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14, 15 et 16 avril 2005 (semaine 15)
 

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2005-04-16 -

LES ÉGLISES ORTHODOXES ET LE PATRIARCAT DE ROME.

Jean François Colosimo, professeur à l'Institut orthodoxe Saint Serge à Paris, vient de publier quelques notes non pas sur Jean Paul II mais sur le pape, précisant même, "non pas sur le pape, mais sur la papauté."

Ces quelques notes expriment une large partie de l'opinion des théologiens du dialogue catholique-orthodoxe actuel.

La papauté, fait remarquer Jean-François Colosimo, ne s’est jamais portée aussi bien qu’à la sortie de ce pontificat, alors que l’on peinerait à dire la même chose du catholicisme. Cette papauté interpelle plus que jamais l’Église orthodoxe qui n’est pas sans éprouver quelque difficulté à se définir face à une offensive planétaire la plaçant, de facto, dans une position trop défensive pour que ses propres pesanteurs historiques n’en ressortent pas aggravées.

..."On sait les griefs de Rome contre Moscou. Quitte à me répéter, l’obstination du patriarcat à refuser toute visite papale au nom de la plus controuvée des raisons (la notion de « territoire canonique ») restera néanmoins, et quand bien même involontaire ou mal fondée, comme un témoignage de l’instinct d’orthodoxie. Ce qu’on sait moins est le détachement que Rome, alors pressée de se rapprocher de Moscou, crut bon de manifester, un temps, à l’égard de Constantinople."

Au moment du voyage officiel du patriarche Bartholomée en Amérique, courant 1997, "les autorités romaines sont alors convaincues, semble-t-il, que l’union de l’Orient et de l’Occident chrétien pourrait être proclamée à l’occasion du Jubilé ! Or, dans son discours prononcé à l’Université de Georgetown sur les relations entre le catholicisme et l’orthodoxie, le patriarche fait état de « divergences sans cesse grandissantes », « ne pouvant être réduites à des problèmes de structures organisationnelles ou d’arrangements juridictionnels », et insiste au contraire sur « une différence plus substantielle », « tenant à la manière dont nous vivons et qui est devenue ontologiquement différente ».

..."En fondant la restauration du catholicisme sur un exercice toujours plus centralisé, médiatisé, mondialisé de la papauté, tout en se présentant comme le champion d’un œcuménisme pourtant tardivement adopté par Rome, Jean Paul II soumettait son pontificat à une contradiction essentielle.

..."Sachons le dire sans animosité, mais d’abord par amour de cette clarté sans laquelle le mot de fraternité sonnerait précisément faux : lors de ce pontificat, les signaux les plus alarmants furent lancés. Comment les orthodoxes pouvaient-ils interpréter les canonisations de leurs persécuteurs tel le cardinal croate Stepinac ? L’appel à une «nouvelle évangélisation » alors qu’ils n’avaient que trop souffert des croisades et de l’uniatisme ? L’emprunt de la formule des « deux poumons de l’Europe» au poète moscovite converti au catholicisme V. Ivanov ? L’accusation réitérée à l’encontre de l’Église russe d’une nostalgie supposée pour le communisme alors qu’elle avait donné plus de martyrs que toute l’histoire chrétienne ?

..." L’utilisation du statut étatique et des ressources diplomatiques du Saint Siège pour forcer les autres Églises de l’Est ou des Balkans à participer à la démonstration d’une pastorale planétaire violemment opposée à leur propre ecclésiologie ? Oui, ce furent là autant d’herbes amères qui rappelaient les plus mauvaises heures du schisme. Et qui causèrent étonnement, puis doute, dépit, colère. D’où la présente suspension, plutôt qu’interruption du dialogue. Mais suspension à l’exigence même de la vérité qui, dans sa « splendeur », ne tolère aucune obscurité – ni même demi-teinte.

Il faut renouer avec la théologie. ..."Pour voir reprendre et s’accomplir le dialogue, il faudra que le catholicisme renonce à concevoir l’orthodoxie comme une forme orientale, archaïque, conservatrice, acéphale de lui-même, surtout bonne à être ralliée et instrumentalisée contre la sécularisation. Et il lui sera nécessaire, au contraire, de renouer avec l’esprit de Vatican II, selon lequel la redécouverte des Pères et des Conciles constitue l’horizon naturel de véritables retrouvailles autour de la foi indivise des premiers siècles. (source et complément d'information : orthodoxie)

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