25.02 - Senégal : La famille devant
la conception musulmane.
La réforme du code de la famille,
en vigueur depuis 31 ans, rencontre de nombreuses réticences
de la part de certains dignitaires musulmans.
La nouvelle loi veut investir les deux parents des mêmes droits et devoirs,
et remplaçant le terme "autorité paternelle" par "autorité parentale".
"Contraire au Coran", estime les leaders islamiques. Le projet se trouve
actuellement dans le circuit administratif en attendant d'être soumis
dans les prochaines semaines au Parlement, par le Garde des sceaux et
ministre de la Justice, Basile Senghor.
Selon lui, l'Etat est parti du principe que l'enfant vit le plus souvent
avec sa mère, "la personne la mieux habilitée à se prononcer sur ses
propres intérêts, notamment son éducation et sa santé". Le projet de
réforme propose donc de remplacer l'autorité paternelle sur les enfants
mineurs par l'autorité parentale, réclamée de tout temps par les femmes
et les organisations de droits de l'homme.
Il prévoit aussi la suppression de la notion de "pouvoir" , attribué
au chef de famille et la remplace par la "qualité" de chef de famille.
En outre, le choix de la résidence familiale ne sera plus du seul ressort
de l'époux, mais du couple.
Penda Diouf Seck, présidente d'une organisation féminine, a estimé que
le remplacement de la puissance paternelle par l'autorité parentale
n'est que "justice et équité". Certaines dispositions de l'actuel code
de la famille constituent "des discriminations flagrantes à l'endroit
des femmes", a-t-elle indiqué, précisant que le changement proposé contribuerait
à l'harmonie et à la solidarité familiales.
Les leaders religieux sont divisés entre prudence et rejet. Demba sall,
islamogue et président de l'Association islamique pour l'enseignement
du Coran (APEC) a exprimé son inquiétude face au projet. Il va renforcer
la position de la femme au sein de la cellule familiale, a-t-il déclaré
au quotidien sénégalais "Le Matin". Pour lui, un système de société
fondé sur une égalité d'autorité entre l'homme et la femme au sein de
la famille est anti- islamique.
Un autre islamologue modéré, Moustapha Guèye, a reconnu les mérites
du projet qui permettrait une certaine forme d'émancipation de la femme
sénégalaise. Toutefois, a-t-il souligné, il serait contraire aux principe
de l'islam. " Le Coran prescrit que l'homme est le chef de famille
et a la responsabilité de s'occuper des membres de cette famille. Toute
remise en cause de cette prescription divine est contraire à cette religion
dominante du pays."
L'Eglise catholique, quant à elle, est d'accord pour que la responsabilité
familiale soit partagée entre l'homme et la femme, a déclaré le P. Adolphe
Faye, curé de la cathédrale de Dakar. Dans une déclaration au même journal
"Le Matin", il a précisé que, pour l'Eglise, cette co-responsabilité
n'enlève en rien à l'homme, lorsqu'il est en possession de toutes ses
capacités, de demeurer le chef de famille. Ce que l'Eglise ne souhaite
pas, c'est que la co-gestion du foyer se passe en terme de rivalité
ou de rapport de force. "L'homme, a-t-il poursuivi, peut apporter à
la maison autant que la femme (…) du point de vue du droit canonique,
rien ne s'oppose à cela ".
Pour plus d'informations : Agence Misna
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