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du 13 au 15 février 2008 (semaine 07)
 
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2008-02-15 - France
UNE BÉATIFICATION QUE NE FAIT PAS L'UNANIMITÉ

Jacques Fesch, guillotiné le 1er octobre 1957 à la prison de la Santé à Paris pour avoir tué un agent de police, pourrait être béatifié plus tôt que prévu, car le travail de la Commission historique en charge du dossier est en voie d’achèvement.

C'est ce que confirme le P. Henri Moreau, postulateur et que le président de la Commission diocésaine d’enquête, le professeur Jean Duchesne, voudrait voir aboutir de son vivant. Par contre toute une partie de l'opinion est opposée à la béatification que certains appellent "le bon larron de notre temps", béatification souhaitée par le cardinal Lustiger.

Rappelons les faits. Le 25 février 1954, celui que l’opinion et la presse de l’époque vont surnommer le « dandy malfrat » entre dans un bureau de change pour dérober plus de deux millions de francs de l’époque. L’affaire tourne mal. Poursuivi par un agent de police qui le traque avec son arme, il tire le premier et le tue. Jugé le 6 avril 1957, écroué à la prison de la Santé à Paris, il y restera un peu plus de trois ans, avant de périr décapité.

Dans son journal spirituel, il parlera de la grâce de sa conversion : « J’ai entendu une voix qui n’est pas de la terre me dire : ‘Jacques, tu reçois les grâces de ta mort’ ». Ce choc, affirment aujourd’hui les acteurs de cette procédure en béatification, va entraîner sa conversion.

Plus tard, Fesch écrira : « Jesuis comblé, on me sauve malgré moi, on me retire du monde parce que je m’y perdais ». Trois ouvrages, véritables best-sellers, tirés de ses écrits, seront publiés en ce sens : « Lumière sur l’échafaud », « Cellule 18 » et « Dans cinq heures je verrai Jésus ».

Son journal de prison s’achève sur ces mots :« Je crois que je vais arrêter là ce journal, j’entends des bruits inquiétants ».

Est-ce assez pour justifier une procédure en béatification ? Le P. Henri Moreau et Jean Duchesne en sont convaincus
.

A l'inverse,
Joaquin Masanet, secrétaire de l’UNSA, l'Union des services de police, ne mâche pas ses mots : « Je doute que l’ensemble des catholiques français comprennent cette béatification. Nous sommes opposés à cette démarche visant en quelque sorte à réhabiliter l’assassin d’un policier, père de famille, dans l’exercice de ses fonctions. Peut-on dès lors pardonner, même 50 ans après ? La police n’attend pas que l’assassin de l’un des siens ne devienne saint ».

Et
d’asséner, péremptoire : « Il y a d’autres personnes qui le méritent, dans le monde. A commencer par l’abbé Pierre ». L’an dernier, confie-t-il enfin, comme pour justifier le rejet de cette béatification, 8 policiers français ont été tués dans l’exercice de leur boulot.

Sur la tombe de Fesch, à Saint-Germain-en-Laye – où il a exceptionnellement été transféré du carré des condamnés à mort -, des anonymes déposent fleurs et demandes d’intercessions. « La béatification ne crée par le culte,elle le reconnaît », souligne Jean Duchesne. (information : diocèse de Paris)

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