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du 1 au 4 janvier 2008 (semaine 01)
 

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2008-01-04 - Pérou
QUELLE PASTORALE, POUR QUELLE ÉVANGÉLISATION

Les orientations du "Document d'Aparecida" peuvent remettre en cause l'évangélisation actuelle qui s’était orientée vers le respect de la culture locale et le développement d’une des régions les plus pauvres du Pérou.

Les prêtres de la Société de Maryknoll se sont établis dans cette prélature située à près de 4 000 mètres d’altitude en pleine population de culture aymara en 1943. Depuis lors, ils ont œuvré dans la pastorale menant une évangélisation qui a cherché jusqu’à présent à dialoguer avec les cultures locales (quechua et aymara).

Depuis un certain temps, la situation de l’Église dans la partie sud-andine du Pérou se trouve bousculée par des événements qui choquent une bonne partie des fidèles et de ceux qui s’intéressent à cette région. L'arrivée d'une nouvelle génération d'évêques et la récente discussion entre le prélat-évêque de la Prélature de Juli et les prêtres de la Société de Maryknoll, originaire des États-Unis, a fait des remous.

L'analyse de l'agence DIAL s'en fait l'écho. Jusque là, les prélats antérieurs (diocésains, carmélites, dominicains, salésiens, maryknoll et autres) avaient tous soutenu une perspective d’évangélisation en dialogue avec les cultures locales (quechua et aymara), une politique de défense des droits humains (rappelons que le Sud andin a été fortement touché par le terrorisme de Sentier lumineux et par la répression d’État) et un effort de développement dans la lignée de la doctrine sociale de l’Église, prenant très au sérieux l’option préférentielle pour les pauvres.

L’arrivée d'un nouvel évêque appartenant à l’Opus Dei marque une rupture avec la tradition épiscopale locale. La nomination de Mgr José María Ortega a conclu une vague de remplacements d’évêques dans le Sud andin. Depuis quelques années ils ont été remplacés par des évêques d’une toute autre vision théologique et appartenant à des mouvements ecclésiaux comme l'Opus Dei, Sodalitium Christianae Vitae, Chemin du néo-catéchuménat.

Selon le correspondant de DIAL, qui a une grande expérience pastorale au Pérou, c es mouvements paraissent avoir tous la même politique quand ils obtiennent la charge d’un diocèse. Selon les dires des nouveaux évêques (et des moyens d’information et de diffusion dont ils disposent, comme par exemple l’Agence catholique d’information aux mains du Sodalitium), ils viennent pour « enfin » instaurer l’Église et sauver les âmes perdues. Ils constituent le début de la présence ecclésiale, car "avant eux rien (de bien) n’a été fait".

Normalement ils arrivent avec un groupe d’aide important (universités et professionnels de leur mouvement, ressources financières, moyens de communication, etc.). Le clergé local passe en second lieu, après les membres du mouvement. La population locale est considérée majoritairement comme inculte et non-évangélisée, au point qu’on lui refuse même parfois la communion. La culture locale est dédaignée comme païenne et infestée de superstitions. Il n’y pas pratiquement pas d’espaces de dialogue, car les nouveaux venus sont propriétaires de « la » vérité. La communion ecclésiale est entendue comme l’obéissance stricte à l’évêque. Il n’y a pas d’intérêt pour la promotion de projets en commun, par exemple avec les diocèses voisins.

La parution des revues Pastoral andina et Allpanchis, qui avaient acquis un grand prestige national et international de par la qualité de leurs études pastorales, anthropologiques et sociologiques, a été suspendue, et elles seront remplacées par des revues de contenu strictement « catéchétique et liturgique » aux dires des nouveaux évêques.

La pastorale inculturée et avec une orientation sociale a été remplacée par une pastorale centrée sur les sacrements et la liturgie.

Il est normal que dans ce nouveau contexte surgissent des problèmes entre les tenants de l’ancien modèle d’évangélisation et du nouveau modèle imposé ainsi qu'une situation de malaise qui caractérise d’une certaine façon l’Église du Pérou.

D'autant qu'après 5 siècles, l’Église péruvienne continue à être une Église dépendante de l’étranger. Sur les 50 évêques, 31 sont nés à l’étranger, 41 sont religieux ou appartiennent à des mouvements – l’Opus Dei est en tête de liste, avec 11 évêques, suivi par 7 Franciscains de diverses dénominations, et 6 Augustins (idem). Sur les 50 évêques actifs, 19 évêques sont donc nés au Pérou, et 3 seulement sont diocésains.

La nomination récente d’évêques appartenant à des mouvements a compliqué la situation.
Pour sa part, le Document d’Aparecida revient clairement à une structure où la communion ecclésiale se vit au niveau du diocèse et des paroisses, et non pas au niveau des mouvements. C’est une leçon dont l’application risque de prendre du temps au Pérou. (source : DIAL)

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