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14, 15 et 16 avril 2005 (semaine 15)
 

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2005-04-16 - Inde

EST-CE VRAIMENT L'ÉGALITÉ POUR TOUS ?

Malgré l'opposition des fondamentalistes hindous, l'Église continue de réclamer
du gouvernement fédéral qu'il accorde aux chrétiens issus des basses castes les privilèges dont bénéficient tous les autres dalits.

Cette demande a été jugée irrecevable lors d'une réunion du Comité exécutif national du "Rashtriya Swayamsevak Sangh" (Corps national des volontaires, RSS), qui se tenait à Mangalore, à partir du 13 mars dernier. Une résolution, votée par les participants le troisième jour de la réunion, affirmait qu'une fois qu'un dalit hindou devenait chrétien, il perdait de ce fait son statut de caste. S'adressant aux chrétiens, l'un des orateurs s'exclamait : "Vous prêchez l'égalité de tous... pourquoi alors réclamer cette différence ?"

Historiquement, la société indienne est hiérarchisée en quatre castes principales avec une série de sous-castes. Tout au bas de cette hiérarchie se tiennent les dalits , autrefois appelés "intouchables". C'est pour remédier à l'injustice qui leur est faite dès leur naissance que la Constitution indienne leur garantit des privilèges spéciaux, ainsi qu'à un certain nombre de groupes défavorisés, tels les ethnies minoritaires et les basses castes.

Un quota de postes d'employés d'État leur est réservé, de même qu'un pourcentage de places dans les institutions éducatives ou encore un nombre déterminé de sièges dans les assemblées législatives. Cependant, cette même constitution ne reconnaît le statut de dalit qu'aux hindous, aux bouddhistes et aux sikhs. Les chrétiens et les musulmans appartenant à cette catégorie sont exclus de ces avantages.

L'Église de l'Inde n'a jamais accepté cette discrimination et continue aujourd'hui encore sa lutte. Peu avant le début de la réunion du RSS, Mgr Vincent Concessao, archevêque de Delhi, à la tête d'une délégation de dirigeants chrétiens, rencontrait le Premier ministre, Manmohan Singh, pour lui remettre un certain nombre de revendications, parmi lesquelles se trouvait l'inclusion des dalits chrétiens dans la liste des bénéficiaires de privilèges.

Par ailleurs, une plainte a été déposée par l'Église catholique auprès de la Cour suprême demandant que les quotas prévus par le Constitution puissent être étendus aux groupes économiquement et socialement arriérés dans l'Église chrétienne. Cette démarche des chrétiens auprès de la justice a profondément irrité le porte-parole du RSS qui, au cours de la réunion de Mangalore, a affirmé que, si la Cour suprême donnait satisfaction à la plainte déposée, il en résulterait une grave injustice pour les hindous. Cela, a-t-il ajouté, ne pourrait qu'encourager le mouvement de conversion au christianisme des dalits.

Certains responsables chrétiens n'ont pas trouvé ce discours entièrement négatif. C'est le cas du P. John Fernandes, militant actif du dialogue interreligieux à Mangalore. Il a ainsi souligné que les vues du porte-parole du RSS sur les conversions et les quotas étaient susceptibles d'aider les chrétiens à lutter contre les inégalités à l'intérieur même de l'Eglise et à mettre un terme à l'invisible système de castes persistant parmi eux. Mais, il a proclamé son désaccord avec le RSS sur le concept de "pauvre", digne de considération quelle que soit sa religion.

Cependant, la plupart d'entre eux sont en désaccord avec les idées du RSS, selon lesquelles les dalits, en se convertissant, obtiendraient des avantages financiers. Ils affirment au contraire que leur conversion n'a pas transformé leur statut économique. (source et information : Eglises d'Asie-EDA)

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