il préfère alors se rendre à l’appartement de l’avocat de Soljenitsyne : « Là, nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre. Dans la plus grande simplicité. »

« Nous avons passé quelques jours ensemble et nous sommes devenus des amis. Ensuite, il venait très souvent en famille chez nous et nous allions en Russie, après son retour dans son pays en 1994. »

Défenseur de la culture russe, Nikita Struve n’avait pourtant jamais voulu prendre la nationalité russe. « Cela m’a été proposé, mais j’ai refusé, confiait-il en 2011 à Ogoniok. Cela me permet d’aimer plus librement la Russie.

" Je suis né en France, je me suis rendu en Russie pour la première fois à 60 ans. Je l’aime telle qu’elle est, mais il est vrai que je ne nourrissais aucune illusion après 70 ans de régime soviétique. »

Cet orthodoxe fervent n'est pas un fidèle du Patrarcha orthodoxe de Moscou, mais est membre du conseil de l’archevêché des Églises russes sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople. Il y défendait d’ailleurs l’indépendance de l’Église russe dans l’émigration.

« Notre culture spirituelle est liée à l’Église, disait-il. " L’Église nous a aidés à conserver la langue et les traditions et c’est ce qui nous distingue de ceux qui sont en Russie. Notre expérience nous dit que nous devons préserver aussi longtemps que possible notre indépendance.

" Nous avons besoin de notre liberté par rapport à l’État, par rapport à la Russie post-soviétique. Nous devons l’aimer, bien sûr, mais nous ne voulons pas qu’elle mette la main sur nous. » (source
: Orthodoxie)

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