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11.05 - Bangladesh : Une minorité hélas divisée !.

"Nous sommes une minorité minuscule," disent les chrétiens du Bangladesh, "minuscule mais aussi trop divisée."

Le fait est que dans ce pays de plus de 130 millions d'habitants, il n'y a que 400.000 chrétiens, soit 0,3% de la population. 88% sont musulmans, 10% sont hindous, tandis que les bouddhistes, les chrétiens et les adeptes d'autres religions constituent les 2% restants.

Avec 200.000 à 250.000 fidèles, l'Eglise catholique romaine est la plus importante; les Eglises protestantes comptent 150.000 membres au total, mais ils sont répartis en 51 dénominations, selon le Conseil national des Eglises du Bangladesh (NCCB). Avant la guerre d'indépendance de 1971, le Bangladesh comptait 13 dénominations protestantes.

Comme l'explique Sudhir Adhikari, président du NCCB, les campagnes d'évangélisation d'Eglises et de sociétés missionnaires venues notamment des Etats-Unis, d'Allemagne, d'Australie, de Malaisie, de Singapour et de Corée ont entraîné une prolifération des Eglises, qui s'explique aussi par la pauvreté et les problèmes rencontrés par une minorité chrétienne qui doit lutter pour sa survie. Toutefois, le nombre des chrétiens, lui, n'a pas augmenté.

Les chiffres du recensement montrent que depuis 1974, leur pourcentage est resté stable. "Bien que le nombre des Eglises ait augmenté de plus de 300%", souligne M. Adhikari, "la population chrétienne est demeurée au même niveau. Ces nouvelles Eglises sont constituées par des membres d'anciennes communautés, comme l'Eglise baptiste Sangha du Bangladesh et l'Eglise du Bangladesh." Ce morcellement oblige les Eglises du pays et celles de l'extérieur à poser quelques questions critiques.

Les membres des Eglises estiment que la mauvaise situation économique du Bangladesh, et la pauvreté des chrétiens en particulier, sont à l'origine de cette multiplication des dénominations. L'aide des missions étrangères est nécessaire à la survie des fidèles et constitue la cause principale de la prolifération d'Eglises parfois concurrentes.

"Créer une Eglise, dit encore M. Adhikari, représente la meilleure manière de gagner de l'argent. Les gens ne changent pas de religion parce qu'ils sont convaincus du bien-fondé de la doctrine de la Trinité, du salut ou de la rédemption, mais avant tout pour assurer leur survie physique, sans laquelle il ne peut y avoir de valeurs spirituelles ni de dignité sociale."

Face à la lutte désespérée des gens pour assurer leur subsistance, la multiplication des Eglises n'est pas forcément considérée comme un mal par leurs responsables. Mais à l'inverse, Prince Sanjay Saha, membre du Mouvement chrétien des étudiants, déclare : "De nombreux responsables d'Eglises n'aiment pas que les jeunes fidèles fassent partie d'un groupe oecuménique, de peur qu'ils n'adhèrent à une autre Eglise ou n'en fondent une nouvelle."

En mars 2001, le pasteur Konrad Raiser, secrétaire général du COE, s'est rendu au Bangladesh et a invité les Eglises à surmonter la méfiance et les rivalités et à multiplier les occasions de collaborer. Les membres du Comité exécutif du NCCB estiment cependant qu'il faut tout d'abord que les fidèles comprennent ce que signifie "la collaboration oecuménique".

"Au Bangladesh, ce ne sont pas les problèmes dogmatiques ou théologiques qui font obstacle à la coopération et à la communauté oecuméniques", déclare M. Chunakara, chargé du programmme Asie au COE. "Ce sont les querelles et les conflits de personnes entre certains responsables d'Eglises qui empêchent la jeune génération de jouir des bienfaits d'un climat oecuménique. La majorité des responsables et des chrétiens plus jeunes sont favorables au renforcement du mouvement oecuménique.

Pour plus d'informations : Conseil oecuménique des Eglises

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