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du 25 au 28 février 2008 (semaine 09)
 

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2008-02-28 - Philippines
LA POSITION POLITIQUEMENT PRUDENTE DE L'ÉGLISE

Le 26 février, à l’issue d’une session extraordinaire de la Conférence épiscopale, les évêques catholiques ont exprimé leur position sur les scandales politiques récents. « C’est au peuple de décider, cela ne relève pas de nos compétences ».

Pressés de soutenir les mouvements de la société civile demandant la démission de la présidente de la République, les évêques ont adopté une position ne demandant pas explicitement le départ de la présidente, position accueillie de façon mitigée par leurs fidèles.

La « Déclaration pastorale » de la CBCP (Catholic Bishops’ Conference of the Philippines),  intitulée : « Rechercher la vérité et restaurer l’intégrité », fait référence au scandale de corruption dans lequel l’époux de Gloria Macapagal Arroyo semble être impliqué.

Les 57 évêques qui ont pris part à la session extraordinaire de la CBCP ont condamné l’actuelle « culture de corruption » et ont exhorté le chef de l’Etat et le gouvernement philippin à prendre des mesures pour lutter contre ce fléau. Ils ont demandé l’abrogation de l’Executive Order 464.

Cette directive, mise en place en 2005 à la demande de Gloria Macapagal Arroyo, exige l’accord du président de la République pour que de hauts fonctionnaires puissent être auditionnés dans le cadre de certaines enquêtes. Ils demandent notamment à la présidente d’autoriser ses proches collaborateurs à pouvoir être auditionnés dans le cadre de l’enquête relative au scandale de corruption actuel, qui éclabousse la réputation de son époux, déjà entamée, ces dernières années, par différentes affaires de corruption.

Mgr Leonardo Legaspi, archevêque de Caceres, a lu la déclaration de la CBCP lors d’une conférence de presse, le 26 février, expliquant que les évêques « n’a[vaient] pas explicitement demandé la démission de la présidente, mais son implication dans la lutte contre la corruption ».

« Le chef de l’Etat se doit de s’impliquer dans les réformes qui permettront à la nation de trouver le chemin menant à la maturité politique. » Savoir s’il existe suffisamment de raisons pour appeler la présidente à la démission n’est pas la question sur laquelle les évêques se sont penchés et ont discerné. « C’est au peuple de décider, cela ne relève pas de nos compétences », a-t-il précisé.

La réponse des évêques peut être analysée de plusieurs manières. Elle semble tout d’abord confirmer le manque d’unité de l’épiscopat sur le fait de savoir si l’Eglise catholique doit prendre officiellement position dans les crises politiques à répétition que traverse le pays.

Tout en célébrant le 22ème anniversaire du « People Power » de 1986, par des messes célébrées, ce 25 février, à ce propos, force est de constater que l’Eglise catholique ne semble plus vouloir jouer ce rôle central sur la scène politique.

Pour nombre de groupes de la société civile, « la position insipide » des évêques philippins reste néanmoins décevante. « Nous avons besoin d’évêques qui prennent position et osent dire au monde que quelque chose ne tourne pas rond avec notre gouvernement », a ainsi déclaré Alvin Peters, du mouvement Youth ACT Now , la ligue des étudiants philippins. (source : Agence Fides)

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