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du 6 au 10 juillet 2016 (semaine 27)
 


- 10 juillet 2016
-Concile orthodoxe
UNE DÉCLARATION PROPHÉTIQUE

Après une semaine de débat entre les dix Églises orthodoxes présentes en Crète, le concile pan-orthodoxe s’est achevé le dimanche 26 juin par l’envoi d’un message aux accents prophétiques.

Des querelles byzantines, il y en eut jusqu’à la dernière minute. Mais le samedi, 25 juin tard dans la soirée, les experts du « saint et grand » concile orthodoxe réuni en Crète depuis lundi dernier ont fini par accoucher, exténués, de deux textes : une encyclique et un message final, beaucoup plus court, adressé « au peuple orthodoxe et à toute personne de bonne volonté » lors de la célébration de clôture dimanche 26 juin, en l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Chania.

De source proche du comité de rédaction, c’est le charismatique primat d’Albanie, Anastasios de Tirana, qui a insisté pour que l’Église orthodoxe délivre au monde un message « prophétique », dans un langage « simple et clair ». Résultat, un texte de cinq pages qui démontre la volonté des Églises orientales de ne pas ignorer les défis d’un monde en plein bouleversement, malgré un ordre du jour étriqué et des discussions qui ont pu, par moments, laisser penser le contraire.

Certes, seules dix Églises sur les quatorze que compte la galaxie orthodoxe (300 millions de fidèles) ont réellement pris part au concile. C’est même la grande absente, l’Église orthodoxe russe (150 millions de fidèles), qui avait imposé ses conditions en déplaçant l’événement du cœur d’Istanbul, siège du Patriarcat œcuménique de Constantinople, à Kolymbari, tranquille village côtier à l’extrémité occidentale de la Crète.

Depuis le schisme de 1054 avec Rome, jamais l’ensemble des Églises autocéphales ne s’étaient réuni. Aussi ce processus conciliaire, entamé il y a plus d’un demi-siècle dans le sillage de Vatican II en Occident, devait permettre d’envoyer au monde un signal d’unité de la foi orthodoxe.

Le patriarche Bartholomée de Constantinople a remporté son pari .« On peut malgré tout parler d’une réussite, estime un expert de sa délégation. Personne n’a claqué la porte en cours de route et les six textes soumis au vote ont finalement été adoptés.»

Comme on pouvait s’y attendre, c’est le texte sur l’œcuménisme qui a cristallisé l’essentiel des débats, les évêques les plus conservateurs rechignant à voir dans les autres confessions chrétiennes d’authentiques Églises. Emmenés par les Grecs, ces derniers ont fini par plier.

La « grande importance » accordée au dialogue avec les autres chrétiens est ainsi affirmée dès les premiers paragraphes du message final.

S’ensuit un vibrant appel aux « puissants de la terre » pour que cesse notamment « l’expansion de la violence militaire ». Les Églises orthodoxes réclament en particulier la protection des chrétiens et des minorités persécutés au Proche-Orient. La crise des réfugiés qui divise l’Europe et concerne nombre de pays orthodoxes est également au cœur des préoccupations.

Mais au-delà des urgences du moment, le texte affronte une problématique majeure pour l’orthodoxie en ce début de XXIe siècle : l’indépendance de l’Église à l’égard du pouvoir. « L’Église orthodoxe n’interfère pas dans le politique », proclame le concile.

Pour autant, l’Église orthodoxe n’entend pas souscrire au « sécularisme », qui « identifie arbitrairement l’influence spirituelle de l’Église à du conservatisme ». « Il y a une claire volonté de détacher l’orthodoxie de la caricature qui en est faite », souligne un des rédacteurs.

L’établissement d’un lien entre crise écologique et crise spirituelle, mais aussi les risques que représentent pour l’homme une économie « devenue un but en soi », ou encore une science affranchie de toute éthique, font pour la première fois de ce texte une prise de position globale engageant toute l’orthodoxie.

« L’ensemble est suffisamment consensuel pour que les quatre Églises absentes en Crète puissent elles aussi le signer », Comme pour l’Église catholique, l’aggiornamento orthodoxe ne se fera pas en un jour. (source
: Orthodoxie)

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