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2008-03-21 -
LE CHEMIN DE CROIX DU COLISÉE

Pour la première fois depuis sa création en 1750, le chemin de croix du Colisée est marquée par les événements. Benoît XVI a demandé au cardinal Joseph Ze Ze kiun, archevêque de Hong Kong, de lui donner une orientation "chinoise".

Cette particularité se remarque déjà pour chaque station dont l'illustration est celle-là même de la grande tradition des estampes chinoises anciennes, car, cette année, le livret remis aux fidèles est illustré par des peintres chinois du siècle passé. "L'Evangile en Chine, et en habit traditionnel. Bel exemple de la capacité du christianisme à s'universaliser, jusqu'à son centre romain..." écrit Isabelle de Gaulmyn.

Les commentaires sont brefs et incisifs. Les années précédentes ils s'inspiraient de textes bibliques ou patristiques, à l'exception de celui de l'an 2000 où Jean Paul II s'inspirait de son récent pèlerinage à Jérusalem. Cette année, ils font allusion à la situation de l'Église en Chine, tout en évoquant les martyrs contemporains.

Autre particularité, le choix des stations n'est pas inspiré par le déroulement traditionnel, où l'on évoquait les trois chûtes du Christ, par exemple. Commençant au Jardin des Oliviers, il reste proche des évangiles comme l'avait initié Jean Paul II à plusieurs reprises.

Ce chemin de croix se déroule quelques jours seulement après qu'une délégation chinoise ait été reçue dans la plus grande discrétion au Vatican, le 18 mars.

Le Saint-Siège ne ménage pas totalement Pékin quoi qu'on en ait dit à propos des événements du Tibet. En confiant les
méditations du Chemin de croix au Colisée du 21 mars au cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hong-kong et figure incontournable des relations entre le Saint-Siège et la Chine, le Pape a choisi de mettre en avant un homme peu apprécié des autorités de Pékin.

Et ce jusque dans ses méditations, car le cardinal a saisi l’occasion pour faire très clairement allusion à la situation actuelle des catholiques dans l’Empire du Milieu: persécutions, absence de liberté religieuse et divisions de l’épiscopat entre une Eglise officielle et une Eglise clandestine.

“Je n’ai pas hésiter un seul instant pour accepter une telle tâche a déclaré le cardinal Zen Ze-kiun. J’ai compris que le Pape, par ce geste, entendait manifester son attention personnelle au grand continent asiatique et particulièrement impliquer les fidèles de Chine dans cet exercice solennel de piété chrétienne“. Ces méditations seront retransmises en direct dans le monde entier.

“Le Pape a voulu ainsi que je porte au Colisée la voix de ces sœurs et de ses frères lointains“, écrit encore le cardinal qui a glissé dans presque chacune de ses méditations et de ses prières pour les 14 stations du chemin de croix une référence à la situation religieuse en Chine, en évoquant les martyrs qui ont suivi Jésus en lui donnant leur vie.

“Ce soir, au Colisée, il n’y a pas que nous. Tous les ‘martyrs vivants’ du 21e siècle sont présents dans le cœur du Pape et dans nos cœurs“.

Pour ménager sa santé, Benoît XVI a dû renoncer à porter la croix, ne rejoignant la procession qu'au terme du parcours à l'inverse de ce que prévoyait pourtant le programme officiel.

Ce programme rompait déjà avec la pratique des années précédentes au cours desquelles, habituellement, le Pape avait effectuait à pied la totalité du parcours. Cette année, il était prévu que Benoît XVI préside la procession du mont Palatin et ne descende porter la croix que pour les trois dernières stations.

Alors que la pluie était battante et le vent fort, le Pape n'a pas quitté sa terrasse du mont Palatin au moment prévu, le cardinal italien Camillo Ruini, vicaire de Rome, se chargeant de mener à sa fin la procession. Benoît XVI prit la croix que lui avait remise une jeune chinoise puis il parcourut les dernières distances du chemin de croix, avant d'engager les fidèles présents à suivre le Christ. (texte et illustrations : liturgie vaticane - et VIS)

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