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du 13 au 15 février 2008 (semaine 07)
 

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2008-02-15 - Philippines
UN IMPORTANT SCANDALE DE CORRUPTION

Sur le site Internet de la Conférence des évêques, le président de la Conférence, a publié, le 10 février un appel à la prière pour soutenir deux personnalités dont les récentes déclarations ont contribué à dévoiler un important scandale de corruption.

« C’est courageux de confesser publiquement une grave affaire de corruption », écrit Mgr Angel Lagdameo, qui renvoie à la déclaration du 27 janvier dernier de l’épiscopat philippin, la
CBCP, Catholic Bishops’ Conference of the Philippines où les responsables de l’Eglise disaient attendre des fidèles catholiques « des engagements forts » en matière de responsabilité civique et de bonne gouvernance.

L’appel de Mgr Angel Lagdameo a été publié deux jours après qu’une commission d’enquête du Sénat eut commencé à auditionner Rodolfo Lozada, 45 ans, président jusqu’à très récemment d’une entreprise publique, Philippine Forest Corp., sur son implication dans un contrat de télécommunications, aujourd’hui annulé.

Ce contrat a été signé en avril dernier entre le ministère des Transports et un opérateur de télécom chinois, ZTE Corp., pour une valeur de 330 millions de dollars ; adossé à un prêt du gouvernement chinois, il concernait la mise en place d’un réseau de communications à haut débit dans le pays. Il a été annulé après que des soupçons de corruption soient apparus sur la place publique.

Des « commissions » pour un montant de 130 millions de dollars ont été évoquées, au bénéfice de hauts responsables philippins, dont Jose Miguel Arroyo, le mari de la présidente Gloria Macapagal Arroyo. Rodolfo Lozada aurait eu vent du versement de cette commission ; lui et Jose de Venecia III en ont fait part publiquement.

Rodolfo Lozada aurait alors fait l’objet de pression des services de sécurité gouvernementaux et, au Sénat, Jose de Venecia Jr., le père de Jose de Venecia III, a été destitué, par un vote des parlementaires, de son poste de président de la Chambre des représentants. Jose de Venecia Jr. était speaker de la Chambre basse du Parlement philippin depuis douze ans ; longtemps proche de la présidente, « il a coupé les ponts avec Gloria Arroyo » en reprenant à son compte les dénonciations proférées par son fils, explique le Philippine Daily Inquirer, et les députés de la majorité présidentielle ont choisi de le démettre.

Pour Mgr Angel Lagdameo, qui a intitulé son message : « La vérité portera notre pays vers la liberté », la révélation publique de ce scandale "peut être considérée comme un événement providentiel pour sauver notre pays, otage de deals gouvernementaux douteux". Il a poursuivi en soulignant le caractère courageux des déclarations faites par Rodolfo Lozada et Jose de Venecia III, des déclarations faites « au détriment de leurs carrières ».« Chaque vérité est bonne à dire », a-t-il ajouté.

Selon les observateurs, l’Eglise catholique des Philippines prend ici position sur un terrain sensible. Lors de leur dernière assemblée plénière, au mois de janvier dernier, les évêques ont réaffirmé qu’ils ne tenaient pas à s’associer aux démarches de divers groupes politiques ou issus de la société civile pour obtenir la destitution de la présidente Arroyo, aujourd’hui très impopulaire.

Par la voix de son président, la Conférence épiscopale salue donc les initiatives de ceux qui osent dénoncer la corruption, y compris lorsque celle-ci implique l’époux de la présidente, mais elle se garde d’entrer dans le jeu politicien, en restant sur le plan de l’affirmation des principes, « éclairés par la lumière de l’Evangile et de la doctrine sociale de l’Eglise ». (source : EDA)

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