Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 6 au 10 juillet 2016 (semaine 27)
 


- 10 juillet 2016
-
JEAN PAUL II ET LE PAPE FRANÇOIS

Jean-Paul II avait jugé opportun d’encourager les divorcés remariés à s’insérer davantage dans la vie de l’Église et à rencontrer la miséricorde de Dieu "par d’autres voies", différentes de la réconciliation sacramentelle et de l’eucharistie.

Mais il précisait aussi dans "Reconciliatio et pœnitentia", (34), à moins qu’ils ne s’engagent à observer la continence sexuelle.

Le Pape François, dans un contexte culturel encore plus avancé en matière de sécularisation et de pansexualisme, va encore plus loin, mais toujours dans la même direction. Sans taire la vérité objective, il concentre l’attention sur la responsabilité subjective, qui peut, dans certains cas, être diminuée ou annulée.

Pour les normes doctrinales, c’est la doctrine qui est compétente ; pour les cas individuels, le discernement est nécessaire, à la lumière des règles et de la doctrine.

Dans ce processus dynamique, les conditionnements, qui diminuent ou même annulent l’imputabilité de l’acte humain désordonné, ces conditionnements peuvent avoir une certaine influence.

En définitive ils peuvent être réduits à trois catégories : l’ignorance de la règle, l’incompréhension des valeurs qui sont en jeu, les empêchements qui sont perçus comme des occasions de commettre d’autres fautes. Cette présentation ne s’éloigne pas de la tradition : on a toujours dit que, pour commettre un péché qui soit mortel, il faut non seulement la gravité de la matière (le grave désordre objectif), mais aussi la pleine conscience de commettre un péché et son acceptation délibérée (cf. Catéchisme de saint Pie X).

La nouveauté d’"Amoris lætitia" réside dans l’amplitude d’application qui est donnée au principe de la gradualité dans le discernement spirituel et pastoral des cas individuels. L’objectif est de donner un témoignage ecclésial plus attirant et plus persuasif de l’Évangile de la miséricorde divine, de réconforter les personnes blessées au point de vue spirituel, d’apprécier et de développer, le plus possible, les germes de bien qui sont présents dans ces personnes.

Ayant pris en considération la dynamique du discernement, le pape François envisage la possibilité d’intégrer dans la vie ecclésiale concrète, progressivement et plus complètement, des personnes qui se trouvent en situation de fragilité, de telle sorte qu’elles puissent expérimenter de plus en plus, au lieu de simplement le savoir, qu’il est beau d’être une Église. Après un discernement pastoral adéquat, il sera possible de confier à ces personnes diverses tâches, dont elles étaient jusqu’à maintenant exclues, mais "en évitant toute occasion de scandale".

Le discernement personnel et pastoral des cas individuels "devrait admettre que, étant donné que le degré de responsabilité n’est pas le même dans tous les cas, les conséquences ou les effets d’une norme ne doivent pas nécessairement être toujours les mêmes"... "pas davantage en ce qui concerne la discipline sacramentelle, étant donné que le discernement peut reconnaître que, dans une situation particulière, il n’y a pas de faute grave".

"À cause des conditionnements ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement –on puisse vivre dans la grâce de Dieu, que l’on puisse aimer et que l’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide des sacrements".

En conséquence le Pape dévoile ainsi une lueur d’espoir en ce qui concerne l’admission à la réconciliation sacramentelle et à la communion eucharistique. Mais il s’agit d’une suggestion hypothétique, générale et marginale.

Le Pape lui-même est conscient que, en s’avançant dans cette voie, on prend des risques : "Je comprends ceux qui préfèrent une pastorale plus rigide, qui ne prête à aucune confusion. Mais je crois sincèrement que Jésus-Christ veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité : une Mère qui, en même temps qu’elle exprime clairement son enseignement objectif, ne renonce pas au bien possible, même si elle court le risque de se salir avec la boue de la route" .

" On peut prévoir des risques et des abus, aussi bien parmi les pasteurs que parmi les fidèles, par exemple : confusion entre la responsabilité subjective et la vérité objective, entre la loi de la gradualité et la gradualité de la loi ; relativisme moral et éthique situationniste ; valorisation du divorce et de la nouvelle union, considérés comme moralement licites ; non-incitation à la préparation au mariage, démotivation des fidèles séparés, accès à l’eucharistie sans être dans les dispositions nécessaires ; difficultés et perplexité des prêtres dans le discernement ; incertitude et inquiétude chez les fidèles.

" Des indications supplémentaires de la part de l’autorité compétente sont nécessaires pour une mise en œuvre prudente."
(source
: Chiesa)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil