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du 3 au 6 mai 2008 (semaine 19)
 

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2008-05-06 - Syrie
L'EXPÉRIENCE DES CHRÉTIENS ET DES MUSULMANS

"On n'étudie pas l'islam comme on étudie la grammaire" a déclaré le Patriarche Ignatius IV (Hazim), de l'Eglise orthodoxe grecque de Syrie, s'adressant à une délégation du COE, le Conseil oecuménique des Églises, venue en Syrie.

Cette délégation était conduite par le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du COE venue en Syrie pour s'inspirer de l'expérience des chrétiens et des musulmans qui, depuis longtemps, vivent en paix les uns avec les autres dans ce pays.

"Il faut voir les gens tels qu'ils sont et avoir quelque chose en commun avec eux. C'est ce qui se passe pour les musulmans qui vont vivre chez vous. Pourquoi les ignorer ?", a demandé le Patriarche, s'adressant notamment aux membres de la délégation venus d'Europe et des Etats-Unis, au début de leur visite, qui s'est déroulée du 19 au 22 avril.

Tout au long des rencontres qu'elle a eue avec des responsables chrétiens et musulmans, ainsi qu'avec le président syien Bachar-el-Assad, la délégation a entendu ce même message : pour une bonne compréhension entre les religions, il convient que chrétiens et musulmans se perçoivent réciproquement comme êtres humains, plutôt que comme représentants d'un groupe religieux.

Au cours de cette visite ont été également abordés d'autres sujets importants, tels que la situation dramatique des réfugiés irakiens et le fait que de nombreux chrétiens quittent le Moyen Orient pour se rendre en Occident. Avec un million et demi de réfugiés venus d'Irak, la Syrie, qui compte 20 millions d'habitants, a plus fait que n'importe quel autre pays pour accueillir les personnes fuyant la violence qui déchire son voisin de l'est. Elle a une tradition d'ouverture des frontières aux réfugiés. Elle a été le refuge d'un demi million de Palestiniens et a accueilli environ 200.000 Libanais au cours du conflit de 2006.

Les réfugiés qu'ont rencontrés à Damas les représentants d'Eglises - membres du COE - du Moyen Orient, des Etats Unis, du Pakistan, d'Allemagne, d'Australie et de Suède ont dit leur reconnaissance à la Syrie et aux Eglises de ce pays pour l'accueil reçu, mais également leur sentiment d'être lâchés par la communauté internationale. "Bien sûr que je voudrais rentrer chez moi - a dit une jeune femme de Bassora - mais peut-on me garantir que je ne vais pas être assassinée? Des membres de ma famille y sont repartis et, une nuit, on les a tous tués."

"Nous ne voulons pas vider l'Irak de ses chrétiens, mais s'ils y sont menacés, comment leur dire de rester ?", demande le Patriarche Mor Ignatius Zakka I (Iwas) de l'Eglise orthodoxe syrienne, lui-même natif d'Irak.

Samer Laham, directeur des relations oecuméniques au Patriarcat orthodoxe grec, précise: "Les réfugiés ne peuvent pas rentrer chez eux, ils y seraient assassinés, mais ils ne peuvent pas rester ici, car il est très difficile de trouver du travail et ils n'ont plus d'argent avec le coût de la vie qui augmente continuellement."

Des institutions musulmanes et les Eglises de Syrie travaillent côte à côte pour s'occuper des réfugiés. "A des chrétiens irakiens [qui pensaient à aller chercher asile en Occident], nous avons dit : s'il vous plaît, n'y allez pas ! Ici, vous faites partie de la famille, là-bas, vous serez des numéros" a déclaré à la délégation du COE Ahmad Badr Al-Din Hassoun, Grand Mufti de la République de Syrie.

A l'issue de la célébration marquant le troisième anniversaire du pape Benoît XVI, le Patriarche Melkite grec Gregorios III (Laham) a déclaré: "La paix en Terre Sainte est la clé de la plupart des problèmes de cette région. Chaque crise entraîne une nouvelle vague d'émigration qui comporte aussi des musulmans, mais surtout des chrétiens. Pour sauvegarder la présence chrétienne au Moyen Orient, faites tout votre possible pour obtenir la paix en Palestine/Israël," a demandé S.B. Gregorios III à ses visiteurs oecuméniques.

Selon Samuel Kobia, secrétaire général du COE, la Syrie, pourrait être "un modèle de vie en commun pour des personnes de différentes religions en tant que peuple créé par un Dieu Unique". Cela s'est encore manifesté à la Fondation Cheikh Ahmad Kuftaro, un centre musulman consacré à la formation et aux études inter religieuses. Des jeunes filles appartenant à l'école et à l'orphelinat de cette fondation ont accueilli la délégation oecuménique par des chants à la louange du "prophète Issa" (Jésus) qui "appelle à l'amour et à la paix".

La Syrie était le dernier des trois pays du Moyen Orient visités par cette délégation du COE. Cette visite avait débuté le 14 avril par une réunion publique sur les migrations, à Beyrouth et comportait un bref séjour dans les Émirats Arabes Unis.

La délégation a entendu des récits profondément émouvants de la part de réfugiés irakiens, mais elle emporte aussi avec elle un message d'espoir. Le Patriarche Ignatius IV leur a déclaré : "Je crois aux actes d'amour. Accueillir les gens avec amour, cela ne résoudra pas tous les problèmes sur le champ. Mais la génération suivante en recueillera les fruits." (source : COE)

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