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du 2 au 5 décembre 2008 (semaine 50)
 

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2008-12-05 - Nigeria
IL FAUT ÉVITER D'INSTRUMENTALISER LA RELIGION

“Les désordres de Jos sont en réalité la conséquence d’un problème politique." déclare l'évêque d'Abuja qui s’est mis en contact avec le sultan de Sokoto, pour comprendre ce qu'ils doivent faire ensemble pour rétablir la paix.

" Mais au Nigeria, a déclaré Mgr John Onaiyekan, dans une interview à Radio Vatican le 30 novembre, les politiciens, à leurs propres fins, essaient d’instrumentaliser la religion pour soutenir leurs actions”. Il y a donné quelques précisions suite aux nombreux compte-rendu diffusés par la presse internationale sur la réalité religieuse présumée des combats tenus à Jos, entre vendredi et samedi, ayant provoqué de nombreuses victimes.

Selon le dernier bilan officiel diffusé par le commissaire de l’information de l’état du Plateau, Nuhu Zagara, “au moins 200” personnes sont mortes tandis que certaines sources avancent des estimations s’élevant jusqu’à 500 victimes. Mgr Onaiyekan a référé que l'archevêque de Jos, avec qui il s’est entretenu par téléphone, récuse les accusations et le ton employé par la presse internationale pour décrire les faits.

L’archevêque d’Abuja a continué son analyse: " Une cause possible peut être la dispute entre les partis suite aux élections locales. Les partis ne sont pas religieux car le Pdp (People’s democratic party) comme l’Anpp (All nigerian’s people party) ont parmi leurs membres des chrétiens et des musulmans."

" Parfois au niveau local il peut y avoir une confrontation non seulement entre deux partis mais aussi entre deux religions”, précise Mgr Onaiyeka, pour qui l’appartenance à une religion n'est qu'un des facteurs entre autres, lié à l’identité des groupes qui se sont heurtés pour des motifs politiques et pour le contrôle des ressources.

" Dans le cas de Jos – a dit l’archevêque – ce sont des groupes d’indigènes de la zone et des groupes hausa, qui sont en majorité musulmans et sont installés dans la zone depuis plus de 100 ans. Malheureusement ils ont toujours vécu séparément et l’identité des deux groupes est bien claire. Mais lorsqu’il y a en plus des problèmes politiques, on est face à un mélange de différences ethniques et sociales, auxquelles s’ajoute la différence religieuse, qui suit ces lignes”.

Mgr Onaiyekan a ajouté que dans ce scénario il est difficile d’identifier la cause véritable, soulignant: “d’après moi, la cause véritable est le contrôle du pouvoir et le sens d’appartenance à un groupe ou à l’autre ; ceux qui ont le pouvoir ont également le contrôle économique”.

A la question sur l’état général des rapports entre chrétiens et musulmans au Nigeria, il répond : “La relation est bonne et je peux le dire avec un grand sens de responsabilité. De temps en temps des périodes de violence explosent et moi je les décrit comme des périodes de folie, mais durant le reste de l’année les gens vivent ensemble, fréquentent les mêmes marchés, appartiennent aux mêmes partis politiques, font partie des mêmes forces armées et dans de nombreux cas se marient ”.

Il conclut en disant que : "Je crois que notre situation est souvent mal comprise. Chaque fois, lorsqu’il y a un problème, on dit tout de suite il s’agit de chrétiens ou de musulmans, au contraire il y a un autre motif derrière les faits qui surviennent". L’archevêque Onaiyekan s’est mis en contact avec le sultan de Sokoto, chef des musulmans au Nigeria, pour comprendre ce qu'ils doivent faire ensemble pour rétablir la paix. (source : Misna)

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