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du 11 au 13 juillet 2016 (semaine 28)
 


- 10 juillet 2016
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DEVANT DES INTERPRÉTATIONS PARFOIS CONTRADICTOIRES

Les commentaires d"Amoris laetitia", que le cardinal Schöborn a signé dans la revue jésuite "Civilta Cattolica", soulèvent des interprétations contradictoires concernant un acte du magistère, actualisant l’enseignement de l’Eglise“.

L'
équilibre est difficile dans les termes à employer pour ce faire. Pasteurs, théologiens, responsables de la communication sociale, d'autant qu'une question vient spontanément à l’esprit : par rapport à la doctrine et à la pratique traditionnelles, en particulier par rapport à [l’exhortation apostolique] "Familiaris consortio" de Jean-Paul II, y a-t-il continuité, ou rupture, ou encore nouveauté dans la continuité ?

Dans "Amoris lætitia" l’enseignement de la vérité objective reste celui de toujours. Ennio Antonelli dans la revue italienne "Chiesa" le souligne mais il en précise les contextes.

Cependant il est présenté en arrière-plan, comme un présupposé. Ce qui est placé au premier plan, c’est le sujet moral individuel avec sa conscience, ses dispositions intérieures, sa responsabilité personnelle. C’est pourquoi il n’est pas possible de formuler une réglementation générale ; on peut seulement encourager "un discernement responsable personnel et pastoral des cas particuliers".

Dans le monde chrétien, autrefois, l’attention était entièrement tournée vers la vérité morale objective, vers les lois générales. Toute personne qui ne pratiquait pas l’observance des normes était présumée gravement coupable. Il s’agissait là d’une évidence pour tout le monde, partagée pacifiquement. Les divorcés qui avaient contracté une seconde union faisaient scandale, parce qu’ils mettaient en danger l’indissolubilité du mariage. C’est pourquoi ils étaient marginalisés par rapport à la communauté ecclésiale en tant que pécheurs publics.

Plus récemment, en un temps de sécularisation et de révolution sexuelle, beaucoup de gens ne comprennent plus le sens de la doctrine de l’Église en ce qui concerne le mariage et la sexualité. Une opinion très répandue est que les relations sexuelles entre adultes consentants sont licites, y compris hors du mariage.

On peut supposer qu’un certain nombre de gens vivent dans des situations objectivement désordonnées sans responsabilité subjective complète. On comprend dès lors que Jean-Paul II ait jugé opportun d’encourager les divorcés remariés à s’insérer davantage dans la vie de l’Église et à rencontrer la miséricorde de Dieu "par d’autres voies", différentes de la réconciliation sacramentelle et de l’eucharistie ("Reconciliatio et pœnitentia", 34), à moins qu’ils ne s’engagent à observer la continence sexuelle.

Le Pape François, dans un contexte culturel encore plus avancé en matière de sécularisation et de pansexualisme, va encore plus loin, mais toujours dans la même direction.

Sans taire la vérité objective, il concentre l’attention sur la responsabilité subjective, qui peut, dans certains cas, être diminuée ou annulée. Pour les règles, c’est la doctrine qui est compétente ; pour les cas individuels, le discernement est nécessaire, à la lumière des règles et de la doctrine (" Amoris laetitia" §79i).

Dans ce processus dynamique, les conditionnements qui diminuent ou même annulent l’imputabilité de l’acte humain désordonné peuvent avoir une certaine influence (302). En définitive ils peuvent être réduits à trois catégories : - l’ignorance de la règle, - l’incompréhension des valeurs qui sont en jeu, - les empêchements qui sont perçus comme des occasions de commettre d’autres fautes (301).

Cette présentation ne s’éloigne pas de la tradition : on a toujours dit que, pour commettre un péché qui soit mortel, il faut non seulement la gravité de la matière (le grave désordre objectif), mais aussi la pleine conscience de commettre un péché et son acceptation délibérée (cf. Catéchisme de saint Pie X).

Comment se juger et se situer entre la loi de la gradualité et la gradualité de la loi ; entre la situation la plus déterminante ; entre le relativisme moral et éthique situationniste ; entre la valorisation du divorce et de la nouvelle union, considérés comme moralement licites ; dans la non-incitation à la préparation au mariage, la démotivation des fidèles séparés, l'accès à l’eucharistie sans être dans les dispositions nécessaires ; les difficultés et la perplexité des prêtres dans le discernement ; incertitude et inquiétude chez les fidèles.

" Des indications supplémentaires de la part de l’autorité compétente sont donc nécessaires pour une mise en œuvre prudente. […] L’accès à la communion eucharistique exige normalement une complète communion visible avec l’Église. Cet accès ne peut donc pas, en règle générale, être accordé tant que perdure la situation de vie objectivement désordonnée, quelles que soient les dispositions subjectives.

En attendant que soient données, ce qui serait souhaitable, des indications qui précisent cette doctrine et qui fassent davantage autorité, j’essaie avec beaucoup d’hésitation de concevoir une manière de procéder au for interne," reconnait le Pape.

" Le prêtre et l'Église est appelée à maintenir un équilibre difficile. D’une part il doit témoigner du fait que la miséricorde est le cœur de l’Évangile (311) et que l’Église, comme Jésus, accueille les pécheurs et soigne les blessures de la vie. Mais comment peut-on l'institutionnaliser sans risque.

Car "le sacrement de l'alliance" qu'est l'Eucharistie doit conserver la visibilité de la communion ecclésiale avec le Christ qui brille dans la prédication fidèle de l’Évangile, dans la célébration authentique des sacrements, dans la juste discipline canonique, dans la vie cohérente des croyants. " C'est ce qui est dit dans "Amorie laetitia" (cardinal Ennio Antonelli). (source : Chiesa)


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