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du 1 au 4 janvier 2008 (semaine 01)
 

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2008-01-04 -
UNE DÉLÉGATION MUSULMANE AU VATICAN

Une délégation musulmane est attendue en février-mars au Vatican pour préparer une rencontre entre le Pape et des représentants de religieux et intellectuels musulmans partisans du dialogue avec les chrétiens.

"Au mois de février ou mars, trois représentants des signataires devraient venir à Rome pour la préparation" de la rencontre qui pourrait avoir lieu au printemps, a récemment indiqué le cardinal Tauran au journal du Vatican l'Osservatore Romano.

En octobre 2007, 138 religieux, dignitaires et intellectuels musulmans du monde entier avaient publié une lettre ouverte aux représentants des différences confessions chrétiennes les invitant au dialogue. Plusieurs dizaines d'autres signataires les ont rejoints depuis.

Le 29 novembre, Benoît XVI a invité "un groupe restreint de signataires de la lettre ouverte à venir le rencontrer". Le prince Ghazi bin Muhammad bin Talal, président de l'Institut pour la pensée islamique à Amman et maître-d'oeuvre de l'initiative musulmane, a écrit le 12 décembre au cardinal Bertone pour lui annoncer l'envoi de trois émissaires chargés de préparer l'évènement.

Parmi eux, l’unique signataire italien de la lettre des 138, Yahya Sergio Yahe Pallavicini, imam de la mosquée al-Wahid de Milan, et le théologien libyen Aref Ali Nayed, qui, dans le passé à enseigner au Pisai, l'Institut Pontifical d'études arabes et d'islamologie.

En février, le cardinal Tauran se rendra à l’université al-Azhar du Caire, la plus importante de l’islam sunnite. Il rencontrera également des membres de l’organisation libyenne World Islamic Call Society et du Royal Institute for Inter-Faith Studies d’Amman (Jordanie).

Dans son interview à "L’Osservatore Romano", le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux s’est dit "très confiant" et a apprécié les "ouvertures considérables" dont font preuve des groupes importants du monde musulman.

Mais les difficultés à surmonter sont encore grandes. L’échange de lettres entre le cardinal Bertone et le prince de Jordanie montre bien que les deux parties ne sont pas du tout d’accord en particulier sur un point essentiel: les sujets sur lesquels doit porter le débat.

Le cardinal Bertone propose trois principaux sujets de discussion: "un respect effectif de la dignité de tout être humain "; "la connaissance objective de la religion de l’autre"; "l’engagement commun à promouvoir le respect et l’acceptation mutuels entre les jeunes".

C
ertains signataires ont exprimé leur manque total d’intérêt pour une discussion sur la liberté de conscience, l’égalité entre homme et femme et entre croyant et non-croyant, la séparation entre pouvoir religieux et pouvoir politique. Bref, toutes ces conquêtes des Lumières que l’Eglise catholique a fait siennes mais que l’islam est encore loin d’accepter.

A l’inverse, la lettre du prince de Jordanie au cardinal Bertone, datée du 12 décembre et elle aussi rendue publique une dizaine de jours plus tard, insiste sur le fait que le dialogue entre catholiques et musulmans doit être d’abord "théologique" et "spirituel". Il doit en outre avoir pour objet – plus que des aspects définis comme "extrinsèques" tels que les commandements de la loi naturelle, la liberté religieuse et la parité entre homme et femme – cette "Parole commune entre nous et vous" qui est au centre de la lettre des 138, à savoir l’unicité de Dieu et le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain.

Les attaques contre la position adoptée par le Vatican ne manquent pas dans la lettre du prince de Jordanie. En particulier à prpopos de cette remarque du Pape. "Dans un dialogue à intensifier avec l'Islam, nous devrons garder à l'esprit le fait que le monde musulman se trouve aujourd'hui avec une grande urgence face à une tâche très semblable à celle qui fut imposée aux chrétiens à partir du siècle des Lumières et à laquelle le Concile Vatican II a apporté des solutions concrètes pour l'Eglise catholique au terme d'une longue et difficile recherche."

On peut déduire de l’échange de lettres entre le cardinal Bertone et le prince de Jordanie que le fossé entre catholiques et musulmans reste encore très large et très profond, par rapport au cheminement proposé par Benoît XVI. (information : VIS et Chiesa)

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