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du 25 au 28 mars 2008 (semaine 13)
 
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2008-03-28 -
LA LIBERTÉ DE PENSÉE DOIT ÊTRE RESPECTÉE


La liberté de conscience est "un droit fondamental", s’est limité à commenter le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, à propos du baptême du musulman Magdi Allam, vice-directeur du Corriere delle Sera.

Trois jours après la célébration de son baptême controversé, lors de la messe retransmise en Mondovision, la presse italienne a donné une large place au débat d’idées dans ses colonnes. De nombreux journaux arabes ont quant à eux critiqué le geste du Pape. Parmi eux, le quotidien international Al Quds al Arabi a titré sur "l’indignation des musulmans"après le baptême d’un "ex-musulman qui soutient Israël, connu pour son aversion à l’islam".

Un autre membre de la commission venue préparer dernièrement à Rome le "Forum catholico-musulman" de novembre prochain, l’imam Yahya Pallavicini, a vivement dénoncé le geste du Pape. Il s’agit, a estimé le vice-président de la communauté musulmane italienne, d’une "erreur d’honnêteté intellectuelle" commise "avec la complicité de la hiérarchie vaticane".           

Moins de deux heures avant la célébration de ce baptême, avec 6 autres baptêmes d’adultes, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le Père Federico Lombardi, avait expliqué que le Pape administrait ce sacrement "sans faire de différence entre les personnes".

Révélant l’identité du baptisé, il avait expliqué que, "pour l’Eglise catholique, toute personne qui demande à recevoir le baptême après une recherche personnelle profonde, un choix pleinement libre et une préparation adéquate, a le droit de le recevoir".           

Au lendemain de son baptême, Magdi Allam avait expliqué dans son journal son choix de s’affranchir "de l’obscurantisme d’une idéologie qui légitime le mensonge et la dissimulation, la mort violente qui conduit à l’homicide et au suicide, la soumission aveugle à la tyrannie".

Rappelons que, devant les menaces de mort dont il a été l'objet, il avait dû demander une protection spéciale. Magdi Allam a salué le geste du pape qui avait accepté de le baptiser comme "un message explicite et révolutionnaire d’une Eglise qui, jusqu’à présent, a été trop prudente dans la conversion des musulmans" car elle avait "peur de ne pas pouvoir protéger les convertis face à leur condamnation à mort pour apostasie".

Le 27 mars, sur Radio-Vatican, le P. Federico Lombardi a pris ses distances avec les prises de position controversées de Magdi Allam. Plutôt que d'en discuter, il a souhaité répondre essentiellement aux vives critiques exprimées par Aref Ali Nayed, directeur du Centre stratégique d’études islamiques d’Amman (Jordanie).

“Accueillir dans l’Eglise un nouveau croyant ne signifie pas, évidemment, épouser toutes ses idées et positions, en particulier sur des thèmes politiques et sociaux... Les idées personnelles de Magdi Allam, a encore précisé le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, ne sont en aucun cas l’expression officielle de la position du pape ou du Saint-Siège.

Aref Ali Nayed avait estimé que ce baptême était “une autre façon de réaffirmer le message de Ratisbonne“ sur l’islam, en septembre 2006. Le P. Lombardi lui a répondu que les explications sur l'interprétation correcte de ce discours et qu’il n’y avait donc pas de raison de les remettre en question.

Aref Ali Nayed avait accusé le Pape de manichéisme concernant les symboles liturgiques de la veillée pascale, comme l’obscurité et la lumière. Le P. Lombardi considère que ces accusations manifestaient “une incompréhension de la liturgie catholique“ plus qu’une “critique pertinente du discours de Benoît XVI“.

Aref Ali Nayed avait aussi évoqué le prosélytisme des écoles catholiques dans des pays à majorité musulmane, comme celles fréquentées par Magdi Allam lors de son enfance au Caire. Le P. Lombardi a loué “la grande tradition d’engagement éducatif de l’Eglise, y compris dans des pays majoritairement non chrétiens“. Il a surtout affirmé que l’accusation de manque de respect pour la dignité et la liberté de la personne humaine faite à l’Eglise n’est pas méritée. (source : Radio-Vatican)

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