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22, 23 et 24 juin 2005 (semaine 25)
 

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2005-06-24 - RD Congo
POUR L'OUVERTURE DES CONCERTATIONS.

Dans une déclaration transmise à la presse, les évêques de la République démocratique du Congo (RDC) ont mis en garde contre "tout arrêt du processus de transition" plaidant pour "l'ouverture de concertations" entre les forces politiques du pays.

"Tout arrêt du processus de la transition de quelque manière que ce soit retarderait l'espoir de l'organisation d'élections libres, justes et fiables dans le meilleur délai. C'est pourquoi, il est impérieux de poursuivre courageusement le processus en redoublant d'efforts jusqu'à la tenue des élections", déclarent les évêques.

Face à "l’incertitude du lendemain, à l’insécurité grandissante et à la misère intolérable" du pays, les évêques de la République Démocratique du Congo proposent la création d’une structure nationale pour préparer les élections, reportées d’au moins 6 mois par rapport à la date initiale prévue du 30 juin.

Le texte, publié à l’occasion du 45ème anniversaire de l’indépendance du pays, ancienne colonie belge, la Conférence épiscopale exprime son inquiétude et "déplore" le report du vote censé mettre fin à la période de transition de deux ans après le conflit de 1998-2003. "Il faudra expliquer au peuple pourquoi les élections n’ont pas été organisées dans le premier délai constitutionnel" lit-on dans le message, dont la MISNA a reçu une copie.

"Il est utile que les responsabilités de la lenteur du processus soient établies et que les sanctions appropriées soient appliquées aux vrais responsables" ajoutent les prélats dans le document intitulé "Pourquoi avoir peur ? (Mc 4,40) ; l’avenir du Congo dépend de son peuple". Analysant la situation socio-politique du pays, les 40 prélats individualisent une série de points critiques, comme la lenteur du processus de désarmement et de réintégration des anciens rebelles, auxquelles s’ajoutent la persistance de "quelques foyers de tension entretenus par des mains invisibles pour des raisons inavouées, notamment à l’est du pays" où les victimes sont surtout les populations civiles.

Parlant d’une "psychose du 30 juin", les évêques évoquent le "spectre d’une crise profonde" provoquée par le choc de deux positions intransigeantes : "celles de ceux et celles qui tiennent à une prolongation automatique de la transition, sans bilan ni sanction, contre celle de celles et ceux qui exigent la fin de cette transition" en brandissant la menace du chaos et de la violence. Sans détour, les évêques dénoncent en attendant la réapparition de l’insécurité dans la capitale, Kinshasa, les assassinats devenus fréquents et les violations des droits humains perpétrées sans que les citoyens soient protégés : "Tout porte à croire que le pays n’est pas gouverné.

La visibilité de l’État est à peine perceptible" affirment-ils. Le document cerne avec lucidité les éléments de "frustration ressenties par certains opérateurs politiques, le malaise social, le manque de confiance de la population envers les gouvernants, la corruption généralisée, le pillage et le bradage du patrimoine national (principalement dans les domaines forestier et minier), l’occupation pure et simple des portions du territoire national par des éléments étrangers, la culture de l’impunité".

Dans une phase où l’Église a été elle aussi attaquée, les évêques réaffirment que le président de la commission électorale indépendante – l’abbé Augustin Malu Malu, accusé par certains d’avoir reporté le vote, en réalité déplacé pour des raisons d’organisation - "ne représente ni n’engage l’Église catholique". Les responsables du clergé congolais insistent sur la nécessité du dialogue et proposent la création d’une structure spéciale qui, à travers la concertation entre forces politiques et société civile, définisse les conditions et les limites temporelles de la prorogation de la transition.


Enfin, les évêques pressent le gouvernement de renforcer la sécurité alors que la criminalité n'a cessé d'augmenter ces derniers mois dans les grandes villes, et demandent à la communauté internationale d'être garante "du bon déroulement" des opérations électorales. (source : misna - information : conférence épiscopale de la RD Congo)

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