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07.03 - Cardinal Lustiger : "Je connais le nazisme".

Le site de la conférence des évêques de France propose aujourd´hui un dossier rassemblant différentes réactions au film et à l´affiche de "Amen".

Parmi elles, l´intervention du cardinal Jean-Marie Lustiger, dont on sait que la mère est morte en déportation et que lui-même a dû se cacher à l'époque nazie. Voici quelques-unes de ses réponses sur Europe 1, lors du "Journal d´André Dumas" du 14 février 2002,.

André Dumas : Oliviero Toscani adore décidément la provocation. Il l´avait déjà démontré à maintes reprises dans ses affiches publicitaires pour Benetton. Cela concerne cette fois l´affiche du film " Amen " de Costa Gavras qui va sortir le 27 février. Mgr Lustiger, Vous avez vu cette affiche ? Qu´est-ce que vous en pensez ?
-Le cardinal Jean Marie Lustiger : Elle m´inquiète terriblement. Non pas seulement comme chrétien, comme catholique, mais comme citoyen pour l´ordre public.... C´est la croix chrétienne confondue, identifiée à la croix nazie. Et on ne voit que deux petits portraits d´un officier allemand découvert, sans coiffure, et d´un ecclésiastique. Les deux photos ne comptent pas. En réalité ce qui va compter c´est le graphisme et les couleurs. -

André Dumas : Et vous trouvez cela terriblement choquant.
- Le cardinal Jean Marie Lustiger : Je ne trouve pas cela choquant. C´est un fauteur de haines, ce graphisme. Vous comprenez bien que ce n´est pas en tant qu´Eglise seulement que je proteste parce que je me sentirais offensé, je suis blessé dans ma foi parce que je connais le nazisme mieux que M. Toscani. (…) On risque de voir demain sur les cimetières, sur les Eglises, le graphisme très intelligent de M. Toscani, comme un graphisme de haine, de la même façon qu´on trouve des croix gammées sur certaines tombes ou sur les synagogues.
(…) A mon avis, c´est utiliser la violence, la haine, comme un signe provocateur pour faire vendre un film. (…) Répandre ce signe aussi visible, aussi facile à imiter, entrant dans la civilisation des symboles qui est la nôtre, à une jeunesse qui ne connaît rien du nazisme, qui ne connaît pas grand-chose de l´Eglise, qui ne connaissait rien de la déportation, qui reprend les signes nazis pour exprimer je ne sais quelle protestation, qui va démolir les cimetières, je trouve que c´est irresponsable. Tout cela, c´est pour gagner de l´argent."

Pour plus d'informations : Conférence des évêques de France

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