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du 29 au 31 mars 2008 (semaine 13)
 

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2008-03-31 - France
EXIGENCES ÉVANGÉLIQUES ET EXIGENCES PROFESSIONNELLES

Les
27èmes assises nationales des entrepreneurs et dirigeants chrétiens, EDC, ont réuni plus d'un millier de patrons du vendredi 28 au dimanche 30 mars à Marseille, sur le thème "Diriger et servir", à la lumière de l'Évangile et du sens de l'entreprise.

Les intervenants étaient des plus différents. Ils s'appellent : Jean-Claude Mailly, le secrétaire général du syndicat FO, Jean-François Roubaud, le président de la CGPME, Petites et Moyennes Entreprises, , la psychanalyste Marie Balmary et le théologien Luc Crépy. Ont également participé à ces assises, le président de Thales Denis Ranque, le directeur opérationnel de Danone Emmanuel Faber ou le président de Pernod-Ricard Patrick Ricard.

"Nous ne sommes pas un lobby mais un mouvement tourné vers ses membres pour qu'ils se convertissent, plus spécialement dans la partie de leur vie qui concerne leurs responsabilités de dirigeants", explique Pierre Deschamps, ancien dirigeant de la société de services informatiques Unilog qui préside depuis 2006 ce mouvement.

Si les EDC n'ont pas encore pris directement position, ils appartiennent à la Plateforme sociale chrétienne, un groupe de mouvements et associations constitué durant la dernière campagne présidentielle et qui vient de rédiger un document sur le travail dominical remis à l'Elysée. Les EDC, dont la création remonte à 1925 regroupent quelque 2.000 dirigeants d'entreprises dans tous les secteurs d'activités.

Plus que les années précédentes, ces assises ont témoigné de la « tension créatrice » des dirigeants chrétiens. «Il y a un écart entre ce que je crois et ce que je suis ou ce que je fais. Cet écart, mes collaborateurs le mesurent chaque jour. Et pourtant, je ne dois renoncer ni à croire en chrétien ni à agir au quotidien.»

C’est ce qu’exprime François Villeroy de Galhau, PDG du groupe bancaire Cetelem. « Oui,  les chefs d’entreprise doivent faire gagner de l’argent à leur société et il leur arrive de licencier ; oui, les salariés peuvent être stressés et précarisés ; oui, les actionnaires réclament un « retour sur investissement »… Placés au cœur de cette réalité, les dirigeants chrétiens doivent gérer leur entreprise sans renoncer à leurs convictions. En somme, « diriger et servir ».

Pour Xavier Grenet à Saint­Gobain qui est chargé de la gestion des cadres à Saint-Gobain,  cette tension entre « le devoir d’état » et l’attention que l’on doit à chacun, prend la forme d’un combat intérieur chez celui qui veut rester fidèle à ces deux pôles d’exigences.

« Aimer l’homme ne signifie pas que l’on va embaucher tout le monde. Nous sommes tous amenés à prendre des décisions douloureuses. J’ai fermé une usine, j’ai accompagné des personnes qui devaient quitter le groupe. Il y a des manières d’agir qui peuvent détruire ou faire grandir. “Dis seulement une parole et je serai guéri”, a dit le centurion. Dans le monde de l’entreprise aussi, il faut prendre le temps de l’explication et de la parole partagée. »

Jean-François Labbé, administrateur et actionnaire d’un groupe de 2 000 salariés, estime même que cette tension est une chance pour les dirigeants chrétiens. «On ne garde pas longtemps une avance technologique, alors qu’avoir des collaborateurs motivés, respectés et écoutés est un atout considérable. Avoir la foi pour diriger une société est donc presque un privilège. J’en ai moi-même fait l’expérience à de nombreuses reprises. »

Tous ne prendront pas la même décision de Christophe Prouvost qui  a choisi de démissionner, à 37 ans, père de famille de quatre enfants. « Pour des raisons éthiques et de convictions religieuses, précise-t-il. On ne peut pas être chrétien le dimanche, et un requin le lundi. La décision a été difficile à prendre. J’en ai discuté avec mon épouse et des amis. Nous avons lu la Bible. Certains passages me sont apparus comme une réponse à mes questions (Mt 6, 33 : Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît). » L’année suivante, Christophe Prouvost est devenu avocat.

Si l’Évangile n’est pas un manuel de management, il peut être source d’inspiration pour changer ses comportements et résister aux contraintes extérieures.

Dans un document préparatoire aux assises de Marseille, les EDC invitaient les participants à se poser une série de questions concrètes : comment porter attention aux plus modestes de mes collaborateurs ? Quels sont les fondements de ma politique salariale ? Tous mes collaborateurs peuvent-ils s’exprimer librement et être entendus ? Autant de pistes de réflexion qui doivent aider les chefs d’entreprise à savoir qui servir, et comment.

Ces questions ont été abordées pendant ces journées. Si elles ne résolvent pas les problèmes, les réponses ont été un éclairage pour ces responsables d’entreprises. (information : EDC)

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