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26, 27 et 28 février 2005 (semaine 09)
 

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2005-02-28 -
CE QUE LES MÉDIAS ATTENDENT DE L'ÉGLISE.

"L’Église n’a rien à cacher, a affirmé Franz-Oliver Giesbert, directeur de l’hebdomadaire français "Le Point" lors du congrès romain sur "l’Église et les médias : un futur qui vient de loin".

Ce congrès était organisé par le Conseil pontifical pour les Communications sociales les 24 et 25 février.

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Même s’il lui faut préserver le sacré, l’Église n’a, pour le reste, rien à cacher. Elle doit être plus présente dans les médias qu’elle ne l’est aujourd’hui, mais sans naïveté ni amateurisme, en ayant toujours bien choisi son terrain d’intervention", a-t-il déclaré au cours de sa conférence qui avait pour titre : « Qu’attendent les médias de l’Église ? »

..."Notre faim est insatiable. Ce sont toutes les vérités du monde que nous voulons dévorer. Nous cherchons donc la transparence. La nuit, le jour, vingt-quatre heures sur vingt-quatre."

..."Dans un manuel édité par l’épiscopat français pour aider les paroisses à mieux communiquer, Mgr Jean-Michel di Falco écrit : "Communiquer est l’être même de l’Eglise . L’Eglise, par vocation, n’est pas tournée vers elle-même, mais vers les autres, vers ceux que chaque chrétien côtoie tous les jours". Je suis d’accord, cent fois d’accord. Le Christ n’a pas cessé de communiquer. Mais je ne suis pas sûr que l’Eglise suive toujours bien son exemple."
        
..."Malgré les appels du pape à l’évangélisation, il me semble que le clergé vit trop souvent replié sur lui-même, comme cerné par le monde qui l’entoure. Moi aussi, j’ai envie de lui dire : « N’ayez pas peur ». N’ayez pas peur des médias qui récupèrent et déforment tout. N’ayez pas peur d’aller où vos pas vous mènent, quitte à prendre des coups. N’ayez pas peur de hurler vos vérités à la face du monde, même si elles sont déplaisantes," a poursuivi Franz-Oliver Giesbert.

... "L’Eglise a tort chaque fois qu’elle cherche à se faire bien voir de son temps. C’est la limite de la relation entre les prêtres et les médias qui, par définition, épousent leur époque dont ils sont simultanément la matrice et la progéniture. Les incompréhensions et les conflits sont inscrits dans la nature des uns et des autres. Nous devons les accepter."

..."Puisse l’Eglise ne jamais prendre la forme du siècle. Si un jour elle écoute les petits mufles du réalisme qui lui ordonnent de s’adapter à son époque , elle faillira à sa mission. En disant celà, je ne plaide pas pour ma paroisse. En tant que journaliste, je rêve que s’assainissent les rapports entre la chrétienneté et les médias. Mais nous devons accepter l’idée de malentendus entre nous, tant nos logiques sont contradictoires. Pourquoi faudrait-il que le Vatican réécrivent les Dix Commandements de Moïse, tous les dix ans, au gré des dernières enquêtes d’opinion ?"

..."L’Eglise n’est plus le centre du monde, mais son point de repère. Elle doit accepter d’être prise à partie par la presse. J’ose dire  que c’est même souvent bon signe. Elle doit seulement, chaque fois qu’il le faut, rectifier, démentir ou rétablir les faits."

..."J’en reviens à la transparence. Même s’il lui faut préserver le sacré, l’Eglise n’a, pour le reste, rien à cacher. Elle doit être plus présente dans les médias qu’elle ne l’est aujourd’hui, mais sans naïveté ni amateurisme, en ayant toujours bien choisi  son terrain d’intervention. La règle, en la matière, est de ne jamais communiquer si on est en position de faiblesse. Quand on est au centre d’une polémique et que la tempête médiatique est trop forte, on n’est pas entendu. Rien ne sert de corriger, de protester ou de hausser le ton. Le message ne sera pas reçu, au milieu des vociférations."

Le directeur de l’hebdomadaire français a reconnu qu’il ne regardait pas la télévision mais puisque "tout le monde la regarde", il a encouragé l’Eglise à "faire du bruit" dans le sens de se faire entendre. "N’en doutez pas : une Eglise prudente, compassée ou calculatrice ne sera jamais respectée par les médias. La meilleure communication est celle qui vient du fond du coeur. Pour être bien entendu, vous devez être vous-même, avec vos contradictions : engagés dans votre époque, partout où les humains souffrent, et en même temps enracinés dans les siècles, sans chercher à être à la page."

"Tel est le dilemme de l’Eglise : être ici et ailleurs. Vous n’êtes pas obligé de répondre au premier coup de sifflet de l’animateur de télévision qui vous placera entre une prostituée reconvertie dans la chanson et un champion de football drogué avant de vous demander de répondre en dix secondes, pas une de plus, à sa question rituelle : « Et Dieu dans tout ça ? » Mais vous devez témoigner partout où on a besoin de vous, sous peine de donner raison à Julien Green qui écrivait, révolté : «Il est effrayant de voir à quel point le catholicisme dérange peu la vie des hommes.»"

..."Voilà pourquoi l’Eglise ne doit pas s’interdire d’entrer, quand il le faut, dans la mêlée médiatique ni de se faire inviter sur les plateaux de télévision pour affronter les critiques. Même si on est en droit de le regretter, il n’y a pas de meilleur moyen pour parler au monde, aujourd’hui.
(source : diocèse de Gap)

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