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FlashPress - Infocatho
19 au 21 juin 2005 (semaine 25)
 

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2005-06-21 -
UN HOMME D'ÉGLISE ÉPRIS DU PEUPLE PHILIPPIN.

Véritable chef spirituel de l'Église catholique des Philippines et artisan de la chute de deux présidents, le dictateur Ferdinand Marcos en 1986 et le président Estrada, chassé du pouvoir pour corruption en 2001, le cardinal Jaime Sin, vient de mourir.

Ancien archevêque de Manille, il était à la retraite depuis 2003 mais il restait le dirigeant catholique le plus influent des Philippines. Il avait joué un rôle crucial dans le renversement de Ferdinand Marcos, en apportant le soutien de l'Église à la révolte populaire qui mit fin à 20 ans de dictature.

Son courage à critiquer ouvertement le régime lui avait valu une grande popularité et avait renforcé l'influence de l'Église. Quinze ans plus tard, il avait également soutenu les classes moyennes appuyées par l'armée dans leur mouvement contre le président Joseph Estrada.

Les présidents Marcos et Estrada avaient été remplacés par deux femmes, catholique ferventes, Corazon Aquino et la dirigeante actuelle, Gloria Arroyo, qui toutes deux ont bénéficié de son appui, un atout considérable dans ce pays catholique.

Ces derniers temps, son état de santé s'était aggravée et ne lui avait pas permis de se rendre à Rome participer au conclave qui avait élu le pape Benoit XVI en avril, après la mort de Jean Paul II.

La présidente Arroyo a rendu hommage mardi au disparu, qualifié de "grand libérateur du peuple philippin et champion de Dieu". Elle a ajouté qu'il avait été "un homme béni qui n'a jamais manqué d'unir les Philippins dans les batailles les plus cruciales contre la tyranie et le mal". "Plusieurs fois, a-t-elle ajouté, j'ai été guidée par sa sagesse et son amour profond des pauvres et des opprimés".

Un homme d'une telle envergure a provoqué des jugements très divers. Un de ses frères, Ramon Sin, l'a qualifié d'homme "profondément épris du peuple philippin", mais il savait aussi rire et manier l'humour. L'Église catholique l'a apprécié comme un évêque soucieu de l'Évangile à transmettre à tous les hommes. Ses adversaires avait dénoncé son interférence dans les affaires politiques estimant que cela n'était pas du ressort de l'église, et le traitaient de "prélat politique".

Son souci de l'Église l'a poussé, dès les années 90, à chercher, de sa propre initiative, s'il était possible de nouer un dialogue entre l'Église catholique et la République populaire de Chine. Après l'établissement d'un bureau des affaires culturelles chinois à Manille, il invita les diplomates chinois à dîner. Il évoqua alors son envie d'aller en Chine rendre visite à des parents. Il voulait en réalité évaluer sur place la situation de l'Eglise. Une invitation fut lancée, et il put se rendre en Chine.

Dans les années 80, il avait fondé l'Institut Lorenzo Ruiz au sein de son diocèse pour former des séminaristes philippins d'origine chinoise, prêts à partir pour la Chine. En attendant ce jour, les séminaristes vivaient dans une ambiance chinoise, ils perfectionnaient leur connaissance de la langue, s'immergeaient dans leur culture ancestrale, et après leur ordination, travaillaient comme prêtres dans les paroisses chinoises des Philippines.

Cette action politique et cette perspective évangélique, le cardinal Sin le justifiait ainsi :
"La politique sans le Christ est le plus grand fléau de notre nation." (source et information : Agence Apic - Service de presse du Vatican-VIS)

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